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Rédaction

24 April 2015

© Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent // Flammarion, Paris 2015

Le 29 janvier 1971, Yves Saint Laurent présente sa collection dite de Libération ou Quarante, inspirée des années de guerre. Ce jour-là, quatre-vingts silhouettes portées avec nonchalance par six mannequins sèment l’agitation rue Spontini, à Paris. La maison de couture crée par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé à cette adresse fut le siège de nombreux défilés.

Une silhouette de la collection du scandale de 1971 © Fondation Pierre Bergé -Yves Saint Laurent // Flammarion, Paris 2015

Ce mois-là, les occupants des quelques 180 places réservées à un public de clientes, d’acheteurs et de journalistes du monde entier ont vacillé. Entre robes courtes, épaules carrées, semelles compensées, tailleurs pantalons, manches bouffantes, imprimés et robes-chemisiers, les références au Paris de l’occupation jetèrent le trouble. Les chroniqueurs ont même baptisé la collection comme la plus laide de Paris et ont vivement condamné l’écart de style du couturier.

Paradoxalement, la collection fut tout de même reconsidérée ensuite comme la collection la plus moderne d’Yves Saint Laurent. Peut-être parce que le style a rapidement été adopté dans la rue. Le créateur devint aussi avec cette collection, l’inventeur du rétro.  En effet, selon Yves Saint Laurent, tout a déjà été fait et refait dans la mode et la haute couture ne secrète que des nostalgies et des interdits. Son intention était de faire découvrir un style inconnu aux jeunes filles d’alors et de leur donner envie de le porter…

Planche de collection "habillé" © Fondation Pierre Bergé -Yves Saint Laurent // Flammarion, Paris 2015

Yves Saint Laurent a confié que son objectif  était bel et bien de choquer les gens et les forcer à réfléchir. La collection de 1971 fit entrer avec fracas la mode dans son histoire contemporaine. Elle provoqua l’effondrement des cloisons qui séparaient haute couture et prêt-à-porter. Elle consiste aussi en une rupture dans la trajectoire d’Yves Saint Laurent et le signe que le couturier se voulait désormais arbitre des ambiguïtés. Elle révéla également une forme brute de sa maturité à venir. En fait, le style de cette « collection du scandale » démontre avec talent que la mode est un éternel recommencement : l’historicisme s’y invite différemment, un exercice réinventé par Yves Saint Laurent.

L’exposition est accompagnée d’un catalogue et tous deux reconstituent les étapes de cette collection, moment charnière de l’histoire de la mode du XXe siècle. On y retrouve les dessins des collections, les échantillons de tissus et les photographies du fameux défilé. Les trois temps de la passionnante enquête sont éclairés par des textes: l’influence des années 1940 est expliquée par Dominique Veillon, spécialiste de cette époque, le déroulement des événements est décrit par Olivier Saillard, directeur du Palais Galliera, musée de la Mode de la ville de Paris, avec les témoignages des personnes qui les ont vécus. Une troisième partie aborde les retentissements dans la presse française et étrangère.

La couverture de l'ouvrage édité chez Flammarion et l'affiche de l'exposition © Fondation Pierre Bergé -Yves Saint Laurent // Flammarion, Paris 2015

En préambule, Pierre Bergé, évoque l’inspiration du créateur qui va le pousser à lancer sa « collection du scandale », cette rencontre avec Paloma Picasso, habillée de vêtements achetés au Puces. Un turban et des chaussures à semelles compensées qui évoquaient les tenues revêtues par les femmes pendant la guerre. Pierre Bergé insiste également sur le fait qu’Yves Saint Laurent s’adressait non pas aux femmes de son temps mais bien à celles du futur. Il a, selon lui, réalisé en 1971 une création prémonitoire. Il a accompli un geste qui a permis à la mode de descendre dans la rue. Et d’y demeurer. C’est assez pour lui rendre hommage aujourd’hui.

  

YVES SAINT LAURENT 1971
Jusqu’au 19 juillet
3 rue Léonce Reynaud, Paris.
www.fondation-pb-ysl.net

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