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Christophe Vachaudez

17 November 2019

© DR

Il naît en 1908 et, très jeune, il est envoyé dans une école primaire, en Grande-Bretagne. Il poursuivra ses études à Oxford, éloigné des siens, mais sous la houlette éclairée du belge Marcel Hardy. Ce tuteur qui aime voyager et découvrir fait montre d'un esprit très ouvert, influençant son protégé. Quand son père Tukoji est contraint d'abdiquer, suite à un scandale amoureux, Yeshwant lui succède. Nous sommes en 1926 et le jeune homme vient de fêter ses 18 ans. D'emblée, il décide de conserver son mentor à ses côtés. Marcel Hardy lui présente son gendre, un architecte allemand prénommé Eckhart Muthesius. Adepte du Bauhaus, ce dernier travaille à Berlin, témoin de l'efflorescence moderniste. Le maharadjah, invité à visiter la ville, est fasciné par ce courant et, très vite, il souhaite une demeure moderne qui fera oublier le palais récemment achevé par son père, dans un douteux style néo-baroque, ployant sous les lambris aux moulures dorées.

Une chambre du palais art déco Manikh Bag de Yeshwant Rao Holkar
© DR 

Ainsi, naîtra Manikh Bag, le 'Jardin des rubis', une résidence aux lignes résolument épurées. La décoration sera à l'unisson ! Les moyens sont illimités et alors que le reste du monde doit faire face au krach boursier de 1929, le maharadjah d'Indore se fait construire un palais incroyablement moderne. On y installera même l'air conditionné. Á Paris où on le surnomme Bala, il évolue parmi les plus grands artistes du temps, commandant des meubles chez Ruhlmann, posant pour le portraitiste Bertrand Boutet de Monvel, fréquentant la maison Chaumet pour faire monter en collier deux diamants poires d'exception. Après les avoir portés, il les offre à son épouse, Sanio­gyta Bai qui adhère à ses aspirations. Élevée elle aussi en Europe, elle s'habille notamment chez Elsa Schiaparelli.

Yeshwant Rao Holkar, maharadjah d'Indore et son épouse
© DR

Quand il ne pêche pas le saumon en Norvège, il joue au cricket, au tennis ou part à la chasse. Yeshwant surveille aussi le chantier et la décoration de son nouveau cocon dont l'unité décorative séduit les invités. Mais tous les rêves ont une fin et quand il meurt, bien des années plus tard, le palais est peu à peu abandonné. Son contenu sera dispersé lors d'une vente d'anthologie, en 1981, au sporting d'hiver de Monte-Carlo. Certains objets réapparaissent au gré des ventes comme le célèbre portrait de Boutet de Monvel, quintessence du dandysme, qui s'envolera la dernière fois à près de 2.500.000 d'euros ! Le musée des arts décoratifs a recherché avec patience ces témoignages d'un passé disparu et le résultat est bluffant, véritable plongeon dans cette époque bénie de l'Art déco.

Infos :
www.madparis.fr/fmoderne-maharajah

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