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Christophe Vachaudez

05 July 2018

© DR

La troisième fille du prince Pedro-Henrique et de la princesse Marie de Bavière réalise aujourd'hui des compositions de fleurs géantes aux tons éclatants, issues aussi bien du Brésil que de l'Europe. Elle avoue une prédilection marquée pour la tulipe qui est déclinée en myriade ou en entité individuelle, un parti qui convient à merveille aux intérieurs contemporains. Mais la Princesse décore également avec infiniment de délicatesse des services en porcelaine qui, sous son pinceau, s'ornent d'oiseaux, de corolles, de feuillages ou de motifs réguliers, adoptant en cela une technique apprise dans son pays natal. Découvrons cette artiste attachante qui vit à Bruxelles aux côtés de son époux et de ses deux enfants.

Eventail.be - Vous êtes née au Brésil mais vous vous êtes installée en Europe. Quel a été votre parcours ?

Princesse Rézi d'Orléans-Bragance - Comme la plupart de mes frères et soeurs, je suis née au Brésil. J'ai grandi à la campagne et ensuite je suis allée à l'Université, à Rio. Curieusement, j'ai étudié le dessin industriel mais, très vite, j'ai réalisé que ce n'était pas du tout ce qui m'intéressait. Je préférais ce qui touche à la couleur et à l'art en général. Soudain, j'ai eu envie de voyager et de découvrir l'Europe, ses villes, ses musées et les endroits où mes parents avaient vécu. Le mariage de mon frère Antonio avec la princesse Christine de Ligne m'a donné un bon prétexte.

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J'ai donc débarqué en Europe. Je devais y passer quelques mois et finalement, j'y suis toujours ! Bien entendu, j'avais déjà traversé l'Atlantique car nous avions des contacts avec nos cousins Bavière mais j'avais vraiment envie de mieux les connaître et de rester plus longtemps, seule, cette fois. Très vite, j'ai adoré mon indépendance, cette liberté nouvelle pour moi, et j'ai commencé à peindre, m'intéressant au trompe-l'oeil après avoir visité tant de châteaux et de palais. C'est alors que j'ai découvert la fameuse école de peintures décoratives Van der Kellen, à Bruxelles, et je m'y suis inscrite.

- Vous avez donc commencé à peindre très tôt ?

- Oui, tout-à-fait. Le premier cadeau que nous recevions de nos parents étaient des crayons et des pots de peinture. Ma mère peignait tous les jours. Elle adorait ça. Elle disait : 'On ne peut rester les mains inoccupées'. Elle-même avait toujours une activité et elle ne manquait pas de nous en trouver une quand nous étions un peu oisifs. Nous avons grandi dans un milieu très artistique et naturel sans pour autant ignorer nos devoirs. Mon père, lui aussi, peignait avec passion et je l'ai souvent suivi à travers le Brésil pour ses expositions d'aquarelles. Quant à ma grand-mère maternelle, Isabelle de Croÿ, elle venait passer six mois chaque année avec nous.

 
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Elle aussi avait l'âme d'une artiste. Elle sculptait le bronze, réalisait des aquarelles. Ma mère travaillait plutôt le pastel et peignait sur porcelaine. Ma soeur jumelle et moi avons commencé très jeunes par goût d'indépendance. Nous voulions gagner un peu d'argent de poche et, encouragées par notre mère, nous avons commencé à peindre des tee-shirts et des tissus en général. Quand j'ai décidé de ne plus quitter l'Europe, j'ai fait de même mais en plus de travailler le tissu, je créais des peintures murales principalement pour des chambres d'enfants, en Allemagne mais aussi en France et en Belgique. Cela demeure un très bon souvenir.

- Vous avez, ce me semble, toujours été sensible à la nature ? Est-ce l'influence du Brésil ?

- Plus jeunes, nous étions en contact permanent avec la nature mais ce côté 'nature' précisément provient davantage des Bavière. Quand ma mère se promenait, elle prenait systématiquement des notes dans un carnet, détaillant les arbres et les plantes exotiques. Elle possédait une fabuleuse collection d'orchidées. Quand j'étais en Allemagne où j'ai habité deux ans chez ma grand-mère, je me promenais souvent dans les bois avec une de mes tantes qui, comme ma mère, détaillait les espèces d'arbres, les feuilles aussi. Ce fut naturel pour moi d'ensuite peindre la nature qui m'environnait. Après l'Allemagne, j'ai passé trois ans en Belgique puis j'ai habité à Paris durant sept années, ce qui m'a permis de découvrir la ville et de perfectionner la peinture décorative. Ensuite, j'ai rencontré mon époux, lors d'une chasse, chez des amis, en France.

 
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Après mon mariage, nous nous sommes installés à Londres et j'ai continué à visiter galeries d'art, musées et petites échoppes spécialisées en peinture. Á notre arrivée en Belgique, notre fils Johannes Pedro avait deux ans et j'attendais notre fille Maria-Pia. Cela paraissait donc compliqué d'envisager de travailler à l'extérieur. Une amie m'a parlé d'un atelier de peinture sur porcelaine. Là, j'ai bien sûr pensé à ma mère qui espérait qu'un de ses enfants suive ses pas. Jeunes fille, je préférais pratiquer l'aquarelle, comme mon père. Et puis voilà, les choses ont changé et je me suis dit 'pourquoi pas !'. Ma mère m'avait assuré combien il était important de rester auprès des enfants à la maison et avec la peinture sur porcelaine, cela fonctionne très bien. Souvent, quand je suis dans mon atelier, ma fille s'installe près de moi pour faire ses devoirs. Mes enfants sont mes plus grands fans.

- Quels sont vos thèmes de prédilection pour la peinture sur porcelaine ?

- Je représente surtout des fleurs et des oiseaux, en utilisant une technique spéciale pour la porcelaine. J'aime aussi créer de nouveaux sujets et j'ai mon propre four qui me permet de cuire mes porcelaines. Une de mes nouvelles techniques, apprise au Brésil, consiste à fixer une pièce sur un tour et, grâce à des mouvements assez réguliers, et à un travail de la matière picturale, on arrive à créer différents motifs. Ce n'est pas facile mais le résultat est saisissant. La peinture sur porcelaine est un travail très minutieux et fatigant, surtout pour les yeux. Alors, j'alterne avec des peintures sur grandes toiles.

 
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J'ai débuté avec des tulipes, une fleur que j'aime énormément et qui m'inspire beaucoup, mais je peins aussi des compositions florales, parfois très colorées... mon sang Brésilien reprend alors le dessus ! Quand je peins sur porcelaine, les mouvements sont minutieux, contenus. Par contre, quand il s'agit de grandes toiles, je peux avoir des gestes plus amples, une façon de me défouler et de décompresser.

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