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Christophe Vachaudez

11 January 2019

© Angelo Castillo Perona

La princesse qui a épousé le prince Gundakar de Liechtenstein vit en Autriche et a cinq enfants.

L'Eventail - Quand avez-vous éprouvé l'envie de peindre ?

Princesse Marie d'Orléans - C'est avant la mort de mon grand-père quand il a vendu aux enchères des tableaux peints par mes ancêtres. J'aurai voulu en racheter quelques-uns mais c'était impossible. J'ai alors pensé à en peindre moi-même et j'ai décidé d'étudier le dessin. En Autriche, nous disposons d'universités populaires où l'on dispense des cours du soir et j'ai trouvé un professeur dans notre village qui m'a beaucoup soutenu dans mon apprentissage. J'ai pratiqué le dessin durant trois ans et puis, il m'a encouragé à reproduire deux posters de peintures de Rubens.

© Angelo Castillo Perona 

Je me suis lancée de cette façon. Un stage en montagne a suivi. Nous devions peindre les paysages d'après la réalité. Ensuite, j'ai été confrontée au nu, ce qui m'a beaucoup apporté. Le modèle bougeait et au fur et à mesure, nous devions rendre ses mouvements et ses attitudes. J'ai reçu un très bon conseil de ma tante Hélène qui peint elle aussi : avoir toujours un carnet de croquis sous la main afin de pouvoir capter un geste ou un détail sur le vif. Depuis, j'ai toujours mon bloc, dans les aéroports, dans les cafés...

- Vous peignez des paysages, des instantanés et des portraits, quelle discipline préférez-vous ?

- J'aime le portrait et la technique de la sanguine mais je peins aussi des paysages, souvent au couteau, ou des souvenirs de voyage grâce à des croquis. Quand nous partons plus longtemps, j'emporte des pastels. Parfois, je peins aussi des portraits, comme celui de mon père, tout dépend de ce que je ressens. Il y a peu, j'ai découvert un artiste qui photographie les décharges et leur environnement au Brésil. J'ai été touchée par ces vues très prenantes et en particulier par un paysage aquatique avec des hérons que j'ai voulu peindre. J'ai alors découvert les reflets et les jeux de l'eau. Par la suite, j'ai réalisé un pendant mais avec des grèbes.

© DR 

- Vous avez organisé une exposition à Paris dont les bénéfices sont reversés aux blessés du 7e bataillon des Chasseurs alpins dont vous êtes la marraine. Pouvez-vous nous expliquer ?

- Je suis devenue la marraine de ce bataillon voici 5 ans, succédant à ma tante Hélène qui en reste très proche mais souhaitait se retirer quelque peu. Pour respecter la tradition, il fallait une princesse de France et j'ai donc accepté. Quand on vous sollicite comme marraine, c'est un engagement et donc, l'idée m'est venue d'organiser cette exposition pour eux car ils sont très impliqués dans des d'opérations hors de France, surtout en Afrique. Quand j'apprends qu'il y a un blessé ou un soldat mort, cela me touche terriblement même si je ne les connais pas tous personnellement. Ils forment ma deuxième famille.

© DR

J'ai assisté à la 'Journée des blessés' des troupes de montagne en juin et cela m'a fait comprendre combien il était important de soutenir ces femmes et ces hommes courageux. Pouvoir récolter un peu d'argent pour les aider m'importait beaucoup. Si cela n'avait pu se concrétiser, j'aurai sans doute pensé à l'Arche de Jean Vanier qui prend soin de ma soeur Blanche et s'est longtemps occupée de mon frère François.

- Vous avez toujours eu en vous cette volonté d'aider les autres. Pouvez-nous parler du Brésil ?

- Après mes études, je suis partie à Rio puis à Salvador de Bahia. J'ai d'ailleurs conservé des liens avec le prêtre que j'ai aidé pendant six mois dans un bidonville. Plus tard, j'ai travaillé pendant six ans au bureau international catholique de l'enfance d'abord à Genève puis à New York et enfin à Paris. Je m'occupais de projets concernant les enfants de la rue. Lors d'une conférence à Rio, j'ai rencontré mon époux. Puis, pendant deux ans, j'ai été responsable de la commission des services spécialisés au sein du BICE, concernée surtout à la formation d'éducateurs et la pastorale pour handicapés. Depuis mon mariage en 1989, je prends soin de ma famille et travaille depuis dix ans auprès de mon époux et le seconde dans ses actions au sein de diverses associations.

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- Comme s'est passée votre enfance en tant qu'aînée de la fratrie ?

- Ce n'était pas toujours facile quand j'étais plus petite car je ne comprenais pas très bien la situation mais je suis allée en pension assez jeune et cela s'est avéré salutaire. François et Blanche demandaient l'attention constante de maman. Je les vois souvent quand je viens en France. Blanche est venue à l'exposition et a voulu être photographiée à côté du portrait de notre père. Je me souviens aussi que quand j'était très jeune, j'ai passé 6 mois en Allemagne dont trois dans un sanatorium pour soigner de graves problèmes de bronche et ma grand-mère maternelle s'est occupée de moi tout ce temps. De grand-maman, la comtesse de Paris, j'ai un souvenir très spécial à Louveciennes. Elle avait un boudoir en rotonde aux murs recouverts de soie bleu ciel et quand j'étais petite-fille, je m'asseyais dans l'une des bergères et je l'admirais en négligé brossant ses magnifiques cheveux qui tombaient jusqu'à la taille.

 
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Elle m'a offert son nécessaire de coiffeuse avec les armes Orléans-Bragance et aujourd'hui encore quand je respire l'odeur de la poudre, c'est comme dans Proust, cela me rappelle des moments privilégiés. Mon grand-père, le comte de Paris, signait mes bulletins scolaires quand mes parents étaient absents. J'étais assise de façon peu confortable sur une haute chaise et je balançais les jambes pendant qu'il scrutait mes notes. Il pouvait aussi être très amusant et jouait avec nous à pigeon-vole dans le grand escalier de Louveciennes avec mes cousins.

- Vous êtes mère de cinq enfants. Quelles orientations ont-ils choisies ?

- L'aînée, Léopoldine, a fait l'école Van Der Kelen à Bruxelles, puis a suivi une formation de Design de communication à la Parsons School of Art de Paris. Elle est la plus artistique d'entre-nous et a déjà illustré deux livres pour enfants. La seconde, Maria-Immaculata, étudie à Moscou, à l'Institut des relations internationales. Mon époux et moi-même apprenons le Russe car nous allons lui rendre visite. Elle parle cinq langues et s'intéresse aux droits des minorités.

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Notre fils, Johann-Wenzel, a choisi l'économie politique à l'Université de Montréal. Marguerite a commencé la psychologie et la sociologie à Derby et le cadet, Gabriel, poursuit son école secondaire en Grande-Bretagne. Nous parlons le français à la maison même si les enfants s'expriment parfois entre eux en Anglais. Ils parlent aussi le portugais car nous avons passé presque tous nos étés à Sintra. La grand-mère de mon époux est née Bragance et je suis très proche de dom Duarte et de Dona Isabel. Je suis la marraine de leur fille.

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