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Christophe Vachaudez

25 October 2020

© DR

Le bébé est d'ailleurs né au cœur de l'hôpital Reine Géraldine ! Il vient couronner les quatre ans de mariage d'un couple qui incarne l'espoir et la modernité d'une nation oubliée qui a tant souffert. Aujourd'hui, la princesses Elia s'attache à promouvoir l'Albanie, tant au niveau de la culture que du tourisme, et aux côtés de son époux, elle voyage volontiers à travers le pays, essayant de répondre aux besoins de la population, à travers, notamment, de la Fondation Reine Géraldine. Il y quelque temps, la princesse Elia avait évoqué pour L'Eventail, ce rôle, nouveau pour elle, mais qui lui tient particulièrement à coeur.

Portrait de la princesse Elia d'Albanie
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L'Eventail - Pouvez-vous nous expliquer en quoi votre mariage s'est révélé si important pour l'Albanie ?

Princesse Elia d'Albanie - Notre mariage en 2016 a été important à plus d'un titre. D'une part, bien entendu, j'épousais l'homme que j'aimais, mais d'autre part, c'était la première fois que l'on parlait du pays à un niveau international depuis le dernier mariage royal, quand le roi Zog s'était uni à la Comtesse Géraldine Apponiy en 1938. Dans notre cas, il y avait des journalistes du monde entier, venus même de Chine ou de Japon. Voilà qui s'avérait inédit pour notre pays qui, après l'invasion fasciste, a été isolé par cinquante ans de communisme. De dimension modeste, donc facile à contrôler, l'Albanie a véritablement été coupée du reste du globe. Personne n'y rentrait, personne n'en sortait. Le mariage de 1938 est resté gravé dans la mémoire du peuple comme le dernier moment joyeux avant une longue période sombre. De nombreux Albanais ont connu la prison ou ont été poursuivi par les communistes à cause de leur attachement aux souverains. Trouver une photo du couple royal entrainait jusqu'à 15 ans de prison. Nous avons souhaité associer ces familles à notre mariage pour les remercier de leur fidélité. Les officiels ont bien entendu été conviés eux aussi et nous avons eu la chance de compter de nombreux invités issus du gotha. La famille de mon époux a vécu en exil en Grèce, en Turquie, en Grande-Bretagne, en France, en Egypte, en Espagne et en Afrique du Sud, en maintenant des contacts avec les autres familles royales. L'occasion était unique de leur faire découvrir le pays dont la reine Géraldine leur avait tant parlé. Accueillir la Shabanou ou la reine Sophie d'Espagne fut inespéré ! Nous souhaitions offrir une vitrine de ce que l'Albanie proposait, non pas seulement au niveau culinaire, mais aussi au niveau des danses et des costumes traditionnels par exemple. L'engouement fut à la mesure du challenge qui nous attendait !

Mariage du prince Leka et de la princesse Elia d'Albanie
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- Quelle fut la réaction du pouvoir en place ?

- Nous avons eu la pleine collaboration du premier ministre qui nous a permis d'utiliser le palais royal car il a compris l'impact positif que pouvait avoir ce mariage en terme d'image à l'étranger. Nous avons invité des représentants de tous les partis politiques comme des religieux de toutes les confessions qui ont béni notre union. Il y a quelque temps, le Prince avait travaillé auprès du président de la république et dans deux autres ministères afin d'acquérir de l'expérience et, ensuite, il a décidé de se détacher de l'appareil politique pour réfléchir à ce que nous pouvions offrir au peuple albanais. Toutefois, on ne peut ignorer les structures d'état car la dynamique politique est très présente en Albanie. Il faut juste trouver un équilibre. Dans notre pays, le président est désigné par le Parlement et est donc issu de facto d'un parti. Il n'a donc pas d'effet unifiant, ce qui pourrait être le rôle du prince Leka.

- En pratique, comment se manifeste votre action auprès des Albanais ?

- Depuis 2003, la famille royale a obtenu un statut qui lui permet de jouer un rôle en Albanie. Nous nous investissons donc dans le social, le culturel et la promotion du pays. Nous travaillons aussi avec la Fondation Reine Géraldine qui aide crèches, écoles et hôpitaux sur tout le territoire. L'image de la Reine est restée très forte. Elle a été épargnée par le régime communiste, au contraire du Roi. Elle n'a régné à ses côtés qu'une année mais elle a fondé la première maternité à Tirana, a appris parfaitement la langue et a gagné pour toujours le coeur des Albanais. En exil, elle est restée à leur écoute, rencontrant la diaspora. Pour l'instant, la Fondation agit beaucoup dans le Nord, près de Mati, la région d'origine du roi Zog qui, pour cette raison, a été délaissée par les communistes. Nous mettons notamment sur pied des projets pour aider les enfants mais aussi les femmes qui se consacrent à l'artisanat en produisant tapis et tissus afin d'arriver à devenir indépendantes financièrement. Je pense aussi au Centre pour enfants handicapés de Shkodra qui revit grâce à des investissements conjoints avec l'ordre de Malte.

Dans un paysage albanais, le prince Leka et la princesse Elia
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- Quels sont vos projets, à titre personnel ?

- Les fiançailles et puis le mariage m'ont ouvert beaucoup d'horizons. J'ai vraiment appris à découvrir l'Albanie. Lors de nos visites, nous recevons toujours un accueil très touchant. J'essaie de faire au mieux mais je n'ai pas vraiment été préparée à ce rôle. Très jeune, je chantais. J'ai d'ailleurs donné des concerts caritatifs pour aider les victimes de la guerre au Kosovo. Puis, j'ai étudié la comédie au Conservatoire national de Bordeaux puis au Cours Florent, à Paris. En fait, j'ai grandi dans les coulisses des théâtres car ma mère est une actrice très connue en Albanie et le théâtre m'a choisie. J'aimerais continuer à jouer, à mettre en scène ou à écrire, ce qui n'est pas incompatible avec mon engagement. Je ne sais pas ce que l'avenir peut nous réserver car si l'Albanie redevenait une monarchie, je m'adapterai sans doute. En 1997, les autorités ont organisé un referendum pour éviter une guerre civile. Les résultats ont été proclamés : la monarchie l'emportait à près de 70 % puis le gouvernement a fait marche arrière et a annoncé 47% ! Mon époux et moi restons accessibles et, pour l'heure, nous sommes à la disposition des Albanais qui le souhaitent et nous les recevons volontiers à Tirana pour tenter de remédier aux difficultés qu'ils rencontrent. Une de mes grandes satisfactions est de pouvoir croiser les touristes qui commencent à venir découvrir notre pays, un vrai bonheur pour moi.

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