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Rédaction

07 June 2017

© Droits réservés

L'Eventail - Madame, vous avez maintenant quitté Bruxelles. Vous êtes-Vous installée à Rome ?

Margaretha de Luxembourg - En fait, notre lieu de résidence se trouve à présent au Liechtenstein, le prince Nikolaus étant ambassadeur non-résident à Rome, poste qu'il avait déjà occupé auparavant, depuis Bruxelles.

- Quels souvenirs gardez-Vous de ces longues années passées en Belgique ?

- J'en garde des milliers. En premier lieu, bien entendu, la naissance de nos enfants tous nés à Bruxelles. Puis nos séjours au château de Laeken, avec le roi Baudouin et la reine Fabiola, qui nous apportèrent à tous deux ainsi qu'à toute notre famille un très grand enrichissement. Je pense aussi à tant de personnes rencontrées tout au long de notre vie professionnelle en Belgique, remarquables quant à leurs qualités intellectuelle, artistique ou tout simplement humaine, ainsi que toutes ces amitiés profondes qui ne passent pas avec le temps.

- Madame Votre Mère Vous parlait-Elle parfois de son enfance ?

- Notre mère nous parlait peu de son enfance, mais à une occasion, elle nous a confié combien elle s'était sentie responsable de ses frères et combien elle avait donné d'elle-même, s'investissant surtout en niveau de leur éducation scolaire, notamment, lors de leur captivité. Notre mère appréciait beaucoup la musique, intérêt certainement développé au contact de la reine Elisabeth. Il lui arrivait de mentionner ses vacances en Suède, auprès de ses grands-parents, et il ressortait avec évidence, qu'elles avaient été de vrais moments de bonheur.

 
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- Quels sont les traits de caractère qui définissaient au mieux Sa personnalité ?

- Perfection et exigence furent certainement deux traits bien particuliers de son caractère, innés d'un côté et forgés par les circonstances de la vie de l'autre. La grande-duchesse Joséphine-Charlotte se faisait souvent remarquer par les personnes qu'elle rencontrait par sa culture, son goût prononcé pour l'art, surtout moderne et contemporain, pour ses lectures éclectiques, principalement des livres d'histoire, mais aussi pour son goût de la décoration intérieure, son élégance et son désir constant de représenter au mieux le Luxembourg.

- Et qu'en est-il de la reine Fabiola, de qui Vous êtiez très proche ?

- La reine Fabiola était une personne que j'aimais, appréciais et admirais beaucoup. Elle avait une immense capacité de travail et s'intéressait à une palette extrêmement variée de sujets dans lesquels elle s'investissait en profondeur. La reine Fabiola était aussi dotée d'une mémoire remarquable. Elle se souviendra d'une personne rencontrée des dizaines d'années auparavant, comme de leur conversation d'ailleurs. C'est dire la profondeur de l'intérêt qu'elle porte à tous ce qui la touche de près ou de loin. Ma tante était également très attachante, de par son naturel, son originalité et son humour. J'admire son cheminement ou rien n'est un acquis mais où la recherche de la vérité est toujours essentielle.

- En 1982, Votre Altesse Royale a épousé le Son Altesse Sérénissime le prince Nicolas de Liechtenstein. Quelles sont les qualités qui Vous avaient séduites chez Votre époux ?

- Les qualités qui m'ont séduite à l'époque mais qui me séduisent encore aujourd'hui, sont essentiellement sa réflexion et sa sagesse. Il est rare que sa parole ne soit très bien pesée avant d'être exprimée et, de même, mon mari s'efforcera toujours de juger une personne ou une situation de la façon la plus positive possible. Autre chose qui me conquit toujours encore, est son charme et son humour, ses manières empreintes de douceur et de finesse et son regard qui construit, dans un très grand respect de l'autre.

  

 
 © Christophe Licoppe/Photo News

- De nos jours, Vous le secondez dans sa tâche. Quel est le rôle de l'épouse d'un ambassadeur ?

- Je voudrais dire comme les scouts 'être toujours prêts'. C'est surtout un rôle de représentation dans lequel il faut se donner de la peine pour bien recevoir, choisir de bons menus. C'est aussi être à l'écoute, lire et maîtriser l'actualité nationale et internationale, participer à des rencontres, des visites et des expositions, former une bonne équipe, pouvoir déléguer et compter sur le personnel.

- Connaissiez-Vous le Liechtenstein avant Votre mariage ?

- Ma famille et moi-même visitions régulièrement ma future belle-famille au Liechtenstein, mes parents ayant toujours été proches de mes futurs beaux-parents. Par la suite, j'ai pu découvrir plus amplement ce magnifique pays en me promenant le long du Rhin, tout en skiant sur les pistes enneigées. J'ai pu aussi apprécier tout au long de ces années, la gentillesse et la simplicité de contact des Liechtensteinois.

- Pourriez-Vous nous parler de vos enfants Maria-Annunciata, Marie-Astrid et Josef ?

- Anunciata a terminé ses études en histoire de l'art voici plusieurs années. Des stages à l'étranger lui permettent d'approfondir son sujet de prédilection. Astrid a terminé ses études en littérature et langues, également à Londres, et est allée ensuite en Argentine afin de pratiquer l'espagnol, tout en travaillant dans les deux domaines qui l'intéressent : l'humanitaire et l'événementiel. Josef, après une année passée comme officier au sein du régiment des Irish Guards, poursuit des études universitaires en relation internationale à Boston. Ils ont tous les trois beaucoup d'amis, sont sportifs et partagent nos goûts pour l'art, la musique et la découverte de nouveaux horizons.

 
 © Didier Lebrun/Photo News

- Retournez-Vous parfois au Grand-Duché visiter le grand-duc Jean ?

 - Nous essayons de nous relayer très régulièrement autour du grand-duc Jean. Il est en bonne forme, compte tenu de son âge. Sa mémoire remarquable nous permet de remonter dans le passé et c'est toujours une joie pour nos enfants et pour nous-mêmes de partager quelques jours en sa compagnie. Tout le monde est d'accord pour dire que c'est un homme d'une grande gentillesse et humilité de cœur, toujours souriant et disponible.

- Quels sont les souvenirs marquants de votre enfance au Luxembourg ?

- Un de mes premiers souvenirs est le ravisant jardin dessiné a l'anglaise que notre mère avait fait planter devant le château de Betzdorf où nous sommes nés. Je me souviens aussi des goûters pris au château de Fischbach, lorsque nous allions rendre visite a nos grands-parents, la grande-duchesse Charlotte et le prince Félix. J'étais toujours subjuguée par les histoires que nous racontait notre grand-mère qui avait un don particulier pour captiver l'attention de ses petits-enfants. Je repense aussi à l'atmosphère quelque peu austère du palais. Une certaine étiquette y était encore de mise et un sentiment de curiosité se mélangeait souvent au sentiment d'appartenir à un temps un peu révolu.

 
 © Droits réservés

- Manifestez-Vous un intérêt spécial pour certains thèmes ?

- En 1975, ma sœur la princesse Marie-Astrid et moi-même avons effectué un voyage de plusieurs semaines an Rwanda, dans le cadre de la croix rouge luxembourgeoise. J'avais plus ou moins 18 ans à l'époque et ce fut sans doute la première fois où, face à des situations parfois très dramatiques, je fus confrontée à de grandes souffrances portées avec beaucoup de dignité et de courage, forçant mon admiration. Cette expérience changea le regard que j'avais sur la vie et ouvrit mon cœur. Je conseille à chaque jeune qui en a la possibilité de donner quelques heures de son temps voire quelques semaines de sa vie à des causes humanitaires ou à des personnes dans le besoin. Il y a une multitude de besoins, même parmi les plus nantis, en se souvenant que 'c'est souvent on donnant, que l'on reçoit le plus'.

- La dyslexie est un domaine qui tient particulièrement à cœur à Votre Altesse Royale. Pourriez-Vous nous expliquer pourquoi ?

- J'ai toujours été intéressée par les problèmes liés à l'apprentissage scolaire et ce sûrement du fait que j'ai moi-même eu des difficultés scolaires dues a ma dyscalculie. Comme pour beaucoup d'enfants à l'époque, mais malheureusement encore aujourd'hui, la façon d'aborder les difficultés d'apprentissage par le corps enseignant n'était et n'est pas toujours appropriée, tout en mentionnant qu'il y a tout de même une prise de conscience actuelle très positive. Pour l'enfant, il est tellement essentiel de pouvoir se construire sur des bases solides et sécurisantes. Hors, aujourd'hui, peut-être plus qu'hier, l'enfant, le jeune, n'est pas toujours dans un environnement dont les structures lui permettent de s'épanouir ; et si à cela s'ajoute encore la difficulté ou l'échec scolaire, ce dernier se sentira toujours plus incompris et marginalisé. Cet isolement progressif peut l'amener à faire des erreurs et/ou avoir de mauvaises fréquentations qui peuvent aussi l'amener à connaître la prison. Il faut savoir à ce sujet que 20% de la population carcérale a eu des problèmes d'apprentissage scolaire, souvent lié à la dyslexie. D'ou l'urgence de réagir face à ce problème à un niveau européen et international en sensibilisant et en concertant les ministères de l'éducation et, via ceux-ci, les éducateurs afin que ces derniers puissent, en étant mieux informés, mieux se former eux-mêmes, pour discerner plus tôt les symptômes liés à la dyslexie et à la dyscalculie de façon à éviter l'échec scolaire et les souffrances que cela implique pour l'enfant et son entourage.

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