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Christophe Vachaudez

17 April 2018

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Mais revenons quelques années en arrière, le 10 avril 2004, quand le roi Abdullah II de Jordanie annonça à la surprise générale, le mariage de sa demi-soeur, la princesse Haya bint Al Hussein, avec le Sheikh Mohammed bin Rashid Al Maktoum. De 25 ans son aîné, le souverain a déjà trois épouses et seize enfants, un passif bien peu engageant pour une jeune femme de trente ans. Si l'amour des chevaux semble avoir soudé le couple, la Princesse a aussi compris que la position qu'elle allait occuper lui permettrait sans aucun doute d'optimaliser son action humanitaire. Inclination teintée d'ambition ou raison d'état ?

 
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L'amour prend souvent des chemins étranges... Quoiqu'il en soit, l'entente parait excellente et une fille prénommée Al Jalila naîtra le 2 décembre 2007 tandis qu'un fils, Zayed, suit en 2012, le 7 janvier plus exactement. La Princesse veille personnellement à leur éducation car elle a trop souffert de la disparition précoce de sa mère, la reine Alia, décédée en 1977, à 28 ans, dans un accident d'hélicoptère... Haya n'avait pas encore trois ans.

Ambassadeur pour la paix et athlète olympique

Pourtant, l'image de cette mère restera vivace et inspirera la Princesse dans ces démarches caritatives. Après une éducation en Grande-Bretagne, notamment à la Badminton School de Bristol, puis à la Bryanston School de Blansford, dans le Dorset et, enfin, au St Hilda's College, à Oxford University où elle obtient un diplôme universitaire avec mention en philosophie, politique et économie, elle reprend le flambeau et patronne le Haya Cultural Centre à Amman. Cet espace inauguré par ses parents, à sa naissance, est dédié à l'enfance, offrant aussi bien des ères de jeux que des centres de soins aux plus petits. Fidèle à cette orientation, elle a institué le prix Princesse Haya qui récompense un thérapeute ou un enseignant s'étant illustré dans le domaine de l'éducation.

 
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En 1992, elle a 18 ans quand elle décide de fonder un Centre culturel islamique chargé de perpétuer l'artisanat et l'héritage immatériel de son pays, menacé par l'avancée croissante des nouvelles technologies. En 2003, elle réitère et met sur pied la première banque alimentaire du monde arabe, baptisée Tkiyet um Ali, en hommage à sa mère. C'est dans ce cadre qu'elle est nommée en 2005 Ambassadeur extraordinaire par l'Organisation mondiale contre la faim dans le monde. Á partir de 2007, les Nations Unies l'élèvent au rang d'Ambassadeur pour la Paix. Elle conduira ainsi des missions en Haïti mais aussi au Kenya, pour sensibiliser l'opinion sur l'apauvrissement des ressources alimentaires dans la corne d'or de l'Afrique. De nos jours, elle a importé cet esprit d'entreprise dans sa nouvelle patrie et veille à la Cité humanitaire de Dubaï, une association apolitique et non religieuse, regroupant en un même lieu quarante organisations indépendantes et dix autres liées aux Nations Unies. Cette base sert de tête de pont à des actions urgentes ou à plus long terme dans les pays de la région confrontés à des catastrophes.

 
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Plus récemment, elle a fait construire la première école pour filles de Dubaï et a créé l'Académie artistique du livre islamique traditionnel, un institut destiné à promouvoir et à préserver la calligraphie, la reliure et l'art de la miniature. La Princesse qui soutient deux fondations, en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud, qui étudient les pathologies cardiaques, a mis récemment sur pied une unité mobile de soins dentaires pour les plus jeunes et va inaugurer, pour son anniversaire, le premier hôpital consacré exclusivement aux enfants qui portera d'ailleurs son nom.

Souveraine, cavalière et conductrice de poids lourds

La Sheikha a engagé Dubaï dans la lutte contre le Sida en s'associant à l'Amfar et s'investit dans le Comité directeur des paralympiques, aux côtés de la princesse Astrid de Belgique, de la princesse Viktoria de Suède et de la princesse Margriet des Pays-Bas. Cette dernière activité signifie beaucoup pour elle car la Princesse a participé en tant qu'athlète aux jeux d'Athènes et de Sidney et a intégré depuis 2007 le Comité international olympique.

 
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Les chevaux occupent une place toute particulière dans la vie de la fille du roi Hussein qui est une cavalière accomplie, spécialisée dans les parcours d'obstacles. Son éducation britannique a encore accentué cet intérêt et la Princesse possède d'ailleurs une écurie de chevaux de course, ce qui explique sa présence à Ascott et au derby d'Epsom où elle retrouve avec plaisir une autre passionnée, la reine Elizabeth II ! Celle-ci assiste systématiquement au Windsor Horse Show dont la princesse Haya assume la vice-présidence. Marraine de la RoR qui assure une fin de vie décente aux chevaux de course, Haya de Jordanie fut élue dès 2006 à la tête de la Fédération équestre internationale.

 
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Son caractère fort ne lui a pas fait que des amis et sa réelection fut chahutée. Toutefois, c'est une autre raison qui l'a poussée à abandonner ce poste auquel elle tenait beaucoup, à savoir les accusations de dopage à l'encontre de son époux, le Sheikh Al Maktoum et de l'un de ses fils. Cette souveraine des temps modernes qui est sans doute la seule à détenir un permis de conduire pour poids lourds, d'où son titre de Présidente de l'association mécanique nationale jordanienne, navigue avec un talent certain entre tradition et modernité, favorisant progrès et tradition, une recette idéale pour éviter les crises identitaires.

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