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Rédaction

24 December 2014

© REPORTER

Le mois de décembre a été pour le moins chargé en actualité royales : les bonnes nouvelles monégasques ont succédées à la tristesse et au deuil du coté de Laeken. Les deux évènements ont été l'occasion de mesurer l'intérêt, la passion, que les monarchies suscitent parmi la population.


Pour essayer de comprendre ce phénomène de société, Eventail.be est allé à la rencontre des deux spécialistes des questions royales sur Bel-RTL et RTL-TVi: Patrick Weber (que les lecteurs de l'Eventail connaissent déjà) et Thomas de Bergeyck, journaliste et présentateur de l'émission spécialisée Place Royale, pionnière de l'information monarchique (ce concept a d'ailleurs été inventé, il y a tout juste vingt ans, par la chaîne privée).

Eventail.be - À la veille du discours de Noël du Roi Philippe, alors que Place Royale fête ses vingt ans d'existence, les têtes couronnées ont la cote ?


Thomas de Bergeyck - Très clairement, on raconte beaucoup que le sentiment monarchique a disparu, je ne le constate pas, au contraire. Je peux même donner un exemple récent : la nuit où l'on a appris le décès de Fabiola, la page Facebook de Place Royale a vu plus de deux mille abonnés la rejoindre. C'est énorme.
Mais le succès d'une émission comme la nôtre, c'est un succès qui date déjà. On s'est rendu compte, à la mort de Baudouin, que le public était en demande d'informations royales (qui n'arrivaient qu'au compte goutte) et surtout d'information sur leurs souverains à eux. Baudouin était un personnage public dont on ne savait presque rien puisque le Palais ne communiquait presque rien non plus. A sa mort, on s'est rendu compte qu'il y avait un être humain, qui plus est le chef de l'Etat, qui venait de nous quitter, et qu'on ne le connaissait pas.
Place Royale est née dans la foulée de l'engouement populaire gigantesque qui a suivi la mort de Baudouin. La communication du Palais s'est ensuite ouverte avec Albert puis Philippe.


Patrick Weber - La disparition de Baudouin, c'est effectivement l'élément déclencheur d'une évolution générale de la communication royale, avec des émissions, des magazines, des revues, et même une littérature. En fait, le sujet monarchique est très vaste. On peut le traiter de façon très people, en jouant à fond sur l'émotion (comme dans une certaine presse hebdomadaire), on peut le traiter sous l'angle patrimonial et historique, au niveau des dynasties, du rôle de mécène de tel ou tel souverain. On peut le traiter sous l'angle politique aussi, parce que dans une monarchie constitutionnelle comme la nôtre le Roi a un rôle politique.
Donc, la monarchie, ça concerne tout le monde !

- Mais comment expliquer ce succès ?

Th. B. - Le Gotha, c'est une extrapolation de notre vie à chacun. Leur vie n'est pas la nôtre, mais, au fond, ils sont comme nous.
Ils reflètent peut être une face cachée en nous : ce besoin d'exister sur la place publique, de briller, de rayonner, de faire du bien autour de soi. Tout ce qu'ils font, on aimerait pouvoir le faire. Ils font rêver ! Vie rêvée et vie impossible aussi, parce que si on n'y est pas né, on n'y arrivera jamais, sauf par le mariage. C'est peut-être pour ça que ça fait rêver les femmes plus que les hommes, pour qui c'est plus compliqué.
Les femmes peuvent rêver de ces bijoux, de ces toilettes, du protocole, de la bonne tenue et du maintient. Et puis, les sagas royales sont émaillées d'histoire comme les nôtres, des évènements quotidiens: des naissances, des mariages, des divorces (ça arrive aussi), des décès. Tous ces évènements, ces aventures humaines, nous les vivons nous-même tout le long de notre vie. Il y a un fort processus d'identification possible.


P. W. - J'ai aussi une théorie, un peu différente. Les stars issues des shows télévisés passent aussi vite qu'elles apparaissent. C'est la même chose en littérature, et la politique va aussi beaucoup plus vite.
Les gens sont en manque de repères temporels. On est dans une société qui est en manque de symbole. D'ailleurs, on assiste à un retour massif vers la religion, les racines, la cuisine ... tout ce qui forge les traditions. On est dans un monde en quête d'identité, et ça peut inquiéter. Les gens ont besoin de réassurance, et les personnes royales sont intéressantes parce que, mine de rien, on les suit tout le long de leur vie, et elles nous racontent un récit, un feuilleton. Et Thomas a parfaitement raison de parler d'identification: même si on n'est pas des personnes royale, leurs feuilletons ressemblent à nos vies avec ses joies, ses peines, des naissances, des décès, des réussites et des échecs. Et ces feuilletons, on le suit jusqu'au bout, de la naissance à la mort, au contraire des mini-épisodes de stars de téléréalités. Les têtes couronnées incarnent et s'inscrivent dans la durée.


Th. B. -  Cette continuité est, en fait, primordiale. Ceux qui sont sur le trône aujourd'hui sont les descendants de ceux qui ont commencé l'aventure hier, et même, avant hier. Aimer la monarchie, c'est s'intéresser à l'histoire de son pays, c'est aimer son pays, simplement !

Demain, L'Eventail.be poursuivra le débat avec les spécialistes monarchiques de RTL et abordera le paradoxe entre vie quotidienne des princes et princesses, et le rêve incarné que le Gotha évoque.

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