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Maxime Delcourt

16 November 2022

Eventail.be – Souvenirs écrasés est votre premier morceau commun. Sur quelle est née cette idée de collaboration ?
Béesau – Avec Peet, on se connaissait déjà un peu. Un jour, on se retrouve au tour d’un match de foot dans un bar situé sur la place du Jeu de Balle, à Bruxelles. On discute, on rigole et, finalement, on en vient rapidement à évoquer un morceau commun. À partir de là, tout s’est fait naturellement.

Le trompettiste Béesau © DR

Souvenirs écrasés a-t-il été créé de façon tout aussi naturelle ?
– Peet : Rémy m’a envoyé quelques-unes de ses productions pour que je puisse avoir une idée de ce sur quoi il travaillait ces derniers mois. On a échangé par messages, on a défini un univers, mais je voulais que l’on se réunisse en studio pour faire le morceau ensemble, de A à Z.
– Béesau : J’ai eu l’occasion de collaborer avec pas mal d’artistes/interprètes, mais Souvenirs écrasés est probablement le titre le plus rapide que j’ai pu enregistrer. En une après-midi, on avait tout validé. Ensuite, j’ai pris une journée pour travailler le mix et l’intro, pendant que Peet finaliser son texte chez lui.
Peet : J’aime m’isoler pour écrire. D’ailleurs, quand on écoute mes paroles, on comprend bien que je ne pouvais pas penser à un tel texte en étant entouré de gens qui boivent des bières en studio. C’est un texte mélancolique, il fallait que je sois dans ma solitude.

– Pourquoi avoir opté pour cette production en particulier, profondément mélancolique ? Pensez-vous que cette esthétique convient mieux à votre écriture ?
– Peet : On ne va pas se mentir : j’ai quand même cet attrait pour ce type d’ambiance… Mais ce n’est pas parce que « Souvenirs écrasés » est très introspectif que l’on va se priver d’aller vers une ambiance plus ensoleillée sur le prochain morceau.

– Vous avez de nouveaux projets en commun ?
-Peet : Oui, on n’a clairement pas fini de travailler ensemble.

Le rappeur Peet © DR

– De votre côté, Rémy, vous êtes trompettiste de formation. Qu’est-ce qui vous plaît dans l’idée de créer des rencontres avec des rappeurs ?
– Béesau : Il faut savoir que le jazz n’est pas éloigné du hip-hop. Moi-même, je suis venu au jazz grâce au rap, à travers tous ces morceaux des années 1990 qui samplaient ouvertement du jazz et de la funk. Et puis j’aime l’idée de pouvoir collaborer avec des artistes dont j’aime la plume. J’ai pu le faire avec Primero (L’Or Du Commun) ou Ylya, et je tenais à répéter l’exercice avec Peet. Je connais son groupe (Le 77) depuis longtemps, j’ai vraiment beaucoup écouté son album solo (Mignon) et je savais que son écriture collerait parfaitement à l’atmosphère de ma production.

– Selon vous, que manque-t-il au jazz francophone pour être aussi courtisé, innovant et populaire que celui proposé ces dernières années par une nouvelle scène en Angleterre ?
– Béesau : En France et en Belgique, il y a également des projets incroyables, mais j’ai l’impression que l’ouverture d’esprit est plus conséquente en Angleterre. Les médias n’hésitent pas à mettre ces artistes en avant, ils ne sont pas vus comme des musiciens ringards, collaborent tous ensemble et se soutiennent les uns les autres. Ici, ce n’est pas encore totalement le cas, ce qui ne m’empêche pas d’adopter la même démarche : j’aime l’idée de partager le jazz avec des artistes issus d’un domaine extérieur au mien.
– Peet : De toute façon, c’est en collaborant que les genres musicaux évoluent.

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