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Maxime Delcourt

19 May 2021

© Judith Williquet

Eventail.be - Cinq années séparent votre premier album d'Holidays Inside. C'est le temps qu'il vous fallait pour trouver l'inspiration ?

Lucien Fraipont - Après la tournée du premier album, tous les autres musiciens ont eu des envies d'ailleurs. Certains ont monté un studio, d'autres ont eu des enfants. De nouveaux collaborateurs sont arrivés, mais ça n'a pas changé le mode opératoire. Robbing Millions, ça a toujours été un projet solo masqué au sein d'un collectif. Déjà à l'époque, je composais les maquettes et écrivais les paroles avant de retravailler l'ensemble en studio avec les gars. J'y vois seulement peut-être plus clair aujourd'hui, le projet est peut-être mieux défini.

- Ces dernières années, il y a également eu la signature chez MGMT Records, le label du groupe américain ?

- À dire vrai, les dix-huit morceaux qui composent ce double album sont prêts depuis longtemps. Ce sont des histoires de label qui ont retardé sa sortie... J'ai d'abord été en contact avec Stones Throw, un label légendaire outre-Atlantique. Je voulais être sur une structure qui me permette de sortir de Belgique, et cette maison de disques se révélait parfaite pour ça. Malheureusement, avec le Covid, ils ont préféré ne plus signer d'artistes en développement. C'est alors que Shags Chamberlain, un musicien australien avec qui j'ai enregistré l'album, m'a mis en contact avec Ben Goldwasser et Andrew VanWyngarden, les deux musiciens de MGMT. Ils n'avaient jamais publié une autre musique que la leur sur leur label, mais ils étaient motivés à l'idée d'élargir leur catalogue. Ça s'est fait ainsi, entre Bruxelles et Los Angeles. Un peu comme l'enregistrement d'Holidays Inside, finalement.

Portrait de Lucien Fraipont, du collectif musical Robbing Millions
© Judith Kiddo 

- À l'époque, vous disiez écrire automatiquement en anglais. Cette fois, quelques paroles en français se font entendre. Comment l'expliquez-vous ?

- Je n'ai pas une grande culture « chanson française », mais des gens autour de moi y sont très réceptifs. À l'image d'Aksak Maboul. Je joue de la guitare au sein de ce collectif, et les gars m'ont fait comprendre qu'il était possible d'utiliser intelligemment la langue française. C'est peut-être pour ça que je me tourne peu à peu vers le français, même si j'avoue faire davantage attention aux sonorités d'un mot qu'à son sens. Je me fiche que l'on décortique chacune de mes paroles, je veux qu'elles s'inscrivent à la perfection dans ma mélodie, qu'elles sonnent comme un nouvel instrument.

- Vous l'avez dit : Holidays Inside a été enregistré entre Bruxelles et Los Angeles. Vous n'avez jamais pensé à vous installer sur la côte Ouest américaine ?

- J'ai dû y passer environ cinq mois, je dois avouer y avoir songé, mais je ne crois pas forcément au rêve américain. Sur le plan financier, j'ai l'impression que ça aurait été une galère. Parce qu'il m'aurait fallu cumuler au moins deux jobs pour vivre là-bas. Parce que les artistes américains, contrairement à ce qu'il se passe en France ou en Belgique, ne touchent pas le chômage et ne bénéficient pas du statut d'intermittent. Mine de rien, c'est une sacrée roue de secours, même si je ne peux pas cacher qu'il m'arrive d'avoir envie de m'extirper de ce petit pays qu'est la Belgique.

- Bruxelles est pourtant une ville très portée sur l'art...

- Je ne renie pas cet aspect. Je dis juste que ça manque parfois d'audace, notamment dans ce que nous proposent la télévision ou les radios. J'ai l'impression que l'on doit encore attendre que la France valide nos artistes pour qu'on leur prête un réel intérêt. Ces considérations mises à part, l'offre culturelle est dingue ici : on est au centre de l'Europe, on peut voyager partout, les connexions entre artistes se font facilement et on vit au cœur d'une ville très diversifiée. C'est une chance, et j'ai conscience que ce patchwork culturel rejaillit dans ma musique.

Galerie Alexandre Biaggi

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