François Didisheim
17 June 2025
Grâce aux capteurs, à l’intelligence artificielle et aux nanotechnologies, les murs ne se limitent plus à leur fonction structurelle. Ils deviennent des interfaces actives capables d’analyser leur environnement et d’interagir en temps réel avec les occupants. La maison devient ainsi un acteur autonome, capable de réagir aux situations du quotidien.
Un mur intelligent peut détecter une présence inhabituelle, envoyer une alerte, activer une caméra intégrée ou prévenir les secours en cas d’incendie. En l’absence des habitants, l’habitat veille et réagit en toute autonomie. Cette dimension sécuritaire s’étend également aux publics fragiles. En cas de chute, les murs peuvent alerter les proches ou les services d’urgence, tandis que des signaux lumineux facilitent les déplacements nocturnes des personnes malvoyantes. Des gestes simples suffisent à activer un appel ou ajuster l’éclairage, offrant ainsi un véritable soutien à l’autonomie.
Les murs connectés participent également à la qualité de vie des occupants. Ils surveillent la qualité de l’air, détectent les polluants, régulent l’humidité et adaptent l’environnement aux besoins physiologiques. Certaines surfaces peuvent même ajuster leur teinte en fonction du rythme circadien, favorisant ainsi la détente et le sommeil.
Karolien Haese, représentante de Gillion Crowet Estate Alliance au Forup de Lobby Immobilier qui s’est tenu le mardi 10 juin dernier, a fait son intervention sur l’interface active qu’est devenu le mur, entre l’homme et son habitat. © DR
Dans un quotidien de plus en plus hybride, les murs intelligents s’adaptent aux usages professionnels et personnels. Ils deviennent écrans pour les visioconférences, tableaux interactifs pour les enfants ou décors virtuels pour le télétravail. Les limites entre habitat, bureau et espace de loisirs s’estompent, au profit d’une interface fluide et modulable.
Les nanotechnologies permettent de concevoir des surfaces auto-nettoyantes, capables de s’auto-réparer ou d’absorber les polluants ambiants. Ces innovations promettent des habitats plus sains, plus durables et moins contraignants pour les occupants.
Si ces avancées offrent des perspectives fascinantes, elles soulèvent aussi des questions fondamentales, comme l’a rappelé Karolien Haese. La collecte et l’exploitation des données personnelles restent au cœur des préoccupations. Qui en détient la propriété ? Où sont-elles stockées ? Et surtout, à quelles fins seront-elles utilisées ? Sans cadre juridique et éthique clair, l’habitat intelligent pourrait rapidement franchir la frontière entre assistance et intrusion.
L’évolution du bâtiment vers un modèle 4.0 ouvre ainsi un champ d’innovation considérable, à condition de concilier performances technologiques et respect des libertés individuelles. Un mur intelligent, c’est une promesse. Un mur respectueux de l’intimité, c’est une nécessité.
Article inspiré par la newsletter de Lobby du 13 juin 2025 écrite par Françoise Wallyn et François Didisheim, fondateur de Lobby. Retrouvez la revue des cercles du pouvoir, ici
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