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La duchesse de Medinaceli, la femme la plus titrée au monde

GothaPortraitPortrait Gotha

Christophe Vachaudez

16 April 2025

Hasard des successions, la princesse Victoria Elisabeth de Hohenlohe-Langenburg, actuelle duchesse de Medinaceli, est la femme la plus titrée au monde. Très liée à Séville, sa famille plonge ses racines dans l’histoire de l’Espagne, descendant en ligne directe des rois de Castille.

Tout commença au XIIIe siècle quand Sancho, fils cadet d’Alphonse X de Castille et de Violante d’Aragon, usurpe le trône au détriment de son neveu Alfonso, fils de Fernando de La Cerda et de Blanche de France, elle-même fille du roi Louis IX, connu comme Saint-Louis. Évincée, la branche aînée conserve toutefois ses armoiries, un écartelé aux fleurs de lys et au château de Castille accolé au lion rampant du Léon, qui sont toujours celles de la jeune Victoria.

La Casa de Pilatos, résidence sévillane de la maison de Medinaceli. © Massimo Santi, shutterstock.com

Du plus pur style Renaissance, l'hôpital de Tavera, à Tolède, appartient, lui aussi, depuis des générations, à la maison de Medinaceli. © Turismo de Toledo

Née le 17 mars 1997 à Malaga, elle suit sa mère à Munich quand ses parents divorcent en 2004. Elle revient ensuite en Espagne pour étudier les relations internationales à l’Université de Madrid. Sa grand-mère Ana Luisa de Medina meurt en 2012, son arrière-grand-mère Victoria Eugenia Fernandez de Cordoba, 18e duchesse de Medinaceli, en 2013, et son père, le prince Marco de Hohenlohe-Langenburg, en 2016, à cinquante-quatre ans, si bien qu’elle devient chef de maison à dix-neuf ans à peine, dans un contexte successoral plutôt compliqué. En effet, les décès en cascade ont créé une situation inédite et le grand-oncle de Victoria, Ignacio, duc de Segorbe, chargé de gérer la fondation de la Maison ducale de Medinaceli, regroupant les biens de la famille, n’entend pas céder ses prérogatives. Outre la célèbre Casa de Pilatos, en plein cœur de Séville, le patrimoine mobilier comprend aussi le Pazo de Oca, un charmant manoir entouré de jardins réputés, sis en Galice, et l’imposant Hôpital de Tavera, de style Renaissance, à Tolède, qui abrite le panthéon ducal. À cela s’ajoute une impressionnante collection d’œuvres d’art comprenant de célèbres noms comme El Greco (dont une rare sculpture de l’artiste), Alonso Berruguete, José de Ribera (dont sa fameuse Femme à barbe), Zurbarán, Francisco de Goya, les flamands Antonio Moro, Pieter Coecke van Aelst, Gaspard de Crayer, Jacob Ferdinand Voet, Frans Snyders ou encore les Italiens Sebastiano del Piombo, Le Sodoma (Bazzi), Salvator Rosa, Titien, le Tintoret, Giuseppe Recco, Jacopo Bassano ou encore Mariano Fortuny.

José de Ribera, La femme à barbe, 1631, huile sur toile, 196x127cm.

Chassée des propriétés familiales

L’héritage semble toujours bloqué malgré les actions en justice menées récemment. Et quand Victoria et ses cousins ont demandé des comptes, il se sont fait expulser de la Fondation sans ménagement par cet oncle et arrière-oncle nommé administrateur à vie en 1980. Alexander de Hohenlohe-Langenbourg, duc de Ciudad Real et frère de l’actuelle duchesse, Rafael, duc de Feria, Luis, marquis de Villalba, Victoria, duchesse de Santisesteban del Puerto et Casilda, comtesse de Solera, se sont toutefois unis, obtenant au terme d’un sentence rendue à Séville 20 millions d’euros, soit 4,12 millions pour chaque petit-enfant, et 1,2 pour chacun des arrière-petits-enfants de la fameuse Mimi, la 18e duchesse, filleule de la reine Victoria-Eugénie d’Espagne. Il ne s’agit en aucun cas de monnaie sonnante et trébuchante, mais de possessions de la Fondation qui redeviendront donc propriétés privées ou resteront dans son giron, tout en changeant de titulaire, d’où la question de la pérennité de ladite institution créée pour verrouiller toute fuite patrimoniale.

La succession est donc loin d’être réglée, mais la conduite du duc de Ségorbe a révélé toute sa mesquinerie. En effet, Victoria a épousé son ami d’origine franco-argentine, Maxime Corneille, en 2023, et elle s’est vu refuser l’accès aux propriétés familiales. Elle s’est donc mariée à l’église San Miguel de Jerez de La Frontera, alors que la réception s’est déroulée, non loin, à la finca Salto al Cielo, prêtée par des proches. De même, Victoria a dû renoncer à coiffer le grand diadème des duchesses de Medinaceli, autre preuve que l’intraitable parent n’a de noblesse que son titre. Heureusement, les invités n’avaient pas boudé la cérémonie et on a même reconnu la reine Maxima des Pays-Bas, amie de la mère du marié, venue avec son époux Willem-Alexander et sa fille aînée Catarina-Amalia, le prince Pierre d’Arenberg, parrain de Maxime, ou encore la princesse Miriam de Bulgarie.

Le jeune couple vit à Madrid, dans la plus grande discrétion, et Victoria espère pouvoir un jour travailler à la pérennité de la Fondation dont elle devrait être la cheville ouvrière, elle qui a hérité de quarante-trois titres : cinq de duchesse, quinze de marquise, dix-huit de comtesse, quatre de vicomtesse, dont dix titres avec grandesse d’Espagne. Ce record mondial, autrefois détenu par la défunte duchesse d’Albe, ne semble pas affecter le quotidien de Victoria qui, sans renier ses origines, préfère la simplicité a tohu-bohu des mondanités. La presse espagnole reste toutefois attentive et guette l’arrivée d’un heureux événement, ce qui comblerait cette duchesse des temps modernes.

Photo de couverture : © Insta @Laura.Vecino

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