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Othoniel & Avignon : une rencontre cosmique

Maha Tissot

02 July 2025

Le sculpteur français Jean-Michel Othoniel sublime Avignon en imaginant un parcours artistique et poétique autour du cosmos dans la cité : 250 œuvres sont proposées en dix lieux uniques, dont le fameux pont d’Avignon et le célèbre Palais des Papes.

Pour fêter les trente ans de son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco et les vingt-cinq ans de sa désignation comme capitale européenne de la culture, la ville d’Avignon a convié Jean-Michel Othoniel à investir ses sites emblématiques et ses musées. L’artiste déploiera dans la cité des Papes (du 28.06 au 04.01.26) son univers sous forme d’une “gigantesque constellation artistique, avec l’Amour pour voûte céleste”. Son œuvre dialoguera avec le pont d’Avignon, le Palais des Papes, le musée du Petit Palais-Louvre en Avignon, le musée Calvet, le museum Requien, le Musée lapidaire, la chapelle Sainte-Claire, l’établissement de bains Pommer, la Collection Lambert et la place du Palais.

Portrait de Jean-Michel Othoniel, Palais des Papes

Halo de briques de verre bleu

Né en 1964 à Saint-Étienne, au sud-ouest de Lyon, Jean-Michel Othoniel est coutumier des expositions d’envergure, que ce soit à Paris, à Tokyo, à Séoul ou encore à New York. En Avignon, il s’agira cette fois du plus grand projet jamais conçu par le sculpteur. Un défi que l’artiste embrasse avec grâce et poésie, inspiré par l’histoire de la ville et transporté par les élans de la passion. C’est dans cette cité que Pétrarque adora Laure et lui dédia son Canzoniere, hymne à un amour courtois et éternel. Il aperçut sa belle, pour la première fois, le 6 avril 1327, à la sortie de la chapelle Sainte-Claire. Othoniel déposera ainsi un monumental Cœur de verre rouge de Murano derrière la grille d’or de la chapelle, reliquaire de cet amour éperdu.

Le pont d’Avignon, un songe d’amour…

D’une chapelle à l’autre, l’imaginaire nous transporte sur le pont d’Avignon évoquant un amour interrompu, une liaison impossible, à l’instar de celle de Plutarque avec Laure. Le pont Saint-Bénezet, son nom d’origine, doit bien sûr sa célébrité à la comptine Sur le pont d’Avignon. Il est inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1995. D’après la légende, il aurait été édifié au XIIe siècle par un jeune berger du Vivarais, dénommé Bénézet, après avoir reçu un ordre céleste. Jean-Michel Othoniel a installé dans les chapelles du pont, la haute et la basse, une croix en verre rouge de Murano et une croix des bateliers en métal doré et verre. Il a créé, également, un portail en verre et or qui invite à déambuler dans la ville.

Dessin de l'Astrolabe, sculpture monumentale de 10 mètres de haut, métal et feuilles d'or. © Jean-Michel Othoniel

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Le palais des Papes en majesté

Monument gothique emblématique, le Palais des Papes trône au cœur de cette constellation. Un parcours amoureux en quinze lieux et chambres se déploie, parsemé de 106 nouvelles sculptures créées spécialement pour ce lieu. Autour du tombeau de l’amour, des sculptures abstraites en suspension rencontrent les figures du zodiaque, tandis que des astrolabes géants envahissent la grande chapelle et le cloître. Sur le sol de la chapelle Clémentine, dit “Grande Chapelle”, une étendue de briques bleues sculptées en forme de tourbillon envoûte le regard. Dehors, une fontaine enchante le jardin médiéval… Cette exposition permet aussi à l’artiste de dévoiler une soixantaine de peintures inspirées par son herbier merveilleux, à l’instar de ses Roses à l’encre sur fond d’or blanc, acquises par le musée du Louvre en 2019.

Point d’orgue de cette vision magnifiée, une installation et une performance auront lieu dans la cour d’honneur du Palais des Papes début août : une danse spécialement chorégraphiée par Carolyn Carlson pour Hugo Marchand et Caroline Osmont. Sur la place du Palais des Papes, un astrolabe géant de dix mètres de haut, composé de métal et de feuilles d’or, captive le regard. Il est érigé en lieu et place de la statue de Jean Althen, botaniste arménien qui importa la fleur de garance en France au milieu du XVIIIe siècle.

Lotus, 2021, Inox poli-miroir, Grand Lotus installé dans le musée Calvet. © Claire Dorn / Perrotin

Déambulation poétique dans la ville

À quelques pas du Palais, le musée du Petit Palais-Louvre en Avignon, Jean-Michel Othoniel dialogue avec les collections. Celles-ci comptent, notamment, les plus beaux tableaux des Primitifs italiens issus de la collection Campana. Impressionné par l’aura de ces toiles exceptionnelles, qui sont pour lui “comme des éclipses de soleil”, l’artiste a glissé dans les salles une quarantaine d’installations composées de cercles de verre diaphanes sertis d’or, en écho à l’amour sacré.

En gagnant le musée Calvet (archéologie, beaux-arts & arts décoratifs), le visiteur découvrira une série de sculptures abstraites et monumentales inédites conversant avec les statues classiques de la grande galerie et les platanes typiques de la Provence. Ces œuvres en inox poli-miroir, inspirées des fleurs de lotus, pourraient refléter l’espoir et l’illusion suscités par l’amour…

Non loin, au museum Requien (histoire naturelle), l’artiste exprime encore sa passion pour les fleurs. Dans une salle rouge garance (la fleur d’Avignon), les herbiers enluminés d’Othoniel côtoient les plus beaux exemplaires anciens conservés dans les collections du musée.

En poursuivant vers le musée lapidaire (annexe du Calvet renfermant les collections archéologiques de la ville), on découvrira les Wonder Blocks de Jean-Michel Othoniel, des monolithes de verre sulfurisé. Ce sont “des incantations totémiques dialoguant avec les tombes anciennes et les autels divinatoires du musée”. Réalisées en Inde, ces briques de couleur enchâssée forment des stèles, un “Precious Stonewall”, gigantesque mur des lamentations. L’amour, comme une prière incessante…

Aux Bains Pommer (musée de l’Hygiène), l’eau évoque les larmes et le ruissellement de la passion. L’artiste a ainsi installé douze fontaines de verre à l’intérieur des cabines de soins, comme une évocation miniature des Grandes Eaux de Versailles, où il exposa naguère.

Enfin à la Collection Lambert, Othoniel revient sur “ses premiers émois artistiques, un chant d’amour pour le minimalisme et l’abstraction” qu’il a eu la chance de découvrir, enfant, au MAMC de Saint-Étienne (musée d’art moderne et contemporain).

En proposant cette “balade amoureuse à travers la ville et ses musées”, ponctuée de ses perles de verre signature, Jean-Michel Othoniel révèle Avignon sous une autre lumière, constellée d’étoiles et de rêves…

Photo de couverture : © Jean-Michel Othoniel / ADAGP, Paris, 2025

Pratique

Othoniel Cosmos ou les Fantômes de l’Amour, Avignon
Du 28.06 au 04.01.26

Le Palais des Papes
palais-des-papes.com

Le pont d’Avignon
avignon-pont.com

Le parcours dans la ville
avignon.fr
avignon2025.fr

La collection Lambert
collectionlambert.com

Renseignements & billetterie :
Office de tourisme d’Avignon
officetourisme@avignon-tourisme.com
Tél. 00 33 4 32 74 32 74
avignon-tourisme.com

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