Le BAS : 20 ans déjà !

Mais même la pluie ne découragera pas les curieux, les collectionneurs et les amateurs avertis, toujours avides de découvertes. Devenu incontournable, le rendez-vous est depuis longtemps inscrit dans les agendas ! Jonathan Kugel, président enthousiaste du BAS, nous en dit plus sur cette édition anniversaire qui s’annonce exceptionnelle.

L’Éventail – Qu’avez-vous prévu pour fêter ce jubilé ?
Jonathan Kugel – Nous avons pensé à faire réaliser un film qui va être produit en deux temps, de façon à pouvoir l’utiliser l’année durant. Le premier volet sera consacré à la préparation du BAS et s’immiscera dans les galeries qui s’apprêtent à participer à l’événement, de la restauration d’un objet à son transport, en passant par l’aménagement des lieux. Il sera diffusé en septembre et donc prêt pour la 20^e édition. Le deuxième volet, en revanche, sera filmé durant les jours festifs de septembre et aura pour but de montrer le dynamisme d’un quartier unique en Europe qui concentre galeries et antiquaires depuis maintenant des décennies. Le film sera envoyé à la région, aux hôtels et aux services en charge du tourisme et de la promotion de la ville.

– Comment se porte le Sablon précisément ?
– Nous enregistrons plus de demandes que d’endroits de location disponibles. Il semble donc que ce soit plutôt de bon augure pour la pérennité du quartier. On constate aussi un certain renouvellement avec l’arrivée d’enseignes comme la Galerie Fontana, d’Amsterdam, ou encore la MFJ-Gallery, spécialisée dans la peinture orientaliste. Depuis un moment déjà, la jeune génération a pris la relève, c’est le cas de Florian Araïb ou de Thomas Deprez, qui vient déménager vers la rue Lebeau et qui a exposé à la TEFAF et à la BRAFA. D’autres poursuivent la tradition familiale, comme Andrea de Caters, Giulia Dei Bardi, Lucie Couck, Tobias Desmet ou Adeline Halot, une artiste accomplie qui sculpte le tissu. Et bien sûr, on peut toujours compter sur le dynamisme de marchands établis, comme Christian de Meeûs (Jadis et Naguère) ou Arnaud Costermans de la galerie éponyme. Côté commercial, nous regrettons la baisse des échanges avec le Royaume-Uni, consécutif à des régulations plus strictes. Par contre, les Néerlandais, les Français et les Allemands sont loin de bouder le Sablon. Ils sont sensibles à la qualité et à la diversité des œuvres d’art en présence, concentrées dans un environnement agréable. En ce qui concerne les ventes en ligne, elles font désormais partie de notre quotidien, mais nous croyons toujours, nous qui possédons une galerie, aux bienfaits des échanges entre marchands et clients. Enfin, il faut signaler une fréquentation accrue des étudiants et des professeurs comme des architectes et des décorateurs, ce qui est loin d’être négatif.

– Que nous réserve le programme de cette 20^e édition ?
– Nous comptons de nouveaux participants, comme Runaway Vintage qui propose du vintage haut de gamme ; des invités, comme Klaas Muller dont la galerie fut longtemps au Sablon, les Antiquités Arnaud & Sylvie de Spa, Florian Kolhammer, spécialisé dans l’art issu de la Sécession viennoise et la Wiener Werkstätte, Pauline’s Jewellery Box avec de superbes bijoux anciens, ou encore la Schiller Art Gallery avec une sélection d’œuvres d’art issues du marché privé. Et bien entendu, comme chaque année, certaines galeries nous proposent des expositions organisées spécialement pour le week-end du BAS. Ainsi, Thomas Deprez mettra à l’honneur François Maréchal (1861-1945), peintre, dessinateur et graveur liégeois, considéré comme un maître du clair-obscur, alors que la Galerie Laurentin présentera une rétrospective de l’artiste bruxellois Antoine Mortier (1908-1999) avec des œuvres couvrant près de quarante ans de son parcours. La Nonciature servira de cadre à Arte Nunzio, un événement organisé par la Frédérick Mouraux Gallery qui réunit des sculptures de Barbara Kandiyoti et des œuvres de Jörg Bräuer bercées par une création musicale inédite de Manu Kurz. Nouvellement implantée au Sablon, la galerie amstellodamoise Fontana prêtera ses cimaises aux visions des photographes Yves Marchand et Romain Meffre qui ont utilisé l’intelligence artificielle pour créer Les Ruines de Paris. La Collectors Gallery nous propose un survol de la bague dans tous ses éclats, de 1960 à aujourd’hui, une initiative de Betty de Stefano qui rend hommage à ce bijou sculpture, entre art, design et joaillerie. N’oublions pas Art & Consult qui a réuni un ensemble d’œuvres du groupe CoBrA, une occasion unique de redécouvrir un courant artistique qui fut tellement important chez nous au XX^e siècle. Sorry We’re Closed a monté une exposition sur Adrien Vescovi, un artiste français dont la création se fonde sur une exploration alchimique du textile. Il soumet ses tissus dans la nature de Haute-Savoie à des processus de macération et d’infusion à base d’épices, de plantes et d’éléments naturels. Enfin, nous avons l’honneur d’accueillir Matteo Pugliese grâce à la WM Gallery. Ce sculpteur italien connu dans le monde entier viendra présenter ses corps en bronze qui émergent littéralement des murs, un moment suspendu !

Photo de couverture : © V Lecaer