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Le Noël d’une artiste

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Éric Jansen

18 December 2025

À l’occasion de la parution de son livre Un monde merveilleux, l’illustratrice Florine Asch nous a ouvert la porte de sa maison de Bruxelles. Un écrin intime et poétique, où elle vit avec sa famille et travaille dans une parfaite quiétude.

Il n’est pas encore trop tard pour penser à sa carte de vœux, mais il n’est pas dit que Florine Asch pourra vous la réaliser dans les temps : elle croule sous les commandes ! Car l’illustratrice, qui s’est installée à Bruxelles il y a une dizaine d’années avec son mari et leurs deux filles, n’arrête pas. Il faut dire que depuis sa première exposition chez l’antiquaire parisien Patrick Perrin au début des années 1990, elle n’a pour ainsi dire jamais posé son pinceau. Immédiatement remarquée pour son style délicat et élégant, ce trait léger, comme esquissé, et ces couleurs aquarellées, elle a immédiatement séduit les maisons de luxe, qui trouvaient ainsi une autre façon de communiquer. Quand on lui demande quelques noms, elle énumère dans un rire : “Cartier, Tiffany, Fauchon, Dior, Vuitton, Hermès, Ladurée… Il y eut aussi Le Ritz, le Plaza Athénée, le Meurice…” On le voit, la liste est longue et prestigieuse. Mais elle ne résume pas tout le travail de Florine, car parallèlement à ces commandes, elle en reçoit autant de clients privés. Et là, la discrétion est de mise… Elle glisse dans un sourire : “Je peux vous donner deux noms, car ils m’ont accompagnée durant toute ma carrière et je ne pense pas qu’ils ne m’en voudront tant ils sont généreux : le prince Pierre d’Arenberg et la princesse Astrid de Liechtenstein.” Deux personnalités, qui illustrent une société particulièrement sensible à son univers raffiné et toujours à la recherche d’une idée originale pour un carton d’invitation à une fête, un faire-part de mariage, une carte de vœux…

© Éric Jansen

© Éric Jansen

Ces trente années de création, Florine Asch vient de les réunir dans un très beau livre intitulé Un monde merveilleux. Un titre qui sonne comme un conte pour enfant et ce n’est pas un hasard : elle a beau avoir une silhouette de femme fatale, elle est restée une petite fille rêveuse, éprise de beauté, d’harmonie et de gaieté. “Je le reconnais volontiers : je vis dans une bulle et je travaille pour des gens qui souhaitent, le temps d’un mariage à Venise ou d’un anniversaire à Marrakech, me rejoindre dans cette bulle. Faire rêver est mon unique but.” Dans ses dessins, aucune trace d’urbanisme contemporain et laid, aucun touriste à l’horizon, la place Saint-Marc est vide, tout comme les pyramides d’Égypte, les enfants semblent sortir d’un livre d’images du début du XXe siècle, et leurs jouets du célèbre magasin parisien Au Nain Bleu. Les animaux sont aussi très présents : volée de papillons et de colombes, chiens et lapins complices, lions et ours protecteurs, sans oublier quelques sympathiques cigognes, clin d’œil aux origines de Florine, née en Alsace. Un univers idéal donc, vidé de tout élément disgracieux, car on ne fait pas appel à elle pour reproduire la réalité de notre quotidien, mais pour s’en échapper.

© Éric Jansen

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La curiosité est alors grande de connaître justement le quotidien de Florine… Dans une rue calme de Bruxelles, une belle maison de maître diffuse déjà des ondes positives. Et lorsqu’elle ouvre la porte, on sent immédiatement une atmosphère chaleureuse et bienveillante. “Nous sommes arrivés il y a une dizaine d’années, car c’était plus facile pour mon mari de travailler et d’habiter à Bruxelles. J’avoue qu’au début je n’étais pas enthousiaste… J’aimais beaucoup ma vie parisienne. Mais nous avons sauté le pas pour une autre raison : nous avions nos deux filles, âgées à l’époque de six et trois ans, et nous souhaitions pour elles une qualité de vie meilleure qu’à Paris. Enfin, nous avons eu un vrai coup de cœur pour cette maison.”

© Éric Jansen

© Éric Jansen

© Éric Jansen

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Lumineuse, ce qui n’est pas toujours le cas à Bruxelles, elle jouit d’un grand salon-salle à manger qui s’ouvre sur une terrasse orientée plein sud, avec un atout qui n’a pas de prix, l’accès à un jardin où le chien Nougat peut s’ébattre. L’escalier central, typique dans ce genre de maison, est large et dessert un grand nombre de chambres. Bien évidemment, l’une d’elles a été transformée en atelier. Florine y dessine et peint tous les jours, basculant avec bonheur dans son univers poétique. “Ma vie est toutefois rythmée par l’emploi du temps des filles”, nuance-t-elle. Veillant sur son travail, un très beau portrait de sa tante paternelle réalisé dans les années 1930 par Firmin Baes. “Elle vivait à Uccle et je venais régulièrement la voir. C’est mon premier lien avec Bruxelles.” Derrière elle, un grand paravent sur lequel elle a collé des dizaines de cartons, souvenirs de fêtes passées et antidotes à la morosité…

© Éric Jansen

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© Éric Jansen

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Mais d’une façon générale, Florine Asch n’est guère sujette à la morosité. Toujours enthousiaste et joyeuse, elle se prête volontiers à l’exercice de dresser une table de Noël pour ce numéro de décembre. L’idée des fêtes de fin d’année l’enchante. Peut-être est-ce le seul moment où notre monde moderne s’offre encore une parenthèse de féerie. Florine recouvre sa table d’une nappe pailletée or, sur laquelle elle pose des assiettes transparentes, ce qui lui permet de glisser en dessous un dessin avec le prénom de l’invité. Malin et charmant ! Les verres sont autrichiens, les couverts en argent viennent de la famille, les serviettes ont été brodées par son amie Magali Dogana, quelques guirlandes, des couronnes de fruits, des photophores et deux impressionnants bougeoirs en cristal de roche. “Ils ont été fabriqués par la sœur de ma mère qui, elle, a réalisé ce présentoir et cette coupe. On est très bricoleur dans la famille !” Et effectivement, on se rappelle qu’au moment de la visite de la maison, dans la bibliothèque, d’étonnants objets montés avaient attiré notre œil. “Durant toute sa vie, ma mère s’est amusée à en fabriquer à l’aide de fragments de bronze récupérés, de perles et de coquillages.” On comprend mieux d’où vient sa sensibilité artistique. “Cela a formé mon œil”, commente sobrement Florine. Et à son tour, elle s’est intéressée aux créateurs de son temps, comme en témoignent les appliques et la chaise d’André Dubreuil, les vases d’Hervé van der Straeten, le fauteuil de Garouste & Bonetti, sans oublier sur la terrasse les chaises d’Isabelle de Borchgrave. “Je l’adorais, elle me manque beaucoup.” Aux murs, deux toiles de Kyosuke Tchinai et une autre de Kurt Mair que Florine a connu lorsqu’elle étudiait à l’école des Arts décoratifs de Strasbourg. “Il vit en Italie et s’inspire de la Renaissance, j’aime son univers onirique et beau…” Comme un écho au monde merveilleux de Florine.

description de l’image

Un monde merveilleux

D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, Florine Asch a toujours dessiné. Après ses études à l’École des arts décoratifs de Strasbourg, sa ville natale, elle s’installe à Paris où sa carrière d’illustratrice est lancée. Ses carnets de voyages et ses aquarelles lui ouvrent rapidement les portes des maisons de luxe. Elle dessine avec le même enthousiasme des faire-part de mariage, des cartons de naissance, des cartes de voeux… Elle a créé un univers délicat et coloré, véritable invitation au merveilleux. Florine Asch has been…
Un monde merveilleux, par Florine Asch, Éd. Flammarion, novembre 2025, 256 p., 65€

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