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Quand Dieu joue la bourse... Aux dés

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Bruno Colmant

07 March 2024

La finance moderne est fondée sur l’idée que la valeur d’un actif financier est égale à la valeur actualisée – c’est-à-dire ramenée en unités monétaires contemporaines – des bénéfices espérés.

Le professeur Dr. Bruno Colmant est membre de l’Académie royale de Belgique. © DR

On estime les revenus futurs émanant d’un actif financier sans les connaître, puis on en défalque deux éléments : le prix du temps “pur”, qu’on appelle “taux d’intérêt sans risque”, et une prime de risque qui n’est rien d’autre que le niveau d’incertitude associé aux revenus futurs que l’on veut actualiser. L’actualisation est donc contrainte par deux incertitudes : l’avenir et sa variabilité. Tout cela est très fragile. La prime de risque peut, certes, se transformer en rendement mais nul ne sait quand. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on la dit “de risque” ! Est-ce solide d’un point de vue intellectuel ?  Honnêtement, je n’en sais rien. Cela  ressemble à un horoscope…

Seul le Tout-Puissant, lui-même consubstantiel au temps et omniscient, pourrait se permettre de ramener le taux d’intérêt à zéro et d’éliminer toute prime de risque. Mais comme les humains doivent s’engager dans le  futur pour savoir si celui-ci correspond à leur  estimation et lever les incertitudes, il faut, pour les actifs sans échéance (ex. des actions), atteindre l’infini, ce qui se rapproche de la divinité. Nul ne peut prédire quand une prime de risque sera transformée en rendement. Et comme le disait Woody Allen:  “L’éternité, c’est long…. Surtout vers la fin”.

C’est pour cela que les marchés financiers sont d’immenses tapis de casino sur les-quels on jette des dés pour voir quelle sera la combinaison stabilisée qui permettra d’encaisser le Graal de la prime de risque. Mais l’humain étant mortel, c’est à son successeur de poursuivre cette course sans répit. Jusqu’au jugement dernier… Sauf, bien sûr, pour les banquiers d’affaires qui prennent des raccourcis sur cette ligne du temps, ce qui avait conduit Lloyd Blankfein, en 2009, alors CEO de Goldman Sachs, à  affirmer qu’il effectuait le travail de Dieu.Et ce n’est pas tout : le capitalisme spéculatif est fondé sur l’efficience des marchés, c’est-à-dire que les prix des facteurs de production reflètent toute l’information disponible les concernant. C’est même le socle de la finance moderne.

Si les marchés sont efficients et disposent de l’info disponible, leur supériorité est  établie. Comme elle réside dans le prix et que chaque acheteur ou vendeur évolue au sein du marché, tout est dans tout. La probabilité, à tout instant, de voir le cours d’un actif financier baisser ou monter est exactement de 50 %. Impossible de faire mieux que le marché, sauf à détenir une information  privilégiée.

On comprend le caractère schizophrénique de ce concept, puisque acheteurs et vendeurs savent qu’ils doivent combattre le marché par leurs actes spéculatifs… tout en sachant qu’il leur est impossible d’en battre systématiquement les performances. Les humains luttent contre une perfection et un aboutissement qui leur est interdit.

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