Christophe Vachaudez
11 August 2025
Cette adaptation d’un courant Louis XVI idéalisé juxtapose avec art rinceaux et rosaces, chutes et fleurettes, le tout délimité par un minutieux grainetis du plus bel effet. En outre, Cartier généralise l’utilisation du platine, ce qui rend les bijoux plus légers. Les duchesses de Devonshire et de Roxburghe ou la comtesse de Warwick en profitent pour faire leurs emplettes tout comme la comtesse d’Essex qui acquiert un magnifique diadème, l’un des fleurons de la collection ancienne de Cartier qui brille de mille feux à l’exposition. Quant à Lady Howard de Henderskelfe, elle opte en 1904 pour un diadème vague d’une modernité étonnante qui, lui aussi, fera la joie des visiteurs. La reine Alexandra fait également partie des clientes puisqu’elle a déjà commandé une résille en diamants en 1901, tout comme Lillie Langtry et Alice Keppel, les maîtresses royales.
© Victoria and Albert Museum London
© Victoria and Albert Museum London
« Le joaillier des Rois. Le Roi des joailliers » selon un mot d’Edouard VII ne chôme pas à l’approche du couronnement de 1902. Ne doit-il pas fournir 27 diadèmes à l’occasion de la cérémonie. Les bonnes habitudes se transmettent et la reine Mary, puis la reine mère Elizabeth, continuent à honorer la firme de leur confiance. La mère de la reine Elizabeth II se laisse tenter par un diadème halo qui sera porté par Catherine Middleton le jour de son mariage, par une paire de clips floraux en rubis et diamants ou encore par un diadème de diamants et d’aigues-marines qu’elle léguera à la princesse Anne. Ces derniers bijoux font partie des pièces prêtées à l’exposition.
© Victoria and Albert Museum London
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Proche des Windsor, Mrs Greville qui a hérité d’une fortune considérable enrichira encore l’écrin royal puisque ses bijoux dont de nombreuses créations signées Cartier seront réparties entre la reine mère et ses deux filles. Last but not least, la reine Elizabeth II a reçu bien des cadeaux sortis des ateliers du grand joaillier à commencer par un impressionnant diamant rose de 54 carats offert par le géologue canadien John Williamson. La pierre fut montée en broche par le joaillier, devenant le centre d’une fleur épanouie. Le bijou sera lui aussi exposé, aux côtés d’un bracelet de saphirs donné par ses parents pour ses 18 ans et d’une feuille en diamant sertie de cabochons de saphirs, de rubis et d’émeraudes, typique du style Art Déco. De cette période, un splendide diadème serti d’opales livré à la duchesse de Devonshire est exceptionnellement sorti du coffre, un régal pour les yeux. De même, une collerette en rubis commandée par le maharadjah de Nawanagar ou un diadème sommé de turquoises gravées illustrent à merveille cette période faste qui n’en finit pas d’avoir du succès. Un diadème au dessin similaire n’a-t-il pas été vendu chez Bonhams en juin 2025, pour près d’un million d’euros ?
© Victoria and Albert Museum London
La Belgique n’est pas oubliée puisque le diadème de la reine Elisabeth, acheté en 1912, fera lui aussi partie des pièces iconiques avec une surprise, une broche tridimensionnelle exécutée en 1956 pour la princesse Lilian, seconde épouse du roi Léopold III. D’autres pièces uniques illustreront la créativité de la maison qui lance notamment le tutti frutti dans les années 30, un savant mariage de rubis, de saphirs et d’émeraudes polis, gravés ou taillés, comme le montrent le collier commandé en 1935 par Daisy Fellowes ou la parure de Lady Mountbatten, conservée au V&A. Imaginé par Jeanne Toussaint, une belge qui fut un temps cheville ouvrière de la maison, l’imprimé panthère qui consiste en de minuscules insertions d’onyx dans un pavage de diamants demeure lui aussi indémodable et constitue un des nombreux ADN d’une enseigne qui brille depuis 177 ans au firmament de la joaillerie.
Photo de couverture : © Victoria and Albert Museum London
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