François Didisheim
18 November 2025
Si la Belgique a souvent brillé dans les arts plastiques, le design ou la gastronomie, elle s’impose aujourd’hui dans un autre domaine : l’architecture durable. Une génération d’architectes belges conjugue désormais technicité, poésie et responsabilité environnementale, faisant du bâti un acteur à part entière de la transition écologique.
À l’image de Vincent Callebaut, natif de Soignies, cette architecture nouvelle relie science et spiritualité. Surnommé le “Léonard de Vinci vert”, il s’est imposé comme l’un des maîtres mondiaux de l’architecture biomimétique, une approche qui s’inspire du vivant pour créer des bâtiments à énergie positive. Son agence parisienne imagine des forêts verticales, des villes flottantes et des écoquartiers régénératifs qui prolongent la nature au lieu de la détruire. Du projet Greenhouses à Lausanne au Nautilus à Palawan, aux Philippines, ses réalisations conjuguent technologie et poésie. Pour lui, bâtir, c’est d’abord cultiver la vie.
Cyril Rousseau et son agence Carré 7 ont créé le pavillon belge à l’exposition universelle d’Osaka. Ici, la spectaculaire coupole hexagonale en verre de 9,7 m, modulable et transportable, inondant le hall de lumière naturelle. N’est-ce pas là l’Excellence belge vue et reconnue par tous ? © DR
Cette même vision d’un progrès harmonieux anime Cyril Rousseau, fondateur de l’agence Carré 7 à La Louvière. Après avoir signé le stade de la Raal et amorcé la métamorphose de la ZebrArena à Charleroi, il s’apprête à représenter la Belgique à l’Exposition universelle d’Osaka. Son pavillon-manifeste, véritable prouesse d’ingénierie et d’esthétique, célèbre l’eau sous toutes ses formes : sa fluidité, sa puissance et sa fragilité. Modulable, transportable et inondé de lumière naturelle grâce à une coupole hexagonale en verre de 9,7 mètres, il symbolise à lui seul le génie belge : ingénieux, poétique et durable.
À l’opposé des architectures spectaculaires, certains choisissent la voie de la sobriété radicale. C’est le cas du bureau Office Kersten Geers David Van Severen (KGDVS), fer de lance de l’école bruxelloise contemporaine. Lauréats de nombreux prix internationaux, ils prônent une économie de moyens au service d’une générosité d’espaces. Leur style se reconnaît à des structures pures, des volumes transparents et une mise en lumière maîtrisée.
Leur signature s’illustre dans le siège de la Radio Télévision Suisse Francophone à Lausanne, caractérisé par sa façade vitrée et ses terrasses ouvertes au public ; mais aussi dans le siège de Bottega Veneta à Milan et le Centre de musique traditionnelle de Muharraq à Bahreïn. Leur œuvre, exigeante et limpide, rappelle que l’émotion naît parfois du dépouillement.
Ici, le siège lausannois de la Radio Télévision Suisse Francophone, qui se distingue par une paroi vitrée entourée de terrasses couvertes et ouvertes au public. Une volonté de fonctionnalité assumée par le bureau d’architecture bruxellois de Kersten Geers et David Van Severen. © DR
Ces trois trajectoires (Callebaut, Rousseau, Van Severen) incarnent un même élan : celui d’une Belgique visionnaire, qui place l’humain, la lumière et la nature au cœur du projet architectural. Dans un monde en quête de repères, ils montrent que construire, c’est aussi penser l’avenir avec responsabilité.
De l’écologie urbaine de Vincent Callebaut à la sobriété lumineuse de KGDVS, en passant par la créativité structurée de Carré 7, une nouvelle génération d’architectes belges redessine les contours du XXIᵉ siècle. À la croisée de la science et de la poésie, leurs œuvres démontrent que la durabilité peut être aussi esthétique qu’émotive.
Comme le rappelait Aristote, « l’excellence n’est pas un acte, mais une habitude ». Ces créateurs en font chaque jour la preuve, en bâtissant un futur plus vert, plus ouvert et profondément humain.
Article inspiré par la newsletter de Lobby du 14 novembre 2025 écrite par Françoise Wallyn et François Didisheim, fondateur de Lobby. Retrouvez la revue des cercles du pouvoir, ici
Photo de couverture : Située à Taipei, la surprenante tour hélicoïdale, imaginée par Vincent Callebaut, mêle urbanisme durable et architecture organique. © DR
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