France, Calais
Du 24 juin 2023 au 12 novembre 2023
Robe portée par Karen Mulder. Collection haute couture printemps-été 1996. Photographie de Claus Ohm © Yves Saint Laurent, Claus Ohm
Robe du soir portée par Elsa Faùndez de Dodero. Collection haute couture automne-hiver 1971 © Yves Saint Laurent
Qui a su mieux que lui dévoiler le corps des femmes ? Dans une France des années 1960-1970 en pleine révolution sexuelle, Yves Saint Laurent a révélé ses beautés cachées, dénudant subtilement ses courbes à travers des jeux d’ouvertures et de découpes audacieuses. De tissus légers en effets de dentelle, tulle, mousseline ou organza, en passant par des superpositions savantes de matières, tout opérait sans une once de vulgarité. Le grand chic mêlé de sensualité, c’était la signature du style Saint Laurent.
Tout commence en 1966, cinq ans après l’ouverture de sa maison de couture : il présente des robes courtes laissant subtilement deviner le corps. Deux ans plus tard, il associe une blouse transparente à un costume façon smoking, composé d’une veste et d’un bermuda, dans un dégradé raffiné de noir mat et brillant, qui défraya la chronique.
Robe du soir portée par Danielle Luquet de Saint Germain. Collection haute couture automne/hiver 1968. © Yves Saint Laurent, Peter Caine
… en 1996, avec la Nude Dress, une robe entièrement réalisée en mousseline transparente, à la fluidité contrôlée par une basque en plumes d’autruche, ceinturant les hanches et occultant les parties du corps les plus intimes : une prouesse technique réalisée avec dextérité et talent par l’atelier flou orchestré par Madame Esther. En 1970, Yves Saint Laurent crée encore la surprise en dessinant, dans le sillage de son inspiration années 1940, une robe en crêpe de laine, au devant sage mais au dos offrant un décolleté profond en dentelle de Chantilly, immortalisée par le photographe Jeanloup Sieff : “Les transparences, je les connais depuis longtemps. L’important, avec elles, c’est de garder le mystère… Je pense avoir fait le maximum pour l’émancipation des femmes. J’ai créé des vêtements qui entrent tout à fait à leur aise, dans le XXIe siècle”, a déclaré Yves Saint Laurent. Et parfois, il les voilait de paillettes, rubans, broderies pour accentuer le trouble. Du modèle inspiré d’un tableau de Francisco Goya, avec dentelle de la maison Brivet, qui marqua l’automne-hiver 1971, à la robe gitane, d’inspiration andalouse, avec motifs fleuris signés de la maison Sophie Hallette, ouvrant le IIIe millénaire, il a jonglé avec l’art comme avec les codes du féminin-masculin, en passant par des accents sulfureux et érotiques, dans le contexte de créations d’exception.
L’exposition, en deux volets, qui se visite d’abord du 24 juin au 12 novembre, se déplacera au musée Saint Laurent de Paris courant 2024.
En couverture : Une robe risquée des années 1970 avec empiècement en dentelle de chantilly, qui montrait tout le dos de la porteuse, jusqu’au décolleté du bas. “Saint Laurent aimait le corps des femmes, il y voyait de la beauté et il voulait le révéler”, déclare Hashagen. © La succession de Jeanloup Sieff
Exposition
Yves Saint Laurent : Transparences
Dates
Du 24 juin au 12 novembre
Adresse
Cité de la Dentelle et de la Mode
135 quai du Commerce
62100 Calais, France