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Rédaction

15 February 2017

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Deux films sortent actuellement du lot dans la compétition berlinoise : le premier pour des raisons qui tiennent davantage à l'idéologie qu'à l'esthétique ; le second parce qu'il s'agit – enfin ! - d'une comédie légère, spirituelle et réalisée avec brio.

Una mujer fantastica (on pourrait traduire : Une femme formidable) de Sebastian Lelio est le cinquième long métrage d'un réalisateur chilien qui avait déjà été distingué ici il y a quelques années pour la prestation de son interprète féminine dans Gloria. Son récit, tourné à Santiago, a été longuement applaudi lors de la projection publique. Et il obtient pour le moment un maximum de points dans les jugements critiques que publie chaque matin la presse professionnelle. Je viens d'apprendre que Una mujer fantastica a été acheté par Sony pour une distribution commerciale aux Etats-Unis. Rien d'étonnant : car le sujet du film est dans l'air du temps. Marina, une jeune femme belle et sensuelle, découvre pendant une nuit d'amour avec son amant Orlando, un industriel beaucoup plus âgé, que l'homme a subitement perdu connaissance.Affolement, transport à l'hôpital et verdict des médecins : Orlando vient de mourir d'un infarctus.

 
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Commence alors pour Marina un véritable cauchemar : le personnel hospitalier la regarde avec suspicion ; une inspectrice de police la soumet à une enquête approfondie ; la famille du défunt, et notamment son épouse légitime, avec qui elle a dû entrer en contact pour des formalités diverses (voiture, appartement, etc.) la traite avec hostilité. Le fils d'Orlando en arrive à l'agresser physiquement. À mesure que l'histoire progresse, la vérité se fait jour : Marina est en réalité un transsexuel. Et la dernière partie du film nous montre comment, face à une société engluée dans le sexisme et le mépris de la différence, l'héroïne réussit à reconstruire sa vie et à s'affirmer dans son identité. Le problème, pour moi, est que la réalisation n'est pas à la hauteur des ambitions du cinéaste. La mise en scène manque de rythme et d'invention, certaines séquences s'attardent inutilement sur des détails de la vie quotidienne. Il reste, j'en conviens, une interprétation parfaitement adéquate d'un(e) artiste transsexuel(le), Daniela Vega. Mais comme me le faisait remarquer ce matin un confrère berlinois, le film devra son succès au fait qu'il est politiquement correct. N'oublions pas que la cause des trans est défendue avec vigueur aux Etats-Unis (et de plus en plus en Europe) par des militant(e)s qui exigent entre autres des toilettes séparées dans les lieux publics et les universités.

 
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En 1983, j'avais découvert avec ravissement à la Berlinale le premier film d'une cinéaste anglaise totalement inconnue, Sally Potter : The Gold Diggers, un western lesbien tourné en noir et blanc (et dont elle avait de surcroît écrit la musique), m'était apparu comme un véritable OVNI cinématographique. Depuis lors, la carrière de l'artiste britannique s'est poursuivie avec des hauts et des bas, avec en tout cas un titre qui a touché le grand public : Orlando, inspiré par un roman de Virginia Woolf. A 67 ans, Sally Potter vient de présenter en compétition The Party, une comédie de 71 minutes (ah ! quel bonheur d'avoir enfin une œuvre qui n'atteint pas des longueurs kilométriques), dont elle a également écrit le scénario. Janet, une politicienne de gauche (Kristin Scott Thomas) vient d'être nommée ministre dans le « shadow cabinet » (la formation gouvernementale de l'opposition).

 
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Elle décide de célébrer l'événement en réunissant chez elle des amis représentatifs de l'intelligentsia londonienne : une militante politique désabusée, un Allemand (Bruno Ganz) converti à l'aromathérapie, un couple de lesbiennes, un jeune banquier fabuleusement beau et bourré de cocaïne. Sans oublier le mari de Janet (formidable Timothy Spall) qui dynamite d'emblée les réjouissances en annonçant à la fois qu'il a une maladie incurable et une maîtresse (l'épouse du banquier). À partir de là, la belle mécanique sociale déraille totalement et la party se transforme en règlements de comptes de plus en plus virulents, jusqu'à atteindre une conclusion dramatique. Les dialogues, servis par une pléiade de comédiens en grande forme, sont d'une méchanceté réjouissante, et le film (tourné en noir et blanc) nous enchante par une véritable écriture cinématographique – ce qui est plutôt rare jusqu'ici dans cette compétition berlinoise. Bref, je me suis régalé.

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