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Rédaction

13 February 2015

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Tous ceux qui ont étudié l'histoire allemande connaissent le complot des généraux, qui en 1944 coûta la vie à ses initiateurs, dont le comte Stauffenberg. En revanche, on a quasiment oublié l'auteur de l'attentat de 1939 (bien qu'en 1989 le célèbre comédien Klaus Maria Brandauer ait déjà réalisé un film sur ce sujet). Présenté hors compétition à la Berlinale, Elser d'Oliver Hirschbiegel fait revivre pour nous ce personnage paisible que rien semble-t-il ne destinait à vivre une aventure d'une telle importance historique.

Georg Elser était un Allemand originaire de Souabe, dans le sud de l'Allemagne. Profondément catholique, il se lie dans son village avec des sympathisants communistes. En même temps, il noue une relation avec une jeune femme mariée à un butor alcoolique. Menuisier de son état, musicien amateur dans les fêtes locales, Elser apparaît plutôt comme un brave type peu bavard, sans affiliation politique précise. Les nazis qui prennent peu à peu le pouvoir en Allemagne le révulsent par leur arrogance, leur bêtise et leur brutalité. Jusqu'au jour où Elser décide que la seule manière de sauver son pays est d'agir individuellement pour supprimer le Führer.

Incroyablement, cet homme seul élabore une machine infernale avec la patience et la minutie d'un artisan. Lorsqu'il se fait pincer par la Gestapo, les interrogatoires et surtout les effroyables tortures auxquelles il est soumis n'ont qu'un but: lui faire avouer quels sont ses complices. Même Hitler se persuade qu'il appartient à une organisation et réclame les preuves d'on ne sait quelle conspiration. Peine perdue: Elser revendique son geste comme la protestation d'un individu motivé uniquement par une exigence morale. Finalement - et je trouve que sur ce point le film n'est pas très clair – l'auteur de l'attentat ne sera pas exécuté par les nazis et passera les années de guerre dans un camp de concentration (Dachau) où il est liquidé en secret quelques semaines à peine avant la libération.

Il y avait là un beau sujet sur un aspect peu connu de la résistance allemande. Dommage que la mise en scène de Hirschbiegel soit aussi lourde et encombrée trop souvent de clichés (sur la vie au village dans les années 1930 et sur la relation amoureuse entre Elser et sa maîtresse Elsa). Je ne pense pas que le film ait beaucoup de chances de trouver un public en dehors de l'Allemagne. Du moins pourra-t-on y voir une nouvelle illustration de la théorie selon laquelle un événement minuscule (ici, un décalage de 13 minutes) peut changer le cours de l'histoire. Si le nez de Cléopâtre...


441: c'est le nombre total de films projetés au cours de cette Berlinale, toutes sections confondues. J'en aurai vu une bonne quarantaine. Alors que nous approchons du terme de ce marathon, peut-on formuler quelques impressions générales? Contrairement aux éditions précédentes, il y avait relativement peu de films asiatiques (l'an dernier, l'Ours d'or est allé à l'admirable Black Coal, Thin Ice du Chinois Diao Yinan). En revanche, forte présence des films hispaniques, avec notamment deux intéressants films chiliens et une production guatémaltèque, Ixcanul, qui pourrait bien se retrouver au palmarès.

Rendez-vous demain pour quelques réflexions conclusives.

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