La BRAFA : une histoire haute en couleurs !

Aujourd’hui, on peine à imaginer que la BRAFA a fait ses débuts dans un espace modeste des Galeries Louise… Pourtant, nous sommes en 1956 et Charles Van Hove, président de la Chambre des Antiquaires a l’idée d’organiser un salon qui réunirait quelques galeries. À l’époque, seuls deux événements de ce type existent en Europe, la Grosvenor House Art & Antiques Fair, à Londres, et celle du Prinsenhof à Delft. Dix ans plus tard, la reine Fabiola en personne inaugure le Salon des Antiquaires, preuve de sa renommée croissante. Le succès est tel qu’un déménagement s’impose. Le Palais des Beaux-Arts est choisi et une nouvelle aventure commence. Elle durera de 1968 à 2004.

En 1974, c’est au tour de la princesse Hélène, comtesse Évrard de Limburg-Stirum, de couper le ruban, une des nombreuses personnalités qui honoreront la foire, à l’instar des princes de Liège, du baron Albert Frère, de Catherine Deneuve, de Karl Lagerfeld ou encore de Gilbert & George, artistes invités au même titre que Christo ou Julio Le Parc. En 1995, à l’initiative du président d’alors, le truculent Christian De Bruyn, la foire s’ouvre aux antiquaires étrangers, une décision qui déclenche un véritable tollé mais qui sera irrévocable, permettant à la manifestation de franchir un nouveau cap et de viser l’international.

Peu à peu, l’art tribal, l’art contemporain et finalement la bande dessinée opèrent une percée au sein de la Foire qui, en 2004 connaît une nouvelle révolution puisqu’une volonté d’expansion contraint les instances organisatrices à trouver un autre lieu. Les réticences sont tangibles, mais il faut penser à l’avenir avec optimisme et gourmandise. On choisit le site de Tour et Taxis, un challenge de taille puisque l’aménagement du complexe n’en est qu’à ses balbutiements. Et de cinquante exposants, on passe allègrement à 130, un pari que Beatrix Bourdon relève haut la main ! Sans son engagement senti, sa rigueur et sa bienveillance, rien n’aurait été possible. Attentive au moindre détail, cette directrice générale préside avec un talent inégalé aux destinées de la BRAFA, le nom qui désigne désormais la Foire des Antiquaires depuis 2008. Cette cheffe d’orchestre accomplie égraine volontiers les anecdotes qui ont jalonné son parcours. Elle se souvient ainsi d’un vernissage désert au Palais des Beaux-Arts dû à un verglas généralisé, d’un autre, à Tour et Taxis, qui fut compromis suite à des vents mémorables. Seule l’intervention des élèves de l’école du cirque permit de sécuriser le toit des sheds et de rouvrir la Foire… Sans parler du vernissage contrarié par une tempête de neige. Les visiteurs méritants reçurent chacun une coupe de champagne pour avoir bravé l’intempérie.

Mais il n’y a pas que la météo qui a marqué les esprits. En 2011, Didier Claes n’a exposé qu’un seul objet sur son stand de 100 m², un fétiche à clous Bakongo… un culot inédit ! Quant à la collaboration établie avec Fanny Rodwell, elle s’est déroulée sous les meilleurs auspices, une belle récompense que d’associer Tintin à la Foire ! Dernier rebondissement de la saga BRAFA, l’arrivée à Brussels Expo actée en 2022, la promesse d’une nouvelle étape et d’un futur prometteur pour cette grande dame, parmi les doyennes des foires européennes.

BRAFA 2019 Gilbert & George © Fabrice Debatty

Photo de couverture : Cinq tronçons du mur de Berlin vendus lors de la BRAFA 2020 notamment au profit du Télévie. © Fabrice Debatty