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Rédaction

08 August 2018

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Quand internet remplace l'épée

Dartagnans, c'est le nom de la start-up de financement participatif, ou crowdfunding, créée par les deux amis : « d'Artagnan avait une arme, c'était l'épée. Nos armes d'aujourd'hui ce sont les téléphones portables et les ordinateurs et nous avons voulu les mettre au service du patrimoine ». Ils sont partis du constat qu'aujourd'hui, 5 à 10 % des monuments français sont en péril absolu (nous en reparlerons d'ailleurs dans l'interview que nous avons faite de Stéphane Bern dans le cadre de ce dossier). Leur ambition est d'aider les propriétaires de châteaux et les acteurs du patrimoine à trouver des financements, tout en leur permettant de se moderniser en intégrant le numérique dans l'aventure.

 
Romain Delaume et Bastien Goullard, les deux fondateurs de Dartagnans © DR 

Dartagnans c'est donc d'un côté une plateforme de financement participatif permettant à des donateurs du monde entier de participer à l'entretien ou à la rénovation de lieux d'exception. Mais c'est aussi une équipe spécialisée en communication digitale qui peut proposer des services innovants aux porteurs de projets : numérisation du patrimoine en 3D, community management pour une meilleure visibilité, création de site internet, voire même organisation d'évènements culturels.

Un business model simple

Le fonctionnement du système n'est pas compliqué : la start-up se rémunère en touchant 8 % de commission sur les sommes collectées et se distingue des autres plateformes de crowdfunding par son caractère exclusivement patrimonial et culturel.

 
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L'objectif pour le donateur n'est pas de faire une opération financière mais bien de partager un projet commun et de faire partie d'une aventure. En contrepartie de leurs contributions, les donateurs se voient offrir des expériences inédites en nature telles qu'une visite exclusive du bien, une invitation à passer la nuit dans un château habituellement fermé au public et bien d'autres activités qu'ils n'auraient pas pu s'offrir autrement. « Nous voulons, dans nos contreparties, traiter ceux qui ont donné 5 euros, comme ceux qui en ont donné 100 », nous explique Bastien Goullard.

Deux ans de travail acharné pour parvenir à s'intégrer

Il aura fallu énormément d'efforts aux deux jeunes entrepreneurs pour parvenir à se faire une place dans le milieu très institutionnel et relativement conservateur du patrimoine. « Notre difficulté de départ a été de se faire connaitre. Nous n'avions aucun réseau dans le secteur culturel et du patrimoine ». Ils sont aujourd'hui treize et le chiffre d'affaire qu'ils ont dégagé est deux fois et demi supérieur à leurs prévisions. Un matelas financer confortable qui leur permet désormais de développer des partenariats et un maillage territorial.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Dartagnans ne s'engage pas qu'auprès de propriétaires privés, mais monte aussi des projets pour des biens publics. Les collectivités publiques sont d'ailleurs des pépinières exceptionnelles. Bastien Goullard nous explique que rien que pour l'année 2018, une région française lui a soumis plus de 70 projets.

La start-up accompagne un panel d'actions très diverses allant de la reconstruction d'un clocher, à la rénovation d'une tour, en passant par le soutien à des festivals ou la réfection de jardins. En Belgique, 250 donateurs ont ainsi permis de relancer la rénovation de la Tour d'Enghien du Château d'Havré près de Mons. Les grand lieux d'exception font eux aussi appel à Dartagnans, comme le Château de Chambord, qui a récemment organisé une collecte pour rénover ses jardins.

Du financement à la propriété ?

Les deux trentenaires se sont demandé quelle pouvait être la contrepartie ultime pour un donateur. Et si c'était de devenir copropriétaire d'un château ? Sur base de cette idée, Dartagnans a donc lancé en 2017 une campagne de rachat collectif du Château de la Mothe-Chandeniers alors à l'abandon et menacé de ruine. La jeune entreprise a ainsi pu racheter le bien grâce aux 1.600.000 euros collectés et au nom des 18.570 donateurs situés dans plus de 100 pays.

 
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L'équipe travaille désormais à la création d'un système de vote dématérialisé sécurisé pour permettre à tous ses copropriétaires de décider du sort du château plus facilement.

Des développements futurs

Nos deux jeunes entrepreneurs viennent tout juste de lancer une nouvelle plateforme, baptisée Dartngo et distincte de leur site de crowdfunding. « C'est une sorte d'AirBnb du patrimoine, nous explique Bastien Goullard, via lequel les propriétaires peuvent relayer en ligne les prestations qu'ils offrent déjà » (visites, nuitées, expériences culturelles inédites, etc.). Les utilisateurs pourront y souscrire en ligne par un système de billetterie.

 
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Les propriétaires, quant à eux, gagneront en visibilité et constitueront une base de données de visiteurs qu'ils pourront solliciter le jour où ils deviennent peut-être à leur tour porteurs d'un projet de crowdfunding.

Le numérique au service des vieilles pierres

Pour ses deux fondateurs Dartagnans constitue une autre façon d'agir pour la préservation du patrimoine et de faire le lien entre les générations. « Nous ne sommes pas une plateforme élitiste réservée au monde culturel et aux spécialistes. Nous voulons nous adresser à tout le monde, et notamment à un public de donateurs jeunes ».

À noter, l'équipe de Dartagnans sera présente en septembre prochain sur le salon Vimepa, qui se tiendra durant les Journées du Patrimoine en Wallonie les 8 et 9 septembre.

www.dartagnans.fr
www.dartngo.fr
www.vimepa.be

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