L’adieu à la duchesse de Kent

Escorté par son époux, ses enfants et ses petits-enfants, son cercueil a été transféré la veille à Westminster, recouvert de l’étendard royal et d’une gerbe de fleurs riche en roses blanches, pour rappeler le Yorkshire, comté d’origines de la défunte. Il trônera la nuit durant dans l’imposant édifice de style néo-byzantin, construit entre 1895 et 1903. Il s’agit de la première messe de funérailles de rite catholique pour un membre de la famille royale. En 1994, la duchesse de Kent s’était en effet convertie, en accord avec la reine Élisabeth II, à l’époque chef de l’église anglicane. Si l’on accepte ce qui fut considéré comme une entorse au protocole, jamais Katherine n’a défrayé la chronique, ce qui pourrait inspirer les jeunes générations.

Considérée comme l’un des membres les plus populaires de la “firme”, la Duchesse s’est dévouée sans compter, sa vie durant au service de la monarchie, ce qui fut signifié dans le message communiqué par le roi Charles III. Et même si elle avait fait un pas de côté en 2002, pour vivre loin des projecteurs, elle n’a jamais cessé de se rendre utile dans la plus grande discrétion. Son charme, sa gentillesse et son empathie naturelle ont d’ailleurs inspiré les premiers pas de la princesse Diana. À l’annonce de son décès, de nombreux témoignages ont levé un coin du voile sur ses activités. Le cardinal Vincent Nichols qui a officié lors des funérailles a révélé combien les sans-abris de l’Association Passage, située non loin de la cathédrale appréciait les visites de “Mrs Kent”. De même, l’un des responsables de l’Hôpital Reine Elizabeth pour les enfants cancéreux s’est rappelé de ses passages dans les services. Elle amenait une boîte à bijoux et les jeunes patients pouvaient les manipuler ou les porter, des étoiles dans les yeux. Pianiste de talent, n’a-t-elle pas enseigné la musique à des enfants dans une école de Hull durant quatorze ans. Là aussi, tout le monde la connaissait comme “Mrs Kent”. Se rendre utile était l’une des devises de cette femme remarquable dont se souvient avec émotion l’une de ses filleules, India Hicks, fille de la comtesse Pamela Mountbatten.

Sa douceur et son intérêt pour les autres transparaissaient lors des réunions de sa Fondation, créée en 2004 et baptisée Future Talents. Par ce biais, elle entendait donner un coup de pouce aux jeunes qui montraient une inclination pour la musique. En quelques années, sa fondation s’occupait de plus de 6000 talents.

Si un avortement forcé suite à une rubéole et la naissance d’un enfant mort-né l’avaient plongée dans une profonde dépression, elle est peu à peu revenue à la vie, pour se consacrer à autrui mais aussi aux siens. De son mariage avec le duc de Kent, cousin germain de la reine Elizabeth II, Katherine avait eu trois enfants : George Windsor, comte de St-Andrews, marié à Sylvana Tomaselli, et père de Lady Marina, Lady Amelia, et de Edward, Lord Downpatrick ; Lady Helen qui a eu quatre enfants de son union avec Timothy Taylor : Columbus, Cassius, Eloise et Estella ; et Lord Nicholas, père d’Albert, de Leopold et de Louis Windsor de son mariage avec Paola Doimi Lupis de Frankopan.

Ils étaient tous présents aux funérailles, soutenu par le roi Charles III, les princes de Galles, la princesse Anne et son époux, Timothy Lawrence, les ducs d’York, la duchesse d’Édimbourg, les ducs de Gloucester, les comtes d’Ulster, Lady Rose Windsor et son époux George Gilman, la princesse Alexandra de Kent, ses enfants James et Marina, et ses petits-enfants, Flora et Alexander Ogilvy, Chistian et Zenouska Mowatt, le prince et la princesse Michael de Kent et leurs enfants, Lady Gabriella et Lord Frederick accompagné de son épouse, les enfants de la défunte princesse Margaret, Lord Snowdon et Lady Sarah avec son époux Samuel Chatto, India Hickx ou encore Lady Penelope Brabourne. On remarquait tout de même deux grands absents, le duc d’Édimbourg, en déplacement en Papouasie-Nouvelle-Guinée et la reine Camilla, diminuée par une forte sinusite.

Durant la messe, la Duchesse avait choisi de faire jouer l’Ave Verum de Mozart, un morceau du requiem du compositeur français Maurice Durufle, un morceau de Jean-Sébastien Bach, alors qu’un joueur de cornemuse interprètera Sleep, Dearie Sleep, déjà joué lors des funérailles de la reine Elizabeth II. Au sortir de la cathédrale, le corbillard et les proches de Katherine Worsley se dirigera vers le cimetière royal de Frogmore, sur le domaine de Windsor. Elle y sera inhumée, rejoignant la duchesse Alice de Gloucester, Wallis Simpson, ou encore ses beaux-parents, George et Marina, duc et duchesse de Kent.

Photo de couverture : © Paul Grover/Daily Telegraph/PA Wire