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Beyrouth, tu ne mourras pas

Carmen BoustaniLiban

Rédaction Eventail

18 August 2020

[caption id="attachment_24456" align="alignnone" width=""]DR, Shutterstock.com [/caption]Frappée par une double explosion le 04 août dernier, la capitale libanaise a souffert dans sa chair. Romancière et essayiste, Carmen Boustani nous apporte son ressenti d'habitante de la ville. Carte blanche.

Un soleil affectueux perce ma vitre en ce mardi du 4 août 2020, assise devant mon ordinateur, j'écris au fil des heures. Au moment où je m'apprête à me lever, le bruit strident d'un avion trouble l'atmosphère suivi d'une forte détonation. Mon immeuble remue... un tremblement de terre ? Tétanisée, je reste clouée sur place. Une énorme bulle de fumée se forme en quelques fractions de seconde. L'image de ce gros champignon noir, blanc et orange surmonte les toits et se disperse dans le ciel en notes d'une symphonie funèbre. Sa vue ramène un autre gardé dans mon esprit celui du film Hiroshima mon amour d'Alain Resnais, scénario de Marguerite Duras.

La vie sur Beyrouth depuis un appartement dévasté par la catastrophe
© DR/Shutterstock

Les médias et les réseaux sociaux annoncent la violente déflagration accidentelle au port est de Beyrouth. Inconsciemment, je m'interroge : « est-ce possible que ce soit un attentat à l'arme nucléaire ? » La ressemblance est grande avec le champignon de fumée du film de Rainais. Puis commence le défilé des atrocités crues de cette terrible explosion, de ce décharnement d'une ville tant aimée avec l'impossibilité de décrire l'indicible et l'impossibilité de dire et de comprendre.
Le soleil se lève le lendemain de cette tragédie, sur une ville sinistrée dont il ne reste que des squelettes d'immeuble, des carcasses de voiture, des corps ôtés à la vie, d'autres mutilés gisants au sol. Çà et là, une jambe carbonisée détachée d'un corps, une main coupée parmi les gravats. Ces images font le cauchemar de mes nuits. Un paysage apocalyptique.

Une vue du port de Beyrouth, au Liban, après les explosions
 © DR, Shutterstock.com

Le gouvernement sur place ne réagit pas pour sauver des vies encore sous les décombres. On est loin de Simm dans le roman L'autre d'Andrée Chedid qui, suite à un séisme, a vu de ses propres yeux un jeune homme disparaître sous les décombres. Il s'obstine que le jeune homme est encore vivant et réussit à le sauver. La pierre angulaire de ce roman se rapproche de « Mon autre » un beau poème d'Andrée dans Rythmes : « Mon semblable/mon autre/là où tu es/je suis ». Ce symbolique dur de sens ne trouve pas un chemin vers nos dirigeants insensibles à l'autre, insensibles au peuple.

Les décombres de la ville de Beyrouth au Liban après les explosions
© DR/Shutterstock.com

Beyrouth, ville de ma jeunesse, de mes amours et de mes amitiés, je ne peux cacher l'amertume de te voir complètement démolie avec ton patrimoine architectural, tes musées et tes rues historiques : Gemmayzeh, Sursock, Mar Mikael. J'aime me déplacer dans tes rues. Je suis envahie par leurs noms à présent défigurés, invivables, détruits. Je voudrais fusionner avec tes murs et tes avenues en souffrance. Je voudrais me confondre avec les cris lancés dans ce désastre : cri de la mère affligée, de l'enfant qui naît, du jeune mutilé, du vieillard qui meurt, du père qui succombe à ses blessures. Beyrouth, en ces durs moments, j'ai besoin de ton visage, de ton ciel, de tes bruits et de tes odeurs.

Une rue commerçante de Beyrouth, au Liban, avant la catastrophe
© DR/Shutterstock.com

Beyrouth, tu me déchires par tes conflits ... Tu me tues par ta destruction. Sept fois détruite et sept fois reconstruite, Beyrouth tu renaitras de tes cendres comme l'oiseau immortel.


Pour faire un don en la faveur de la population ou de la reconstruction de Beyrouth : 
www.lebanoncrisis.carrd.co

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