Maxime Delcourt
19 November 2025
Eventail.be – Depuis 2019, vous avez sorti plusieurs EPs, tous salués par la critique. Proposer un premier album, c’est une manière d’aller au bout d’une certaine esthétique développée ces six dernières années ?
Sboy – Oui, en quelque sorte. Quitte ou double a mis du temps à voir le jour car je voulais terminer mes études avant de me mettre à fond dans la musique. Entre-temps, Moji et moi n’avons jamais arrêté de produire de nouveaux morceaux. C’est juste qu’on ne voulait pas se presser. Et puis, entre fin 2024 et l’été dernier, on a vu un album se dessiner. On sentait que l’on touchait à quelque chose de particulier musicalement, il était temps de finaliser tout ça.
– Sur Quitte ou double, on sent que vous n’avez pas cherché à vous limiter. Sur des mélodies tantôt énergiques ou sensuelles, tantôt rap ou soul, vous parlez autant de vos tourments amoureux et de la mélancolie du métro parisien que du sentiment de solitude ou d’une envie de légèreté….
Moji – Pour ce premier album, on ne s’est pas imposé de fil rouge, on n’a voulu s’obliger à composer un morceau dans tel ou tel genre, on s’est surtout laissé guider par ce qui nous fait kiffer. Des artistes comme A$AP Rocky, Lil Yachty ou XXXTentacion ont été hyper importants pour nous ces dernières années, on a eu envie d’être aussi méticuleux et moderne qu’eux dans la manière dont on aborde le travail de production. D’où ce disque très léché, très visuel.
Sboy – On aime le grand spectacle, ce que savent très bien faire les américains. On avait envie d’être dans cet univers un peu clinquant, qui ne masque pas pour autant ses angoisses.
– Sachant que Quitte ou double a été en grande partie pensé dans vos chambres respectives, comment parvenez-vous à atteindre un résultat aussi soigné ?
Moji – On a la chance d’avoir chacun du matériel de qualité chez soi. Aussi, ça me paraît être des endroits plus propices à l’expérimentation et à la création, dans le sens où on n’est pas limité par le temps ou un budget. Qu’il soit 9h ou 23h, on peut capter une énergie en direct et tester toutes les idées bizarres qui nous passent par la tête.
– Le fait d’être basé à Liège est peut-être aussi une chance sur ce plan-là, non ? Pensez-vous que le fait de ne pas appartenir à une scène précise, comme c’est le cas pour certains rappeurs bruxellois, vous permet d’être plus libre ?
Sboy – C’est sûr qu’à Paris ou à Bruxelles, il y a un réseau, des lieux où il faut traîner, des gens à rencontrer, une certaine école dans laquelle il faut s’inscrire… À Liège, on ne jouit pas vraiment de l’énergie des grandes villes, ça nous incite à être dans notre propre monde.
Moji – C’est une excuse qui nous permet d’être moins figé, de ne pas devoir prolonger un quelconque héritage. Depuis Liège, on a la chance de créer à partir d’un canevas un peu plus blanc. J’ai la sensation que ça ressent à l’écoute de notre album.
Photo de couverture : © Kelvin Konadu/Paulografy
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