François Didisheim
16 September 2025
L’intelligence artificielle (IA) ne relève plus de la science-fiction. Elle bouleverse déjà des professions que l’on croyait à l’abri : juristes, enseignants, médecins ou encore financiers voient désormais certaines de leurs tâches assurées par des systèmes capables d’analyser, de créer et d’apprendre à une vitesse inédite. Comme si le célèbre cogito, ergo sum de Descartes se transformait en un nouveau credo algorithmique : computo, ergo sum.
Selon Bruno Colmant, l’IA ouvre les portes d’une redéfinition radicale de la valeur du travail humain. © DR
Pour Bruno Colmant, il serait erroné de céder à l’angoisse d’un remplacement généralisé. L’IA, explique-t-il, ne met pas en danger notre humanité, mais bien nos habitudes. Elle nous oblige à reconnaître que notre valeur ne réside pas dans l’accumulation mécanique de savoirs ou l’exécution de processus, mais dans ce que la machine ne peut reproduire : le discernement, l’intuition, la créativité, la capacité à établir des liens, à inspirer et à dialoguer.
Face à ce bouleversement, l’investissement le plus sûr consiste à miser sur soi-même. Cela implique une éducation qui ne se limite pas à engranger des connaissances, mais qui développe l’esprit critique et la faculté d’apprendre en permanence. Cela suppose aussi de cultiver la culture générale, ce terreau indispensable qui donne profondeur et perspective aux faits. Enfin, il s’agit de renforcer les compétences humaines, ces human skills qui gagnent en importance : sens relationnel, adaptabilité, créativité, intelligence émotionnelle.
L’IA, loin de condamner l’humain, ouvre la possibilité d’une réorientation. En libérant des tâches répétitives ou à faible valeur ajoutée, elle incite à se recentrer sur ce qui définit notre singularité : la culture, l’empathie, la créativité, l’audace. Investir dans ces dimensions revient à parier sur un capital inaliénable. Comme le résume Bruno Colmant, c’est peut-être le seul actif dont la valeur ne s’érode pas avec le temps.
Article inspiré par la newsletter de Lobby du 12 septembre 2025 écrite par Françoise Wallyn et François Didisheim, fondateur de Lobby. Retrouvez la revue des cercles du pouvoir, ici
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