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Martin Boonen

19 December 2018

© Ruinart

Lorsque Nicolas Ruinart se passionne pour ces nouveaux vins effervescents, nous sommes au tout début du champagne dans la région. Issu d'une grande famille de drapiers reimois, il fonde la maison qui porte son nom en 1729.

Son fils, Claude, le rejoint à la tête de l'entreprise en 1764 : c'est lui qui décide d'installer Ruinart au-dessus des extraordinaires crayères qui seront classées au patrimoine mondial de l'Unesco près de 250 ans plus tard. Autrefois à l'extérieur de la ville, cette colline de craie rassemble désormais de nombreuses maisons de champagne réputées ayant suivi l'exemple de Claude Ruinart.

 
© Ruinart 

Edmond, lui, développe l'export. En 1827, il fait entrer Ruinart sur les plus belles tables du monde, de la Russie à l'Amérique. Mais celui qui nous intéresse, c'est André Ruinart. Il est à la tête de la maison familiale à la charnière des XIXe et XXe siècles et c'est le premier à associer le champagne Ruinart avec un artiste. En 1896, il demande au célèbre affichiste Alphonse Mucha de dessiner une affiche pour vanter les mérites du champagne. L'histoire ne dit pas si l'épaule dénudée de la jeune femme dessinée par Mucha fit vendre autant de champagne qu'elle fit couler d'encre.

 
L'affiche commandée par André Ruinart à Alphonse Mucha pour promouvoir le champagne © DR 

C'était néanmoins la première collaboration historique entre Ruinart et un artiste.
Il y a onze ans, la marque décide se réapproprier ce passé. Ruinart devient non seulement le partenaire officiel des plus grandes foires d'art internationales d'art moderne et contemporain (Art Basel, Frieze, FIAC, Art Brussels...) mais noue surtout des relations privilégiées avec des artistes de grands renoms lors de résidences annuelles.

 
© Ruinart 

Chaque été, Ruinart invite un artiste à passer quelques semaines sur son domaine pour s'imprégner de l'histoire des lieux et de la vivacité de son présent. L'artiste produit alors une série d'oeuvres que lui inspire ce séjour avec une liberté d'expression totale. « Ruinart s'intéresse aux messages que ces artistes envoient à la maison et à l'image qu'ils en perçoivent en côtoyant les gens qui la font vivre toute l'année » nous explique Françoise Sastre, notre guide du jour.

Le premier à répondre à l'invitation de Ruinart est le néerlandais Maarten Baas. Parmi ses successeurs remarquons les travaux de Dustin Yellin qui créa une fresque de verre onirique retraçant les voyages d'Edmond Ruinart, ceux de Hubert Le Gall et son calendrier exprimant en verre lui aussi (pour représenter le caractère lumineux du chardonnay, cher à Ruinart) une année au vignoble, ou encore ceux de Georgia Russell qui s'appropria et travailla sur la mémoire matérielle et immatérielle de la marque.

 
Le calendrier de verre d'Hubert Le Gall © Ruinart 

Mais la résidence la plus (re)marquée fut sans nul doute celle de cette année : Liu Bolin. L'artiste chinois ne connaissait rien, ni n'entendait rien, au monde des vignobles et du vin avant son arrivée à Reims. Ce fut un véritable choc des cultures. Malgré les difficultés de langages, la relation entre l'artiste et le personnel de la marque fut véritablement très touchante, comme en témoigne les clichés représentant Liu Bolin avec les employés dans les caves, les vignes ou sur les chaînes de désengorgeage et d'embouteillage.

Une partie des oeuvres réalisées par Liu Bolin chez Ruinart était d'ailleurs visible cette année à Art Brussels sur le stand de la maison champennoise (retrouvez notre article ici)

Mais à quoi ressemblent les vins d'une maison de champagne d'esthète ? Le R de Ruinart, la cuvée emblématique du domaine, a tout ce que l'on attend d'un grand champagne : des bulles fines et de la structure. C'est la seule cuvée chez Ruinart à contenir du pinot meunier. C'est un champagne racé et élégant. 

 
© Ruinart 

Tout en haut des productions Ruinart se trouve la cuvée Dom Ruinart (en hommage à un moine bénédictin, grand lettré et contemporain du célèbre Dom Pérignon). Là, on passe dans une autre catégorie, celle de l'exception. Il s'agit d'un blanc de blanc (uniquement chardonnay, dont Ruinart a fait sa marque de fabrique) pour lequel les raisins proviennent uniquement de parcelles classées grand cru, à l'est de la Montagne de Reims (pourtant le royaume du pinot noir), au coeur du vignoble historique de la marque : Sillery.

 
© Ruinart 


Le millésime 2007 propose des bulles fines mais avec une très belle rondeur. Il est légèrement fumé (moins cependant que le 2006 où cette note était très marquée) et garde en bouche une jolie fraicheur, notamment grâce à sa minéralité (n'en déplaise à Ruinart qui rechigne à utiliser ce terme dont la maison conteste la validité technique). C'est aussi le premier millésime de l'actuel chef de cave Frédéric Panaiotis. C'est une observation qui vaut la peine d'être relevée tant la succession de son chef de cave recouvre de nombreux enjeux relatifs au caractère et à l'identité d'une maison champennoise.
C'est un champagne d'une exceptionnelle tenue et qui supportera sans aucune peine d'être servi à table et non seulement en apéritif.

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