Né en 1932 et héritier, entre autres, de la marque automobile Opel, Gunter Sachs était un homme d’action et un sportif accompli, fondateur et président du club de bobsleigh à Saint-Moritz. Il était aussi et surtout un grand collectionneur d’art, un photographe de mode et un mécène, vivant à cent à l’heure entre ses luxueuses demeures, au volant de voitures de sport, naviguant sur son yacht The Amazon ou pilotant des avions et des motos.

Il mettait également cette formidable énergie au service de ses conquêtes féminines telle Soraya, l’ex-femme du Shah d’Iran, Tina Onassis et bien sûr Brigitte Bardot, pour qui il a déversé, en guise de demande en mariage, des milliers de roses rouges depuis un hélicoptère sur La Madrague, sa maison tropézienne. L’opération réussit au-delà toute espérance. Mais quand on découvrit que BB, la star des stars françaises, s’était mariée avec un milliardaire allemand au cours d’une cérémonie en anglais, sur le territoire américain, les océans traversés dans l’avion privé d’un frère Kennedy, beaucoup en eurent le souffle coupé.

Incarnation de la génération d’après-guerre assoiffée de fêtes et liberté, Gunter Sachs, souvent vêtu de pantalons clairs, de blazers croisés et de mocassins souples, représente toujours dans l’imaginaire collectif le playboy le plus flamboyant de la Riviera. Princesses en exil, hommes en tout genre, industriels conquérants et stars de cinéma entouraient le maître de cérémonie d’une cour fastueuse et excentrique.

Collectionneur de longue date, il exposait une partie de ses trésors dans son penthouse de Saint-Moritz : la cuisine était décorée des célèbres portraits sérigraphiés de Marilyn par Andy Warhol, la salle de bain s’ornait d’œuvres de Roy Lichtenstein, l’entrée de l’appartement accueillait des sculptures de César et de Tom Wesselmann. Sans oublier les tables “SM” du maître du genre, Allen Jones, représentant des femmes en cuir et latex, à quatre pattes, soutenant les plateaux de verre.

À 78 ans, se sachant atteint de la maladie d’Alzheimer, Gunter Sachs a préféré mettre fin à une vie d’excès flamboyants. Il aura été le troisième des quatre maris de Brigitte Bardot.

Comme il le disait si bien lui-même : “Ce sont les pauvres qui sont fous à lier. Nous, les riches, nous sommes excentriques”.