Sous les lustres du Cercle Royal Gaulois, l’art de débattre à la belge

À deux pas du Palais Royal, dans le cadre paisible du Parc de Bruxelles, le Cercle Royal Gaulois, Artistique & Littéraire demeure l’un des lieux les plus emblématiques de la vie intellectuelle et culturelle belge. Fondé en 1847, il est né de la fusion, en 1919, entre deux traditions : celle des savants et humanistes du Cercle de la Toison d’Or, et celle des artistes et écrivains rassemblés autour d’Adolphe Quételet, fondateur de l’Observatoire royal de Belgique.

Cette alliance entre rigueur scientifique et liberté créative a donné naissance à une institution singulière, à la fois club privé et agora intellectuelle, consacrée au dialogue entre les disciplines. Couronné du titre de « Royal » en 1937, le Cercle illustre à merveille cette élégance belge qui conjugue réflexion, culture et convivialité.

Un lieu de dialogue et de transmission

Aujourd’hui, le Cercle Gaulois compte près de 1 200 membres venus d’horizons variés : diplomates, professeurs, magistrats, entrepreneurs, écrivains, chercheurs, artistes… Un microcosme où se côtoient générations et sensibilités, dans une atmosphère d’ouverture et de respect.

Depuis l’an dernier, les femmes peuvent enfin en devenir membres à part entière : une évolution symbolique, qui enrichit la diversité et la vivacité des échanges. Autour de déjeuners et de dîners animés, les conversations passent librement de la philosophie à la politique, de la science à la littérature, dans une atmosphère feutrée où le plaisir de débattre n’exclut jamais celui de sourire.

Le Cercle reste aussi un haut lieu de réception, accueillant colloques, conférences et réceptions diplomatiques, en partenariat avec plus d’une centaine d’institutions sœurs à travers le monde.

Création, passion et curiosité au quotidien

La Section Artistique et Littéraire, forte d’une centaine de membres, anime la vie culturelle du Cercle à travers des expositions, concerts, lectures et galas. Le Prix Littéraire du Cercle, décerné tous les deux ans, distingue une œuvre contemporaine qui interroge son époque par sa force ou son audace. Mais le Gaulois, c’est aussi une mosaïque de passions partagées : œnologie, cinéma, échecs, chasse, automobile, art contemporain ou patrimoine… Autant de groupes d’activités thématiques menés par leurs membres, dans un esprit de transmission et d’amitié.

Lieu d’équilibre entre héritage et modernité, le Cercle Royal Gaulois reste fidèle à sa mission première : offrir un espace où la pensée circule librement, où les idées se croisent et où les esprits s’élèvent sans s’affronter.

Une élégance du débat à la belge

Le Cercle Gaulois n’est ni un sanctuaire ni une tour d’ivoire : c’est une communauté d’esprits curieux qui cultivent l’art de la nuance et le plaisir de la conversation. On y débat sans dogme, on y crée sans prétention, on y pense sans gravité inutile.

À l’heure des échanges instantanés et des opinions tranchées, ce lieu singulier rappelle combien la lenteur d’une discussion bien menée reste un luxe. Comme le disait Oscar Wilde, que le Cercle aurait sans doute aimé compter parmi ses membres : « Le vrai but de la vie, c’est de jouer. »
Au Gaulois, on joue avec les idées, les mots, les formes… et on le fait, toujours, avec style.

Article inspiré par la newsletter de Lobby du 17 octobre 2025 écrite par Françoise Wallyn et François Didisheim, fondateur de Lobby. Retrouvez la revue des cercles du pouvoir, ici