Toute une vie d’invention et de fantaisie créative menée, de concert, avec les plus extravagants créateurs de la première moitié du XX^e siècle et, notamment, du temps béni des avant-gardes parisiennes des années 1920-1930 : Jean Cocteau, Salvador Dali, Kees van Dongen, Cecil Beaton, Horst P. Horst, Man Ray… Quelque trente années racontées en 272 costumes et accessoires mis en regard de peintures, sculptures, bijoux, affiches… (520 numéros au catalogue). Une redécouverte mise en résonance avec les créations les plus actuelles de la maison Schiaparelli signées Daniel Roseberry (directeur artistique de la marque depuis 2019), mais aussi des plus grands couturiers (Yves Saint Laurent, Azzedine Alaïa, John Galliano, Christian Lacroix…) ayant rendu hommage au “style Schiaparelli” que l’on pourrait qualifier de “surréalisme néobaroque” si l’on tentait de donner à voir toute l’audace et la poésie de ses silhouettes féeriques.

Féerie des matières, féerie du bestiaire, féerie des ors, féerie des formes et des couleurs – plis peints à la laque, torsades d’or, “butinerie” de papillons… Une poésie et une fantaisie qui, au contact des surréalistes, et notamment de Jean Cocteau et Salvador Dali, “prendra feu” : à l’iconique ”robe homard” (Robe du soir, 1937), aux boutons-écrevisses et au célèbre “chapeau chaussure” (entre autres fantasques créations), l’exposition dédie une salle afin de remettre en lumière la fructueuse collaboration du mythique duo Schiaparelli/Dali.

Man Ray, Meret Oppenheim, Elsa Triolet, Leonor Fini, Christian Berard… bien d’autres artistes marqueront de leur touche fantaisiste le style “Schiap”, mais ce sont aussi les arts du spectacle et la science qui inspireront la rivale de Gabrielle Chanel (comme en témoignent les collections Cirque et Astrologie de 1938). Après sa première collection de sweaters et ses chandails tricotés décorés de motifs en trompe-l’œil en 1927, la reine des brocarts n’aura de cesse d’être à l’affut des formes, des matières et des couleurs innovantes “pour le sport, pour la ville, pour le soir”, pour reprendre les titres de ses collections.

En couverture : Vues de l’exposition «Shocking! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli » © Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière