Depuis sa réouverture en 2018, l’AfricaMuseum se veut, plus que jamais, une plateforme dynamique de rencontres et de dialogues. La pression qui conduit des millions de personnes à émigrer et toutes les répercussions de la mondialisation, se dessinant dans un débat identitaire assez novateur et parfois même radical sur l’identité, y tiennent une place essentielle.

Référence directe à Inch Allah, “Oxalá” est un mot traduisant l’idée d’avenir, de devenir et de futur qui se construit. C’est dans cette perspective que s’est développée l’exposition éponyme. Le parcours réunit une soixantaine d’œuvres – toutes disciplines confondues – de vingt-et-un artistes et intellectuels européens dont les origines familiales se situent dans d’anciennes colonies en Afrique. Leurs parents et grands-parents sont nés et ont vécu au Congo, en Angola, en Guinée, au Bénin, en Algérie ou encore à Madagascar. Ces artistes ont hérité de souvenirs qui se composent de voix, de sons, de gestes et d’images. Aujourd’hui, ils se laissent inspirer par leur “post-mémoire”. Les pieds en Europe, le cœur souvent en Afrique, les plasticiens ici réunis développent des pratiques se nourrissant de réflexions sur le racisme, la décolonisation des arts, le statut de la femme…

Itinérante, cette exposition – fruit d’une étroite collaboration entre trois musées européens (le Mucem à Marseille, la Fondation Calouste Gulbenkian à Lisbonne et l’AfricaMuseum) – sonne également comme une subtile remise en question de l’ouverture de l’Europe, tout en souhaitant favoriser l’intégration des citoyens issus de l’immigration. Contribuant à une société plus solidaire, ce projet extraordinairement créatif brise les stéréotypes et interroge le concept d’identité, de manière très variée.

En couverture : Sammy Baloji, ‘Sans titre’, 2016–2020, douilles d’obus et plantes tropicales, dimensions variables, vue de l’exposition ‘Notre monde brûle’ au Palais de Tokyo. © Courtesy of Aurélien Mole