Un dialogue entre deux peintres ayant près d’un siècle d’écart et pourtant si proches en leur inspiration, leur touche et leur manière d’appréhender l’espace de la toile : exaltation de la couleur, lyrisme du geste, peinture all-over, grands formats immersifs… Les similitudes sont telles qu’elles sont parfois troublantes. Au-delà d’un simple héritage, de manière ou de style, c’est une véritable communion du regard, tant dans la perception que dans la restitution, qui semble relier les deux peintres.

Opérant la même distanciation du réel et ayant acquis ainsi la même liberté par rapport au motif, tous deux recomposent le paysage à partir de leurs impressions : dans l’atelier de Giverny, le vieux Monet restitue les nymphéas après de longues séances d’observation ; Joan Mitchell, dans son atelier de Vétheuil – où vécut Monet de 1878 à 1881, et où elle s’installe de 1968 à sa mort en 1992 – transpose, quant à elle, à travers le filtre de la mémoire, ses perceptions ou “feelings” “par-delà l’espace et le temps”.

En couverture : Joan Mitchell, Two Pianos, 1980, huile sur toile, 279,4 × 360,7 cm © The Estate of Joan Mitchell Photo : © Patrice Schmidt