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Rédaction

13 February 2017

Reda Kateb est Django, de Etienne Comar © Roger Arpajou

« Ne pas confondre l'art et la politique » : dans une longue interview à un quotidien de la capitale allemande, Paul Verhoeven, le président du jury de cette 67e Berlinale, met en garde ses collègues et ceux qui voudraient injecter à tout prix de l'idéologie dans la manifestation. Il est vrai que, des trois grands festivals européens (les deux autres étant bien sûr Cannes et Venise), Berlin se présente volontiers – pour reprendre une image de son patron Dieter Kosslick – comme un miroir du monde actuel. D'ailleurs, l'an dernier, l'Ours d'or n'avait-il pas été attribué à Fuocoammare de Gianfranco Rosi, un documentaire tourné à Lampedusa, qui mettait en parallèle la vie traditionnelle des insulaires et la détresse des demandeurs d'asile qui déferlaient sur cette petite île ?

 
Beata Palya, Bim Bam Merstein, Reda Kateb © Roger Arpajou 

Dès le film d'ouverture, Django, présenté jeudi soir dans une grande salle archicomble, une des tragédies du 20e siècle se trouvait évoquée explicitement à travers le destin du guitariste Django Reinhardt, qui a survécu au cours de la dernière guerre dans une France occupée par les Allemands, tout en jouant publiquement une musique que les Nazis dénonçaient comme « dégénérée ». Paradoxalement, c'est son art qui a sauvé la vie de Reinhardt, alors que le Troisième Reich envoyait les Tziganes dans les camps de concentration, comme il le fit pour les Juifs. Dommage que le long métrage d'Etienne Comar (c'est la première réalisation de ce scénariste doué, qui avait notamment travaillé sur Des hommes et des dieux) ait un côté assez appliqué et bancal dans la construction. Les séquences musicales sont convaincantes, mais la définition du personnage reste superficielle. Le cinéaste échoue à mon avis à restituer dans toute sa dimension l'atmosphère du nazisme en Europe. Mais la prestation de Reda Kateb dans le rôle titre lui a valu de chaleureux applaudissements.

 
 Ildikó Enyedi © Droits réservés


J'avais lu il y a quelques années des statistiques de l'O.M.S. sur les taux de suicide dans les divers pays de notre continent. J'en avais retenu que, contrairement à ce qu'on pense d'ordinaire, ce n'est pas la Suède qui détiendrait le record, mais la Hongrie. J'ignore si ces chiffres de l'Organisation Mondiale de la Santé sont toujours valables aujourd'hui, mais en tout cas le premier film de la compétition, On Body and Soul (c'est le titre anglais, je vous épargne l'original en magyar), donne de la république dirigée en ce moment par le très autoritaire Viktor Orban une image assez déprimante. La réalisatrice a situé son histoire dans un abattoir provincial, ce qui nous vaut pendant la première demi-heure des séquences de mise à mort et d'équarrissage pas très ragoûtantes quand on vient d'absorber son petit déjeuner... Le ressort dramatique de ce récit est plutôt étrange : deux personnes qui travaillent dans l'abattoir en question, et qui sont l'un et l'autre quasiment incapables d'exprimer leurs sentiments, découvrent qu'ils rêvent chaque nuit des mêmes situations. L'héroïne - une jeune inspectrice des procédures de sécurité - finit par se suicider en se tailladant les veines dans son bain, lorsque par un retournement subit l'affaire se termine par un happy end digne d'un feuilleton télévisé. Cinquième film d'Ildiko Enyedi, ce Corps et âme m'a paru nettement moins abouti que certaines de ses œuvres précédentes.

 
 Véro Tshanda Beya dans Félicité de Alain Gomis © Andolfi


Changement total de climat et de sujet avec un film que nous verrons demain matin : Félicité, une production franco-belgo-sénégalaise, se passe à Kinshasa et nous raconte les tribulations d'une chanteuse populaire qui cherche désespérément à rassembler de l'argent pour financer l'opération de son fils. On évoque déjà l'interprétation saisissante d'une débutante, Véro Tshanda, dans son premier rôle à l'écran. Rendez-vous demain pour mes impressions !

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