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Dinosaures : l'explosif marché des “reliques de l’histoire de l’humanité”

DinosaureEnchèresMaison de ventes

Martin Boonen

15 November 2024

Demain, les commissaires priseurs Florent Barbarossa et Olivier Collin du Bocage présenteront aux collectionneurs du monde entier Vulcain, le plus grand dinosaure jamais vendu aux enchères. Si le phénomène de la vente de dinosaures était confidentiel jusqu’à il y a peu, il explose littéralement ces dernières années… La vente de samedi prochain ne semble pas prête à faire démentir la tendance.

Il n’est rien dans notre société capitaliste qui ne se vende ou s’achète. Les fossiles de dinosaures ne font pas exception. Et le phénomène n’est pas nouveau. En 1997, Sotheby’s vendit pour 8,4 millions de dollars un tyrannosaurus complet. Un record qui ne fut battu qu’en 2020, lorsque Stan, un autre tyrannosaure, fut adjugé par Christie’s pour le montant de 38 000 dollars. L’année dernière, c’est un stégosaure, baptisé Apex, qui établit une nouvelle référence record en atteignant la somme dingue de 45 millions de dollars.

Vulcain, le plus grand dinosaure jamais vendu aux enchères

Pour évoquer l’impressionnante évolution de ce marché hors du commun, nous avons rencontré Eric Mickeler. Ornithologue et paléontologue de formation, il est l’expert européen de la vente de dinosaures. C’est également à lui que, Florent Barbarossa et Olivier Collin du Bocage, les deux commissaires priseurs en charge de la vente de Vulcain, ont chargé d’estimer la valeur du plus grand dinosaure jamais présenté aux enchères.

Florent Barbarossa et Olivier Collin du Bocage; les deux commissaires priseurs responsables de la vente de Vulcain, posent devant le spécimen © Antoine Pascal

Eventail.be – Comment expliquez-vous le succès actuel des ventes de dinosaures ?
Eric Mickeler –
Plusieurs raisons peuvent expliquer cet engouement croissant. La première raison, c’est que les fossiles de dinosaures, ces “reliques de l’histoire de l’humanité” comme je les appelles, sont de plus en plus considérés comme des “oeuvres d’art naturelles”, au sens que donnaient les surréalistes à cette expression. De grandes galeries d’art internationales se saisissent de ces nouveaux objets d’art. D’année en année, avec les maisons de ventes et les galeries, le marché se structure. Ensuite, les dinosaures font d’excellents ambassadeurs commerciaux, des outils de communication pour les marques qui les acquièrent. Novartis a longtemps exposé le squelette de son allosaure sur son campus (avant de le prêter au Musée d’histoire naturelle de Bâle, ndlr), en faisant de lui un emblème de la société. Les entreprises qui les acquièrent bénéficient de la lumière et de l’aura de leurs dinosaures. Enfin, une autre raison est plus financièrement mécanique : l’intérêt pour les dinosaures grandit, le nombre d’acquéreurs augmente, mais les découvertes de dinosaures restent très stables (pas plus de 10 par an). L’offre ne peut donc satisfaire la demande en conséquence de quoi les prix s’envolent.

Eric Mickeler, le spécialiste européen de la vente de dinosaure et Vulcain, qui sera vendu demain © Antoine Pascal

– Il ne s’agit donc que d’une opportunité de marché spéculative ?
Non, pas seulement. Il y a d’autres raisons, plus générationnelles. La moyenne de l’âge des collectionneurs de dinosaures d’aujourd’hui se situe entre 35 et 55 ans. Ce sont les enfants de Jurassic Park d’hier. Ils ont grandi avec l’image du milliardaire fantasque et idéaliste John Hammond qui, dans le livre de Crichton, puis le film de Spielberg, ressuscite les dinosaures pour les offrir au grand public. En parlant de résurrection, acquérir un dinosaure d’une nouvelle espèce comme Vulcain, c’est également la possibilité, pour son futur propriétaire, d’être associé à la description scientifique de ce spécimen, et donc de participer à sa dénomination. Être en capacité de baptiser un dinosaure millénaire, c’est faire un pas vers une forme d’immortalité ou de reconnaissance éternelle.

Vulcain

– Mais cette spéculation n’est-elle pas une façon pour les propriétaires privés de confisquer des biens culturels à portée scientifique et donc d’intérêts publics ?
Chassons immédiatement un mythe : il n’y a pas, comme l’a un jour dit bien maladroitement un commissaire priseur parisien, de dinosaures de salon. Les propriétaires jouent parfaitement, dans l’écrasante majorité des cas, le jeu de la recherche scientifique. C’est quelque chose qu’il faut saluer. Quand un dinosaure arrive entre les mains d’un privé, c’est l’assurance pour la communauté scientifique d’y avoir accès dans les meilleures conditions, notamment de conservation (qui, vu l’âge et la taille de ces fossiles, est quelque chose de difficile à maintenir). Ensuite, ces propriétaires s’envisagent plutôt comme des mécènes que des collectionneurs. Sans leur aide et soutien, peut-être que la cote des fossiles de dinosaures ne serait pas aussi élevée, mais rien n’indique, sans cet intérêt privé, que les pouvoirs publics prendraient la relève pour autant. Sans ces grands mécènes, l’état des fouilles paléontologiques dans le monde serait au point mort par exemple. L’action des mécènes dans le domaine scientifique est du même ordre que celle des mécènes dans les milieux artistiques et culturels. C’est un vaste débat, mais, à l’heure actuelle, qu’on le déplore ou non, ils sont indispensables.

© DR/Shutterstock.com

– Pourquoi la vente de demain s’annonce-t-elle record ?
Pour des multiples raisons. La première, c’est la taille de Vulcain. Avec ses 20 mètres, c’est le plus grand dinosaure jamais vendu aux enchères. Or, l’on sait que la taille a une importance prépondérante dans la valeur d’un dinosaure sur le marché. C’est le gigantisme de ces animaux qui font leur prestige dans l’imaginaire collectif. Plus un dinosaure est grand, plus il a de la valeur. Ensuite, il est très complet. D’après les travaux préliminaires des scientifiques, notamment ceux Dr Foth (paléontologue et chercheur à l’université de Rostock) et du professeur belge Pascal Godefroid (paléontologue ayant assisté à la découverte de Vulcain), je peux annoncé un taux de complétude de plus de 80%. Or, dans cette matière, l’on parle de spécimen très complet à partir de 70%. L’excellent état de conservation de son crâne, partie particulièrement emblématique et symbolique d’un squelette, devrait également jouer en la faveur d’une enchère historique. Enfin, Vulcain appartient vraisemblablement à une espèce d’apatosaure encore inconnue et devra faire l’objet d’une description scientifique complète qui aboutira certainement à une nouvelle dénomination à laquelle sera évidemment associé son propriétaire.

© Antoine Pascal

– À la vue de tous ces éléments, votre estimation (entre 3 et 5 millions d’euros) paraît presque modeste…
J’ai, en effet, fait preuve d’une grande humilité. Je considère que c’est le marché qui nous donnera le véritable prix. Il n’est pas opportun de faire rêver des vendeurs ou d’inquiéter des acquéreurs.

L'évolution du marché du dinosaure

– Entre les mains de quel genre de collectionneur pourrait arriver Vulcain ?
Son acheteur est plus que probablement à chercher du côté d’un grand patron qui veut laisser une trace, un héritage dans l’histoire scientifique et culturelle de son pays, et qui voudra, à son niveau, participer à la connaissance universelle. Ensuite, sa taille le condamne presque inévitablement à terminer en prêt dans une institution. Tous les plus grands musées du monde qui se piquent de paléontologie se sont déjà manifestés pour accueillir Vulcain, le présenter au public et organiser sa description scientifique. C’est le cas, en Belgique, de l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique.

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Née à Namur en 1976, Charline Lancel vit et travaille à Bruxelles. Enseignante diplômée en 1998 avec Grande Distinction et Artiste auteur d’œuvres picturales, plasticienne, peintre numérique, Charline transmet au travers de ses visuels vibratoires, l’enseignement du mode de fonctionnement de l’esprit bipolaire et la dynamique énergétique du couple antédiluvien (les partenaires d’esprit). Ses oeuvres cosmiques créées par photo-manipulation, sont abstraites, géométriques, minimales, linéaires ou sphériques. Depuis 2007 Charline Lancel crée une collection de peintures numériques, remplies de lumière, de couleurs, de vibrations positives, de force et d’énergie.

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