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Alexis de Limburg Stirum

17 January 2023

Tout aurait dû aller pour le mieux entre eux. Lui, Boni, vingt-huit ans, fils ainé du marquis de Castellane, “des yeux bleus, un teint de porcelaine, la taille cambrée, la moustache frisée au fer, les cheveux blonds, gai et souriant, grave néanmoins, sentant la noblesse en toutes ses manières, un rien de glorieux, mais avec quelle aisance…” Il est la figure type du dandy de cette fin de siècle. On le dit “pourri de chic”.

Elle, Anna, dix-neuf ans, fille de Jay Gould, magnat américain des chemins de fer, est petite, crépue, poilue et ressemble à un singe déguisé en princesse, tels ceux peints par Christophe Huet pour la Grande Singerie du château de Chantilly. Mais elle est riche, très riche même. Sa dot s’élève à 15 millions de dollars de l’époque, soit près de 500 millions d’aujourd’hui. Pour Boni de Castellane, qu’à cela ne tienne ! Ils se marient en 1895, à New York.

Anna Gould, Boni de Castellane et de deux de leurs trois enfants. © DR

Anna Gould, Boni de Castellane et de deux de leurs trois enfants. © DR

De retour à Paris, le couple se fait construire un hôtel particulier avenue du Bois, aujourd’hui avenue Foch : 6000 m2 pourvus de tout le confort moderne et librement inspirés du Grand Trianon de Versailles. La façade, recouverte de marbre rose choisi par Boni lui-même, en Italie, lui vaut le surnom de Palais Rose. Les Castellane y organisent des fêtes somptueuses, accueillant jusqu’à 2000 invités, dont les souverains d’Espagne et du Portugal. Lorsqu’il faisait le tour de la maison avec ses amis, montrant le couloir menant à la chambre de son épouse, il aimait dire : “Voici mon chemin de croix” ou encore “voici le revers de la médaille”. Ils auront tout de même 3 enfants.

En 1897, les Castellane acquièrent le Walhalla, un trois mats de 70 mètres de long avec 120 hommes d’équipage, “une superbe opportunité”, selon Boni, ainsi que le château du Marais et ses 1200 hectares aux portes de Paris. Ils collectionnent les tableaux et meubles des XVIIe et XVIIIe siècles à un niveau encore jamais vu. En cinq années, la moitié de la dot a été dépensée. La famille Gould voit rouge. Anna aussi. Elle se lasse également des frasques de son mari volage, autant que de ses dépenses immodérées et demande le divorce en 1906. Pour se venger, elle épouse en 1908 Hélie de Talleyrand-Périgord, fils du prince de Sagan, 5e duc de Talleyrand et cousin de Boniface.

Toujours adepte d’un bon mot, Boni dira : ‘Les femmes ! Ah les femmes ! Elles sont comme l’argent : on aimerait pouvoir les jeter par la fenêtre”.

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