Christophe Vachaudez
06 November 2025
Non seulement, les relations étroites établies avec l’Égypte depuis le roi Léopold II font sans doute de la monarchie belge celle qui a éprouvé, au fil des générations, le plus grand intérêt pour le pays des pharaons, mais la firme à l’origine de la construction du musée n’est autre que Besix, un groupe d’ingénierie belgo-belge, fondé en 1909. Le souverain a ainsi reçu nombre d’explications quant aux défis que l’entreprise a dû relever : 490.000 m² de superficie, 250.000 m³ de béton, 210.000 m² de pavement en pierre, 10.000 tonnes d’acier, des plafonds jusqu’à 25 m de haut, aucun axe parallèle, un système de régulation de la température à toute épreuve et l’installation des œuvres les plus monumentales dans le bâtiment dont une statue du pharaon Ramsès II mesurant près de 11 mètres et pesant 100 tonnes !
© MFA
Outre les vastes espaces d’exposition, le musée comprend un cinéma, une caserne de pompiers, 28 boutiques, des restaurants, un complexe scientifique de 17 laboratoires, un secteur administratif et des réserves souterraines pouvant accueillir jusqu’à 100.000 objets. Un jardin de douze hectares plantés de palmiers apportent une touche verdoyante bienvenue à l’édifice qui ne mesure pas moins de 800 mètres de long ! Et pour la première fois les 5000 objets liés à la tombe de Toutankhamon seront exposés dans leur intégralité. Last but not least, c’est le studio visuel Dirty Monitor, basé à Charleroi, qui a été chargé du mapping vidéo sur les façades du musée, durant la cérémonie d’ouverture.
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Si le roi Felipe VI n’a fait qu’une courte escale au Caire car il venait d’effectuer un voyage officiel en Égypte, d’autres souverains en ont profité pour faire du tourisme. Comme le grand-duc Henri, la reine Mary de Danemark a longuement visité l’immense musée avant de poser devant les pyramides de Gizeh, toutes proches. Quant au roi Philippe, il s’est accordé un peu plus de temps et a rencontré le grand imam de la mosquée Al-Azhar, importante autorité spirituelle et intellectuelle du monde sunnite et figure de proue du dialogue interreligieux. Il a également tenu à visiter la nécropole de Saqqarah où des équipes belges continuent à mener des fouilles. Pour rappel, le duc de Brabant, futur Léopold II, sera le premier de la dynastie des Saxe-Cobourg à s’intéresser à l’Égypte. Il a ainsi entrepris un périple méditerranéen qui le conduisit de 1862 à 1863 en Algérie, en Tunisie, à Malte puis en Égypte. Il consigne quantité de détails dans son journal et imagine comment la Belgique pourrait échanger utilement avec ces pays. Enfin arrivé à Alexandrie, il découvre l’Égypte qui vit dans l’effervescence du percement du canal de Suez. Léopold parcourt le chantier, rencontre plusieurs fois Ferdinand de Lesseps qu’il tient en haute estime et visite les principaux sites archéologiques du pays, poussant même une pointe jusqu’au monastère de Sainte-Catherine du Sinaï.
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Mais la championne toute catégorie demeure la reine Élisabeth de Belgique qui éprouve une véritable fascination pour la civilisation des pharaons. Elle s’y rend pour la première fois en tant que reine en 1911, mais le vrai choc a lieu en 1923. Cette année-là, elle est la première visiteuse de marque à pénétrer la tombe de Toutankhamon nouvellement découverte par Howard Carter. Son guide à travers le pays n’est autre que Jean Capart, père de l’égyptologie belge et fondateur de la Fondation Égyptologique Reine Élisabeth. Un troisième voyage suivra en 1930 durant lequel la Reine s’intéresse à de nombreuses fouilles en cours. En 2023, la reine Mathilde et la princesse Élisabeth marcheront dans les pas de cette souveraine passionnée, une façon de soutenir l’archéologie belge présente aujourd’hui sur cinq sites égyptiens. Le roi Philippe s’inscrit donc parfaitement dans le sillage de ses ancêtres
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