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Christophe Vachaudez

17 August 2023

© Frédéric Ducout

Passionné d’architecture et de design, Hubert Bonnet, natif de Knokke, n’a pu résister et a acheté cette maison singulière conçue en 1936 par Louis Herman De Koninck, chantre belge du rationalisme. À l’époque de la construction, ses plans sont loin de faire l’unanimité auprès des décideurs de la station qui subit alors la dictature du style “cottage”. Les toits plats semblent proscrits et il faudra toute la persuasion de l’architecte pour que sa création sorte de terre. Un chalet baptisé La Casemate occupe l’endroit choisi, qui conserve aussi un bunker adjacent, encombrant témoignage de la Première Guerre mondiale. Il appartient à un avocat ucclois, maître Nestor Nice. Mais son fils Maurice souhaite disposer d’une nouvelle maison, dotée de tout le confort moderne, qui illustrerait aussi les nouveaux courants de l’architecture. Il s’adresse alors au bruxellois Louis Herman De Koninck (1896-1984), déjà auteur de nombreuses villas et de la toute récente résidence Fond’Roy, également à Uccle. L’intéressé, dont les démarches se basent sur la rigueur formelle, s’impose aussi comme designer. Son style géométrique et cartésien connaît un franc succès. Et voilà le projet lancé ! L’élaboration des plans, l’obtention du permis de construire, l’édification, la finition et l’ameublement de la maison ne prennent pas plus de cinq mois, un record en soi !

Un bunker et des dunes

© Frédéric Ducout

© Frédéric Ducout

À l’arrière, la villa jouxte un reliquat dunaire protecteur, alors que l’avant, percé de larges baies, s’ouvre pleinement vers le jardin, orienté plein sud. Le bunker disparaît soudain, habilement englobé dans la nouvelle construction. Son toit de plus de deux mètres de béton est devenu terrasse et ne gêne nullement l’ensemble, rythmé par les différences de niveaux de la toiture plate, autrefois encore plus marquées. En effet, des adjonctions apportées au bâtiment d’origine, en 1966 et 1971, modifient quelque peu son apparence générale avec, notamment, la perte d’un auvent arrondi au-dessus de la porte d’entrée et une perte de surface au niveau des terrasses.

© Frédéric Ducout

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Mais peu importe : la villa, déjà considérée comme un manifeste dans les années 1950, n’a rien perdu de sa cohérence. Ses cheminées apparentes qui dépassent ostensiblement, les fenêtres rondes pareilles à des hublots qui renvoient aux espaces sanitaires et l’emploi de coursives aux angles arrondis adoubent le style “bateau” ou “transatlantique” qui a inspiré le nom qu’elle porte.

Les années s’écoulent et quand cette création de Louis-Herman Koninck passe entre les mains d’Hubert Bonnet, la restauration semble plus que nécessaire. Cet achat coup de cœur mérite bien quelques efforts ! L’étude est confiée au cabinet d’architectes bruxellois Fronton qui prend alors les rennes du chantier. Au fil des travaux, les surprises surgissent. Il faut ainsi renforcer l’assise du bâtiment qui dispose de fondations rudimentaires et semble presque posé sur le sable. On en profite pour installer un chauffage au sol, notamment sous les parquets du rez-de-chaussée. Les terrasses sont revalorisées par le percement d’une baie d’accès au niveau du bureau et les briques des soubassements, abîmées, sont changées. On les récupère et, posées sur le champ, elles servent bientôt à aménager les abords de la longue piscine tapissée de marbre vert du Brésil. Quant aux châssis, jadis peints en noir, ils retrouvent leur couleur orangée d’origine et reçoivent un double vitrage. Après grattage de l’enduit des murs, on opte pour un crépi à la tyrolienne, sans doute le plus approchant de celui qu’avait choisi De Koninck. Enfin, les fenêtres ont conservé leur seuil en schiste, pareil à celui utilisé pour les couvre-murs des terrasses.

© Frédéric Ducout

© Frédéric Ducout

© Frédéric Ducout

© Frédéric Ducout

L’intérieur a subi la même cure de jouvence sous la houlette de l’architecte Alain Delogne, garant de la qualité de la rénovation jusque dans les moindres détails. Au niveau des sols, les parquets d’origine ont été rafraîchis, tandis que les granitos ont été reconstitués.

© Frédéric Ducout

© Frédéric Ducout

© Frédéric Ducout

© Frédéric Ducout

Dans la cuisine, on y même amalgamé des tessons de bouteilles de Perrier, de quoi apporter une touche colorée bienvenue à l’univers des placards Cubex dont on doit la paternité, eh oui, à un certain Louis Herman De Koninck ! Nées des recherches d’Yvonne Trouard-Riolle et adaptées par le designer belge à l’aube des années 1930, ces cuisines connaîtront un engouement retentissant, commercialisées durant plus de trente ans. Aujourd’hui, la marque revit et a renoué avec le succès grâce à l’entrepreneur belge Xavier De Breucker qui, coïncidence, réside lui aussi dans une maison signée Léon Herman De Koninck ! Voilà qui permet désormais de réassortir à volonté des ensembles existants. Non loin de la cuisine, on peut accéder au bunker qui, heureuse idée, a été transformé en cellier.

Jules Wabbes, Alvar Aalto et Sol LeWitt

© Frédéric Ducout

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Côté salles d’eau et salles de bains, De Koninck a opté pour les briques de verre dites “Norma-Lux” afin d’amener la lumière, tout en préservant l’intimité des occupants. Fabriquées selon un principe mis au point par Hendrik Petrus Berlage de l’école d’Amsterdam, elles ont été améliorées par notre génial architecte au point qu’il a pu déposer un brevet dès 1930. Chacune est habillée de carrelages Winckelmans d’un ton différent, du vert pistache au bois de rose, du jaune moutarde au bleu turquoise. Dans chaque pièce, on a repris les prises et les interrupteurs Berker munis d’une rondelle en verre transparent, ce qui permet de les adapter à chaque pièce en peignant la plaquette arrière de la couleur ad hoc.

© Frédéric Ducout

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Et si le mobilier des chambres a été exécuté sur mesure, celui du vaste living et des pièces de vie porte les noms des plus grands designers. Ainsi, une table du renommé Jules Wabbes (1919-1974) se détache, dans la salle à manger, devant une fresque murale colorée due à Sol LeWitt (1928-2007). La plupart des luminaires et du mobilier illustre l’esprit créateur du designer et architecte finlandais Alvar Aalto (1898-1976), l’un des artistes favoris du propriétaire. Au sol, un tapis a été recréé d’après des vitraux existants de Louis Herman De Koninck, un élément qui contribue de belle façon à l’harmonie du living, espace de détente par excellence, largement ouvert ici sur l’extérieur.

© Frédéric Ducout

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Le jardin a, lui aussi, bénéficié d’un lifting supervisé par Dominique Eeman, paysagiste vedette de Knokke. Les talus ont été savamment remodelés et une installation en galets de Richard Long domine maintenant la pente douce gazonnée qui descend vers la piscine. La Villa Paquebot offre un retour inédit au cœur des années 1930, un univers d’une modernité vivifiante, tout à fait unique à Knokke. Et si le cœur vous en dit, on peut parfois louer la Villa Paquebot, une expérience inoubliable !

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