François Didisheim
13 June 2025
Loin de remplacer les agents immobiliers, l’intelligence artificielle leur offre de nouveaux outils capables d’optimiser leur quotidien. Les tâches répétitives comme la rédaction d’annonces, la gestion administrative ou la planification des visites peuvent être automatisées, permettant aux professionnels de se recentrer sur l’essentiel : le conseil, la négociation et l’accompagnement personnalisé. Les algorithmes prédictifs, en analysant de vastes volumes de données, affinent les stratégies tarifaires et facilitent les prises de décision. La réalité augmentée, quant à elle, révolutionne les visites en proposant des explorations virtuelles en 3D, où il devient possible de modifier l’aménagement, les couleurs ou de simuler des travaux d’aménagement, sans même pénétrer physiquement dans le bien. Parallèlement, les chatbots assurent un premier niveau d’échange avec les clients, répondant aux questions juridiques et fiscales et générant rapidement les documents nécessaires.
L’intelligence artificielle bouleverse également la manière d’analyser les fluctuations du marché immobilier. Grâce au traitement de millions de transactions, les algorithmes identifient des tendances émergentes et prévoient les évolutions des prix. De multiples facteurs sont pris en compte : historique des transactions, démographie, projets d’infrastructure, taux d’intérêt. Les vendeurs peuvent ainsi optimiser leur prix de vente, tandis que les acheteurs bénéficient d’une meilleure visibilité sur le moment opportun pour investir. Les investisseurs institutionnels, de leur côté, repèrent des zones de croissance avant qu’elles ne soient saturées.
La gestion immobilière bénéficie elle aussi de ces innovations. L’intelligence artificielle facilite la gestion des demandes des locataires, accélère les interventions de maintenance et optimise la gestion des actifs en temps réel. Dans les smart buildings, capteurs et systèmes automatisés régulent la consommation énergétique, ajustent température et éclairage, tout en réduisant les coûts et en améliorant le confort des occupants.
Avec la montée en puissance des visites virtuelles immersives, les acheteurs peuvent désormais visiter des biens en 3D, et donc apprécier leurs atouts modulables ou multifonctionnels, sans se déplacer physiquement. © DR/Shutterstock.com
Si l’intelligence artificielle constitue un levier d’innovation majeur, elle présente néanmoins ses limites. La qualité des données exploitées reste déterminante. Sur des marchés fragmentés ou mal documentés, les analyses peuvent se révéler approximatives. De plus, la machine ne perçoit pas les subtilités propres à chaque bien : son histoire, ses singularités, ou encore ces détails qui déclenchent parfois un véritable coup de cœur chez l’acheteur.
L’avenir de l’immobilier ne réside pas dans le remplacement des professionnels par les machines, mais bien dans l’équilibre entre l’automatisation des tâches et la préservation de l’intuition humaine. Si l’intelligence artificielle excelle dans le traitement de données massives, elle demeure incapable d’appréhender la dimension affective et émotionnelle qui fait souvent toute la différence dans une transaction immobilière.
Le sujet a été largement abordé le mardi 10 juin lors du Forum Lobby Immobilier, consacré au thème “Durable, modulable et multifonctionnel : tel sera l’immobilier de demain”. Ce même jour est paru également le nouveau numéro du magazine Lobby, avec un dossier complet consacré à l’intelligence artificielle dans le secteur.
Article inspiré par la newsletter de Lobby du 6 juin 2025 écrite par Françoise Wallyn et François Didisheim, fondateur de Lobby. Retrouvez la revue des cercles du pouvoir, ici
Photo de couverture : Les données collectées par l’I.A. incluent, entre autres, les besoins logistiques dans un secteur géographique clé, pour par exemple identifier des zones de croissance avant qu’elles ne deviennent trop chères. © DR/Shutterstock.com
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