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Sybille Wallemacq

09 May 2019

© Nathalie Gabay

Eventail.be – Avez-vous vu le reportage ? Qu'en pensez-vous ?

Sophie Helsmoortel – Je pense qu'il y a un manque de savoir, de connaissances et que beaucoup de personnes sont « victimes » de la machinerie, de la mise en place du marketing de grosses sociétés. Ce dernier ayant d'ailleurs fait leur succès ! La formule du marketing est payante mais le client est victime : ses références ne sont plus bonnes et il a perdu la notion de qualité et du prix juste des choses. Il y a cet adage : « Je ne suis pas assez riche que pour ne pas acheter cher ». Ce qui veut en fait dire, il vaut mieux acheter moins mais mieux... (...) Je trouve qu'il y a des choses simples mais bien faites qui pourraient - devraient ? - être vendues beaucoup plus chères.

 « La vraie transparence est compliquée » - Sophie Helsmoortel

- Quel serait votre propre définition du luxe ?
- Je dirais que chacun a sa propre définition du luxe. Le luxe peut être du sur mesure, de l'exclusif, quelque chose qui ne soit pas bling bling mais un objet vraiment personnalisé qui est considéré comme quelque chose de rare, d'unique. À nos yeux. C'est très personnel. Pour certaines personnes non matérialistes, cela pourrait être se retrouver sur une île déserte, pour des fans de voitures anciennes, cela peut être participer à un rallye de vielles voitures, pour un amoureux de cuisine, cela serait de passer une semaine avec un grand cuisiner. (...) À ce niveau la il n'y a pas de jugement à faire tellement c'est personnel. Par contre on peut associer dans le sujet du luxe les termes de savoir faire, artisanat, qualité, exclusivité. Et on passe alors à autre chose, et c'est une démarche que l'on fait. Comme par exemple se dire, je ne mange que des légumes de saison car c'est plus juste ; ou encore acheter des jouets pour ses enfants qui sont faits en Europe.

 
© DR

- Parce qu'on est à la recherche d'une certaine tradition dans le savoir faire ?
- Oui, mais les choses ne sont pas nécessairement utilisées ou produites comme avant. Les normes ont changé et sont parfois devenues tellement importantes mais le savoir faire est là et se reconnaît. Tous les objets qui ont été faits dans les règles de l'art ; que cela soit des bijoux, de la menuiserie ou du recouvrement de fauteuil, cela se voit. C'est comme les pièces de haute couture de la maison Christian Dior qui sont faites. Ce sont des vrais chefs d'œuvre !

 © DR/Shutterstock

- Ce n'est pas pour rien que l'exposition Designers of dreams a rencontré un tel succès...
- Oui, cette partie là du luxe existe toujours mais très peu de gens y ont accès. Les gens qui y ont accès ne l'exposent pas. On voit l'autre partie de l'iceberg, celle des grandes quantités et des sacs édités à des millions d'exemplaire. On n'est pas dans la même catégorie. Et cette dernière (de la quantité, ndlr) fait rêver les gens qui n'ont pas accès aux produits 'extra' ordinaires. Je pense que l'on pourrait dire que les gens qui travaillent dans le vrai luxe sont des gens qui ont comme priorité le savoir faire et l'excellence. Leur priorité n'est pas de gagner de l'argent et cela le mérite. Leur moteur n'est pas là.

© DR/Shutterstock

- Et avec Cachemire Coton et Soie, comment vous rattachez-vous à ces valeurs ?
- Depuis 30 ans mes fils conducteurs ont toujours été la qualité, une certaine exclusivité et surtout une différence. La différence que l'on va trouver dans le choix mais aussi dans la grande exigence que j'ai quant au produit que j'apporte. Et aussi, je m'attèle à avoir un rapport qualité-prix qui soit juste. Je ne pense pas vraiment qu'ici on doive parler de luxe. Ce sont des créations artisanales, bien faites, etc. mais pas dans du luxe inabordable. Ce n'est pas du tout mon objectif.

- Et en tant que présidente du BEL (Brussels Exclusive Labels), quelle qualité garantissez vous ?
- Ce fait 80 ans que le BEL représente des commerces et des artisans bruxellois de qualité. L'objectif de l'association est de faire connaître les marques du BEL aux consommateurs afin de leur garantir qualité, service et exclusivité.

© Cachemire Coton et Soie

- Et est-il possible de déterminer des critères objectifs de qualité ?
- C'est très très difficile. Car finalement, chacun ne montre que la face qu'il veut bien montrer. (...) La vraie transparence est compliquée. C'est comme pour tout.

- Et pensez-vous qu'un jour l'homme pourra arrêter d'être méfiant vis à vis de ce qu'il consomme ?
- Non, je ne crois pas, car l'être humain est comme cela. Ce serait un peu utopique. On fait des lois et on a des contrôleurs des lois pour contourner ce qui contournent la loi.

 © DR/Shutterstock

- Et ne pensez-vous pas qu'un changement de mentalité puisse s'opérer ?
- En tous cas, on ne peut pas attendre que tout se passe par les lois. Il faut que le consommateur, nous, soyons responsables de nos actes et de nos choix.

- Cela passe par l'information ?
- De la formation, de la culture, par la curiosité des gens et puis il faut aussi exiger de la transparence.

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