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Le retour du prince du Saïd, héritier des rois d’Égypte

EgypteGothaPortraitPortrait Gotha

Christophe Vachaudez

25 November 2025

La décision a été mûrement réfléchie et, après des années passées à Paris, le prince du Saïd, héritier de la dernière dynastie égyptienne, a décidé de renouer avec la terre de ses ancêtres et de s’installer au Caire afin de raviver la mémoire d’un peuple qui a vécu son dernier âge d’or sous le règne de son grand-père, le roi Farouk.

Le fils aîné du roi Fouad II a souhaité que ses jumeaux grandissent proches de leurs racines et, en accord avec son épouse, il a pu concrétiser ce retour inespéré. Né dans le plus grand secret sur le sol égyptien grâce à la permission accordée à l’époque par le président Anouar el Sadate, le prince Mohamed Ali a vu le jour au Caire le 5 février 1979. Il a grandi loin de son pays mais n’a jamais perdu espoir d’y revenir. L’obtention d’un passeport égyptien en 2020 lui a permis d’envisager sérieusement le projet. Même si la révolution a aboli la monarchie en 1953, le règne des derniers souverains d’Égypte est aujourd’hui considéré par les historiens comme une période prospère. Le 26 juillet 1952, le roi Farouk croit pouvoir apaiser les velléités républicaines en abdiquant en faveur de son fils, seulement âgé de sept mois.

Mohamed Ali pose aux côtés des trois derniers rois d’Égypte

Mohamed Ali pose aux côtés des trois derniers rois d’Égypte : son père le roi Fouad II, un portrait de son grand-père, le roi Farouk, et une sculpture de son arrière-grand-père le roi Fouad Ier. © DR

Après une régence d’un an, la famille est pourtant contrainte à l’exil, d’abord en France, puis en Suisse. Fouad étudie à l’institut du Rosey entouré de l’affection de ses sœurs les princesses Ferial, Fawzia et Fadia. Le 16 avril 1976, il épouse à Monaco Dominique-France Picard, rebaptisée Fadila après sa conversion. Trois enfants naîtront : la princesse Fawzia Latifa, en 1982, le prince Fakhr Eddin, en 1987, et le prince Mohamed Ali, l’aîné, héritier des droits dynastiques. Sans l’avoir vraiment connu, le Roi vit dans la nostalgie et rêve de renouer avec son pays. Il communiquera cette envie irrépressible à ses enfants et le Souverain, qui peut maintenant rentrer en Égypte quand bon lui semble, s’est réjoui de la décision de son fils auquel il rend d’ailleurs visite régulièrement. Comme son père, le prince du Saïd a étudié à l’institut du Rosey, puis s’est dirigé vers le droit et le journalisme, avant de travailler dans le secteur de l’immobilier. Il a uni sa destinée à la princesse Noal Zaher, petite-fille du dernier roi d’Afghanistan, le 30 août 2013, lors d’un mariage de conte de fée au palais Çirağan d’Istanbul. Le couple accueille des jumeaux le 12 janvier 2017, une fille, Farah-Noor, et un garçon qui reçoit les prénoms de Fouad-Zaher, en hommage à ses aïeux royaux.

Le Prince visitant une exposition de clichés du photographe suisse Frédéric Boissonnas

Le Prince visitant une exposition de clichés du photographe suisse Frédéric Boissonnas (1858-1946). © DR

Restaurer la mémoire de la famille royale

Depuis que le président Abdel Fattah al-Sissi a déclaré que la famille royale faisait partie de l’histoire de l’Égypte, le Prince se sent plus que jamais investi d’une mission : “Celle de travailler à la préservation et à la transmission de l’héritage historique, culturel et artistique de la famille royale égyptienne”. Afin de restaurer la mémoire de la dynastie, il aimerait d’ailleurs créer une fondation. Mais pour l’heure, il prend plaisir à parcourir le pays dont il a été si longtemps privé et sillonne en tous sens la ville du Caire qui recèle tant de souvenirs des descendants de Méhémet Ali, le fondateur de l’Égypte moderne dont il porte le prénom et dont il descend en ligne directe. Un portrait de ce gouverneur puissant qui tenta de libérer le pays du joug ottoman trône d’ailleurs dans le salon du prince du Saïd. Depuis son arrivée, Mohamed Ali est allé se recueillir sur sa tombe, seul ou avec ses enfants, dans la grande mosquée située non loin de l’antique citadelle de Saladin. Il s’est perdu au cœur de la cité des morts, la plus vaste et plus ancienne des nécropoles du Moyen-Orient, un lieu classé au Patrimoine mondial de l’Unesco et cher au cœur des Cairotes qui y habitent pour veiller sur les défunts. Aujourd’hui, il est pourtant menacé par la construction d’une autoroute.

Le prince du Saïd, héritier des rois d’Égypte, et son épouse la princesse Noal

Le prince du Saïd, héritier des rois d’Égypte, et son épouse la princesse Noal. © DR

Le Prince a passé des vacances à Edfou, rejoint par son père et sa sœur, dans cette ville du Sud de l’Égypte connue pour monumental temple d’Horus. Il a également exploré l’oasis de Siwa, un paradis verdoyant proche du désert lybique. Tant de lieux demeurent à découvrir ! Mais cette réappropriation progressive s’accompagne d’un intérêt profond pour la société, ses traditions et ses projets. Ainsi, il a rendu visite à un calligraphe dont la famille a servi le roi Fouad Ier et le roi Farouk. Ce dernier perpétue un art infiniment élégant qui a traversé les âges. Dans le cadre de la semaine de la photo, en mai de cette année, il a inauguré une exposition sur les clichés pris en 1929 par le photographe suisse Fred Boissonnas. À la demande du roi Fouad Ier, ce dernier avait parcouru l’Égypte, du Soudan au Sinaï, laissant un ensemble de vues d’une beauté poétique.

Le couple princier et leurs enfants, Fouad et Farah

Le couple princier et leurs enfants, Fouad et Farah. © DR

Au Wissa Wassef Art Center créé en 1951, le Prince a rencontré des femmes qui tissent à la main des tapisseries figurant des paysages et des scènes de la vie quotidienne, s’adonnant elles-mêmes à la teinture des fibres, un procédé auquel il a assisté en compagnie de son père et de ses enfants. On retrouve le même élan créatif sous l’égide du World Art Forum for Development Foundation qui encourage l’utilisation de matériaux recyclés afin de stimuler l’imagination. L’exposition des œuvres avait lieu au palais Sultana Malak, l’un des nombreux édifices somptueux que l’aristocratie et la famille royale ont fait édifier au Caire. Le Prince y était ! Parmi eux, le palais d’Abdine abrite aujourd’hui cinq musées. L’avenir s’annonce donc plein d’espoir pour le prince du Saïd et sa famille, comme un juste retour des choses.

Joyaux dynastiques

Chroniques royales

L’exposition organisée conjointement par le V&A et la collection Al Thani à l’hôtel de la Marine nous permet de clore l’année royale sur une note scintillante. Une myriade de diadèmes, des pierres non montées issues des collections du musée de minéralogie de Paris, de précieux bijoux de la reine Victoria, de l’impératrice Catherine II, de la reine Elisabeth de Belgique, de l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, ou encore des duchesses de Portland ou de Manchester, autant de prétextes pour aborder sans réserve une symbolique riche et complexe.

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