Gustave Caillebotte : Peindre les hommes

Parmi les figures masculines peintes par le “chroniqueur pictural de l’existence moderne” 2 mort prématurément voici 130 ans, les célèbres Raboteurs de parquet, présentés au milieu d’études, nous introduisent dans l’art novateur et presque cinématographique du maître des vues en plongée et contre-plongée, et des douces harmonies de bleus argentés et de jaunes mordorés. Si nous admirons aujourd’hui ce morceau de bravoure du réalisme, il faut se rappeler que le tableau fut refusé au Salon de 1875 par les tenants de l’art officiel condamnant la vulgarité d’un sujet populaire aux relents révolutionnaires… Jeune rentier devenu le mécène du groupe des Impressionnistes en achetant des toiles à Renoir, Degas, Cézanne, Monet, Sisley, Pissarro…, Caillebotte a pour modèles de prédilection les passants des rues de son quartier, qu’il peint depuis son balcon, les canotiers avec lesquels il navigue sur l’Yerres ou sur la Seine, mais aussi les ouvriers, tels ces Peintres en bâtiment où, selon les commissaires de l’exposition, “se lit une vraie admiration, voire un sentiment d’identification de l’artiste avec ces travailleurs manuels, artistes à leur façon”.

Photo de couverture : Gustave Caillebotte, Les Raboteurs de parquet © musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais : Patrice Schmidt

1. Céline Lagarde (1873-1961), photographe et Harriet Backer (1845-1932), la musique des couleurs, jusqu’au 12 janvier.
2. Selon les mots du critique Gustave Geffroy.