Artiste plasticienne diplômée de La Cambre (2014), Justine Bougerol explore à travers ses installations, imaginées in situ, les questions liées à l’espace, à la maison natale, aux souvenirs réels et imaginaires. Elle interroge la nostalgie de ses lieux familiers, mais aussi les histoires passées que le temps et la subjectivité ont peu à peu érodées, voire transformées. L’artiste titille les frontières ténues entre intérieur et extérieur, espace vide et plein, volume clos et ouvert. Son travail nous invite à plonger dans un espace mental offrant à notre imagination l’occasion de s’évader. Un voyage intime dans lequel la mélancolie se mêle à la tristesse, l’absurde se marie à l’étrange. Dans chaque lieu qu’elle investit, Justine Bougerol invite une ambiguïté amenant le spectateur à questionner ses perceptions habituelles pour composer une narration nouvelle. Entre illusions d’optique, changement d’échelles, manipulation de perspectives, entreprise de fragmentation, l’artiste bouscule nos repères spatiaux et temporels. Les notions de profondeur et de mises en abîme apparaissent continuellement.

Après États des lieux (MusVerre, 2019) et Strata (Centrale.LAB, 2000), Justine Bougerol présente sa 3^e exposition personnelle. Intitulé Quelques lueurs, l’événement sonne la fin de sa résidence de trois ans à la MAAC, Maison d’Art Actuel des Chartreux.

“Il faut souffler sur quelques lueurs pour faire de la bonne lumière” – (René Char)

Cette large présentation, dont le titre est directement emprunté à René Char (poème Les Matinaux), est constituée de trois installations in situ. La première fait directement référence au travail de Gordon Matta-Clark avec une intervention faisant communiquer le rez-de-chaussée et le sous-sol de la galerie. Les deux autres, respectivement baptisées L’Autre Rive et Le Corps des larmes, s’inspirent de l’ouvrage de Gaston Bachelard (L’Eau et les rêves). À ces deux installations s’ajoutent des photographies et des croquis techniques.

Quel que soit le chemin emprunté, toutes les lectures de l’œuvre de Justine Bougerol conduisent au contemplatif, interrogeant le potentiel onirique qui se dégage d’une image matérielle. Un voyage dans l’intimité de la matière et de l’espace, avec escale dans des dimensions insondables…

En couverture : Strata, 2020 © DR