Conçue par l’Académie de France à Rome et les Beaux-Arts de Paris, l’exposition regroupe plus de 150 “œuvres” originales donnant à voir le trait tour à tour inspiré, farceur ou rageur, transgressif ou régressif, expérimental ou libératoire… Loin du dessin académique, ces formes graphiques libres, évoquant tantôt les dessins d’enfants, tantôt quelque divagation calligraphique en marge de manuscrits, tantôt des graffiti, ont l’étonnant pouvoir d’abolir le temps. À l’instar de Jean Dubuffet, qui en appelait à un “art brut” vierge de toute codification esthétique, le gribouillage semble faire table rase de toute injonction ou préméditation (dans le double sens de “dessin” et de “dessein” du terme italien disegno) et ne s’en remettre qu’à l’impulsion.

On est frappé ainsi par l’étonnante promiscuité entre le Profil de vieillard de Léonard de Vinci et le visage tracé à la craie, les yeux fermés, par Matisse (pris en photo devant son larcin par Brassaï), ou même avec la Tête de Rembrandt, garnie de “griffonnements”… Quant aux sublimes griffonnages de Cy Twombly, on se demande par quel miracle ils nous font entendre la musique des sphères…

En couverture : Cy Twombly, Delian Ode n°19, août 1961, craie grasse, crayon, crayon de couleur et stylo à bille sur papier, 33,3 x 35,3 cm Collection privée, Paris / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon © Cy Twombly Foundation