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L'homme qui tua Don Quichotte, une comédie d'aventures déjantée

Corinne Le Brun

25 July 2018

© Diego Lopez Calvin

Le film le plus (in)attendu de Terry Gilliam a clôturé le 71e Festival de Cannes et ouvert la première édition du BRIFF. Spectaculaire avec une mise en scène colorée parfois soûlante, le Don Quichotte de Terry Gilliam revisite le roman picaresque de Cervantès, lui donnant une version moderne.

Toby (Adam Driver) revient dans le village espagnol où il avait réalisé son film de fin d'études adapté de Cervantès avec un cordonnier en Don Quichotte (Jonathan Price). Les souvenirs l'assaillent...Terry Gilliam a défié les moulins à vent pendant vingt-cinq ans pour que son projet aboutisse. La folie et la mise en abîme (tournage d'un film dans le film) sont évidentes. La comédie d'aventures, parfois confuse, irrite parfois, fait rêver souvent. Sergí Lopez et Joana Ribeiro font partie du casting maintes fois renouvelé. Un tournage fou fou qu'ils n'oublieront pas.

Eventail.be  - Comment s'est faite la rencontre avec Terry Gilliam ?
Sergí Lopez - Par mon agent français, j'avais appris que Terry Gilliam voulait me parler. Un appel de la part de ce monsieur-là est énorme, on ne peut que dire oui. Terry est plus fort que les éléments, son énergie est contagieuse, il travaille sans complexe. C'était passionnant de le suivre dans ses fantasmagories. Je me suis laissé emporter par lui. C'était le boss. Il a eu toutes les catastrophes mais il a toujours cru à sa bonne étoile. Je suis une toute partie dans cette histoire folle. Je faisais partie des derniers jours de tournage, dans une ferme dans la vraie Mancha, proche de Madrid. J'incarne un fermier mais cela pourrait être un migrant, un bandit, un honnête homme caché quelque part dans la campagne espagnole.

 
 © Alberto Terenghi/Cannes / Ipa/Empics Entertainment/Photo News

Joana Ribeiro - Il y a deux ans, j'ai rencontré Terry au Portugal qui recherchait une actrice portugaise pour le rôle d'Angelica. Même après le départ du producteur Paulo Branco, Terry a voulu me garder. En parlant avec lui, autour d'une tasse de café, il a senti intuitivement que j'étais Angelica. Terry avait cette vision que cela pouvait marcher à côté d'Adam Driver, Jonathan Price, Stellan Skarsgard, Olga Kurylenko ... Il m'avait choisie et j'avais peur. Je me sentais responsable, je devais être crédible. Jamais, je n'aurais pensé pouvoir travailler avec Terry Gilliam. C'est incroyable.

- Vous avez lu le roman Don Quichotte de la Mancha ?
S. L. - Oui, plusieurs fois. C'est une œuvre énorme, de la littérature et de l'anti-système. Au lieu d'être un conquistador, Don Quichotte est un dieu fou épris de liberté. Ce roman pose la question du pouvoir, en plus de la qualité littéraire.

 
© Diego Lopez Calvin 

J. R. - Je l'avais lu quand j'étais petite, dans une édition pour enfants. C'est un livre dans lequel il est très difficile d'entrer. Pendant le casting, pour l'audition, je suis allée chez mes grands-parents qui possèdent la première édition de la traduction en portugais.

- Vos impressions lors de la projection à Cannes ?
S. L. - L'attente était tellement longue que Cannes était le meilleur endroit pour présenter le film, enfin abouti. Il a été vu par des milliers de personnes. C'était très émouvant. J'ai vu le film pour la première fois au Festival. Cannes a sauvé le film en quelque sorte.

 
© Piero Oliosi/Polaris/Photo News

J. R. - J'ai vu le film la veille de sa projection officielle (rire). Nous étions tous là pour soutenir le film et Terry, à la fois heureux et épuisé. Je ne sais pas si c'est un film testament mais je souhaite que Terry (NDLR: 78 ans) continue à réaliser. Il paraît que son prochain film aura pour thème la mort. Ce sera tragique et drôle, évidemment.

L'homme qui tua Don Quichotte,
de Terry Gilliam
Avec Jonathan Price, Adam Driver, Stellan Skarsgard, Olga Kurylenko, Joana Ribeiro, Sergí Lopez
En salle

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