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Arte povera à la Bourse de Commerce

ArtArte PoveraBourse du Commerce - Pinault CollectionExpoExposition

Stéphanie Dulout

28 October 2024

Composée à partir d’une cinquantaine d’œuvres de la collection Pinault mises en correspondance avec celles d’autres collections prestigieuses, publiques ou privées, l’exposition dédié à l’Arte povera que présente la Bourse de Commerce s’apparente à un vaste paysage à arpenter, semé d’étrangetés.

Un bloc de granit garni d’une boussole (Giovanni Anselmo), une feuille d’or suspendue (Luciano Fabro), une branche posée sur un lit de verdure (Pier Paolo Calzolari), une fleur d’acier au pistil enflammé (Jannis Kounellis)… La nature y est conviée en toute simplicité, puisqu’il s’agit d’“art pauvre”, mais non sans subtilité, pour être transcendée. Dotées d’une charge symbolique et poétique puissante, les œuvres hybridant la nature brute et l’artefact de l’Arte povera s’offrent, en effet, comme des espaces de rêve. Ainsi des igloos festonnés de phrases inscrites en néon de Mario Merz, mis en scène sous l’hémicycle de verre coiffant la rotonde de la Bourse de Commerce : ”Petites maisons à la frontière du vide et du plein”, ”symboles du monde”, selon l’artiste, ces abris sont ”des lieux pour rêver”1.

Ayant émergé en Italie dans les années 1960, le mouvement de l’Arte povera s’inscrivait “à rebours des forces déshumanisantes du consumérisme”, pour “inventer un nouveau rapport au monde”1 et reprendre “possession de la réalité”2, en puisant, notamment, à la source du “processus vital” et du “rythme organique de la nature”. En utilisant des matériaux simples et naturels (tels que la terre, les pierres, les arbres, le charbon, les cheveux ou les plumes) ou artificiels (plaques d’acier inoxydable, lingots de plomb, ampoules électriques, tubes de néons…) pour créer des installations élémentaires, les protagonistes de l’Arte povera cherchaient non pas à représenter le monde mais à le réinventer. “Entre alchimie, archaïsme, panthéisme, phénoménologie et conscience politique tournée vers la place de l’être humain dans l’univers”, on les voit puiser dans la nature pour chercher à en livrer la “substantifique moelle”.

Mario Merz, Che fare?, 1968, cire, tube fluorescent dans un récipient métallique, 14,5 × 45 cm. Courtesy de la GAM – Galleria Civica d’Arte Moderna e Contemporanea (Turin) / Fondazione Guido ed Ettore De Fornaris. © Adagp, Paris, 2024.

Marisa Merz, Senza titolo, 1979, bois, cuivre, 25 × 40 × 30 cm. Collection du Castello di Rivoli Museo d’Arte Contemporanea, (Rivoli-Turin). Photo : Paolo Pellion. © Adagp, Paris, 2024.

Avec sa Fibonacci sequence (1984), une série de chiffres en néon inspirée de la suite mathématique exponentielle de Fibonacci (XIIIe siècle), installée sur le pourtour extérieur de la Bourse de Commerce, Mario Merz nous parle de la croissance de l’univers et du “processus énergétique en expansion”, tandis qu’avec son arbre en bronze, garni de pierres géantes et dorées à la feuille d’or, planté à l’entrée de l’ancienne Bourse, Giuseppe Penone évoque “les chemins de la pensée” et “le poids du souvenir”.

Pier Paolo Calzolari, Oroscopo come progetto della mia vita, 1968, structure de glace, plomb et réfrigérateur, 325 × 386 cm, Pinault Collection. Courtesy de la Galleria Christian Stein (Milan). © Adagp, Paris, 2024

Giuseppe Penone, Alpi marittime — Ho intrecciato fra loro tre alberelli, 1968-1985, tronc de frêne, 320 × 80 × 25 cm. Pinault Collection ; Giuseppe Penone, Alpi marittime — Albero, filo di zinco, piombo, 1968-1985, tronc d’aulne, fil de zinc, fils à plomb, 370 × 57 × 47 cm. Pinault Collection ; Giuseppe Penone, Alpi marittime — Mi sono aggrappato a un albero, 1968-1985, tronc d’aulne, fil de zinc, fils à plomb, 422 × 110 × 60 cm. Pinault Collection. Courtesy du Castello di Rivoli Museo d’Arte Contemporanea (Rivoli-Turin). Vue d’exposition au Castello di Rivoli Museo d’Arte Contemporanea (Rivoli-Turin), 1991. Photo : Gérard Rondeau. © Adagp, Paris, 2024.

À l’intérieur, Pier Paolo Calzolari avec ses Materassi (1970), une installation de six matelas maintenus par des tubes réfrigérants, se couvrant progressivement de givre sur fond de blancheur spectrale, met en scène l’énergie qui anime et métamorphose les choses, tandis que Lucio Fontana, avec ses toiles perforées, et Piero Manzoni, avec ses Achromes, nous parlent d’infini…

1. Emma Lavigne, conservatrice générale et directrice générale de la Collection Pinault.
2. Germano Celant, critique d’art italien considéré comme “l’inventeur” et le théoricien de l’Arte povera.

Photo de couverture : Alighiero Boetti, Mappa, 1972-1973, broderie, 150 × 230 cm. Pinault Collection. Photo : Antonio Maniscalco. © Adagp, Paris, 2024.

Arte Povera : la nature réinventée à la Bourse de Commerce

Arts & Culture

La Bourse de Commerce consacre une exposition à l’Arte povera, rassemblant des œuvres de la collection Pinault et de collections prestigieuses pour explorer ce mouvement italien qui sublime la simplicité des matériaux bruts.

France, Paris

Du 09/10/2024 au 20/01/2025

Informations supplémentaires

Exposition

Arte Povera

Dates

Du 9 octobre 2024 au 20 janvier 2025

Adresse

Bourse de Commerce – Pinault Collection
2 rue de Viarmes
75001 Paris

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