Christophe Vachaudez
06 August 2025
Avec Fêtes et célébrations flamandes, les deux commissaires, Sabine von Sprang, conservatrice au musée des Beaux-Arts de Bruxelles, et Blaise Ducos, conservateur au musée du Louvre, ont réuni un ensemble d’œuvres prestigieuses illustrant, en quatre chapitres, ces moments solennels et divertissants de notre histoire immortalisés par les plus grands maîtres du temps. Des prêts d’exception consentis par le Prado (Madrid), le Mauritshuis (La Haye), le Rijksmuseum (Amsterdam), le Kunsthistorisches Museum (Vienne) et de nombreuses institutions belges et françaises, permettent ainsi d’aborder la fête comme un exutoire à une époque (1550-1650) où l’Europe vit dans une guerre perpétuelle. Ces réjouissances apparaissent comme des accalmies bienvenues, un emplâtre éphémère qui, parfois, cohabite dans un même tableau avec des scènes d’attaque ou de pillage, une dissonance voulue afin de suggérer la paix tant souhaitée.
Pieter II Brueghel, Kermesse avec théâtre et procession, huile sur toile, 111x162 cm. © Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles / photo : J. Geleyns / Ro scan
Apshoven Thomas van, Fête de village avec joueur de cornemuse sur un tonneau, huile sur toile, 137x209 cm. © RMN-GP – cliché Hervé Lewandowski
La deuxième section s’attarde sur les cérémonies urbaines, à caractère civil ou religieux. Ainsi, les fameuses “Joyeuses Entrées” glorifiaient l’autorité royale ou princière grâce à d’impressionnants arcs de triomphe et à la tenue de représentations théâtrales, le tout baignant dans une liesse populaire qui, souvent, n’était pas feinte. Les défilés de l’Ommegang et le concours de tir aux oiseaux complètent joliment l’ensemble au fil de gravures, dessins, peintures et objets divers. Il était impensable d’oublier ces kermesses flamandes, réappropriation par les autorités locales des saturnales paysannes, qui constituèrent le fonds de commerce de quelques artistes du temps, comme Pieter Brueghel l’Ancien ou David Teniers le Jeune. Parfois, les puissants se mêlent aux villageois, une façon de montrer la prétendue proximité d’un gouvernement éclairé et d’une population heureuse de s’amuser.
Gillis van Tilborgh, Fête villageoise, huile sur toile, 117,5 x 178,5 cm © Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles / photo : J. Geleyns - Art Photography
Antoon Sallaert, L'infante Isabelle abattant l'oiseau au tir du Grand Serment, le 15 mai 1615 au Sablon à Bruxelles, huile sur toile, 180 x 340 cm. © MRBAB
Nous quittons bientôt l’extérieur pour nous immiscer dans l’intimité des palais où les fêtes courtoises ponctuent le calendrier princier. Cette dernière partie met à l’honneur l’Épiphanie à travers un banquet parodique célèbre entre tous, une version du Roi boit de Jacob Jordaens impressionnante par ses dimensions. Lille nous convie à un parcours jubilatoire servi par les grands maîtres de la peinture flamande !
Photo de couverture : Jacob Jordaens, Le Roi boit, 1640, huile sur toile, 156x210cm. © MRBAB, Photo : J. Geleyns, Art Photography
Exposition
Fêtes & célébrations flamandes : Brueghel, Rubens, Jordaens…
Dates
Du 26 avril au 1er septembre 2025
Adresse
PBA Lille
Site
Publicité
Publicité