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Rédaction

04 October 2019

Se perdre dans les allées labyrinthiques d'une foire d'art contemporain oblige parfois à prendre de la hauteur. Nul besoin de lever systématiquement la tête, pour ce faire. Il suffit en l'occurrence de plonger son regard dans quelques compositions célestes. Peut-être ressentirez-vous alors le poids qu'exerce la mythologie sur cette Frieze 2019. Maîtres du cosmos, les dieux grecs n'ont-ils pas contribué au tracé de certaines constellations ? Des pièces telles que Total Eclipse -10:45 pm de Lois Dodd (Modern Art), d'une sobriété envoûtante, ou Night Sky: Saturn South. 12 d'Angela Bulloch (Esther Schipper), amalgame hypnotique de LED, feutre et aluminium, invitent à appréhender, au-delà des étoiles, les stars du parcours.

Le voyage dans l'Antiquité se poursuit au contact de sculptures ou de représentations de sculptures dignes d'un département archéologique de musée. Que la Laura II de Jaume Plensa (Galerie Lelong & Co.) s'estime heureuse ! Lui manque seulement le haut du crâne ! Au Louvre, c'est toute sa tête qu'a perdu La Victoire de Samothrace ! De l'artiste californienne Kathryn Andrews, la König Galerie a retenu Wheel of Foot in Mouth No. 5, panneau circulaire qui évoque la roue de la fortune. Y figurent deux têtes antiques, deux jeux de dés, un message sur la confiance en soi. Attention à ne pas en abuser. Se croire maître de son destin, c'est risquer de s'attirer les foudres des olympiens.

À commencer par Dionysos vu par Jeff Koons chez David Zwirner. Ce plâtre trône à l'entrée-même de la foire. Almine Rech présente plus loin la Vénus de Marcus Jahmal (2019) – rien à voir avec les pinups laiteuses de Botticelli ou Bouguereau ! – et Michael Werner, un Poséidon tout cabossé signé Markus Lüpertz (2017). Si certaines toiles ne portent pas le nom d'une divinité, elles ne s'en inspirent pas moins. Les flammes saisies par l'objectif de José Bento, l'un des favoris de la galerie brésilienne A Gentil Carioca, évoquent d'autant plus l'Hadès que repose à leur pied un chien qui, s'il avait eu trois têtes, aurait pu incarner Cerbère, le gardien des Enfers. Libre à tout helléniste de voir alors dans l'installation de Ricky Swallow (Modern Art), Standing Form with Arches #2 (for T.N), l'arc bandé d'Artémis, alias Diane la chasseresse.

 Frieze
 L'oeuvre Nausicaä de Ron Gorchov. 

Place aux créatures et héros de la mythologie grecque. Autre pépite de Modern Art : un fond immaculé marqué de deux taches jaune et bleue que Ron Gorchov a baptisé Nausicaä (2016), héroïne homérique qui recueille Ulysse dans L'Odyssée. Heureux qui, comme ce dernier, a fait un beau voyage jusqu'à la galerie Sprüthe Magers, où un triptyque photo de Cindy Sherman rappelle au bon souvenir du cyclope de ladite épopée, celui-là même à qui le roi d'Ithaque fit croire, après lui avoir crevé l'œil, qu'il s'appelait Personne. D'ailleurs, l'œuvre en question n'a pas de titre.

Trois grâces à tête de cheval se dressent au milieu du stand Perrotin. Cet ensemble de sculptures imaginé par Klara Kristalova ressemble, quand on y pense, à des centaures inversés. Chez Max Hetzler, la technique de l'aquarelle confère à la Méduse de Giulia Andreani une sensualité étonnante, étant donné la cruauté légendaire de cette gorgone à la chevelure reptilienne. Et comment ne pas penser à Narcisse, bellâtre mort de faim à force de contempler son reflet dans l'eau, face au bassin végétalisé d'Urs Firscher, ou bien face au portrait féminin Self-Reflection d'Eric Fischl (Sprüth Magers) ? Un appel à l'introspection ? Certainement, quoique avec modération. Il ne s'agirait pas de manquer un repas, nest-ce pas ?*


* : Encore moins une exposition. Surtout si vous bénéficiez de l'offre 2FOR1 d'Eurostar, qui vous ouvre les portes des plus belles institutions culturelles de la ville. L'occasion de prolonger cette balade mythologique.

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