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Rédaction

28 March 2017

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Dans un style pictural des plus illusionnistes, les tableaux et nombreux portraits "minéraux" d'Antoni Pitxot ont l'art d'intriguer le visiteur. S'agit-il de peintures ou de photographies ? Le personnage a-t-il vraiment cette peau rugueuse, clairsemée de ce fin lichen couleur ocre ou cuivre ? On s'approche, et oui, il s'agit bien de peinture, çà et là plus en relief, comme si justement le pigment se décollait de la toile et respirait pour prendre du volume.

On pense d'emblée au confrère Salvador Dalí face aux toiles de Pitxot. Les liens quasi fraternels qu'entretiendront les artistes et leurs familles expliquent forcément ce parallèle. L'ombre de Giorgio De Chirico, avec ses associations d'objets et ses paysages métaphysiques, n'est jamais loin non plus quand on évoque ces compositions surréalistes conjuguant atmosphère intrigante et inquiétante étrangeté. Mais il y aussi le souvenir d'Arcimboldo qui plane au-dessus de ces portraits composés de minéraux. Aux fruits, légumes et végétaux qu'agençait l'Italien de la Renaissance, le peintre espagnol a substitué les pierres sèches de sa Catalogne natale.

 
 Pedro Madueno, Dans l'atelier d'Antonio Pitxot, 2014 © Droits réservés


Visitant l'atelier de l'artiste en 2014, le photographe Pedro Madueno révèle aujourd'hui le processus de création de Pitxot. Et l'on est stupéfait de découvrir que sur d'imposants sommiers de fils de fer, le peintre projette avec de vraies pierres ramassées ses portraits, nus féminins et grottes mystiques grandeur nature. Des compositions qu'il reproduit ensuite sur ses toiles à échelle plus réduite. Et les tableaux, au-delà de leur "hyperréalisme" de facture, adoptent à leur tour un aspect minéral, Pitxot n'hésitant pas à saupoudrer de poudre de mica ses pigments encore humides. Rugosité et brillance s'associent pour un effet fascinant.

Né en 1934, Antoni Pichot i Soler (on écrira Pitxot en catalan) grandit à Cadaquès dans la même ville que Dalí. Ce serait d'ailleurs le père d'Antoni qui aurait incité le jeune Salvador à se lancer dans la peinture. Les deux artistes, qui se rencontrent réellement au début des années 1950, nourriront des décennies durant une complicité que leurs œuvres aujourd'hui rendent évidente. Redécouvert par Jean-Pierre De Rycke, conservateur du musée tournaisien, Pitxot est hélas décédé en 2015 pendant la conception de cette exposition. L'expo de Tournai sonne comme un chant du cygne éblouissant.

 
 Antoni Pitxot, Allégorie de la Mémoire, 1979

Lisez aussi le compte-rendu de l'exposition "Dalí-Pitxot. Une amitié au sein du surréalisme" dans notre agenda de l'art contemporain, en page 54 de l'édition de mars de L'Eventail, disponible en librairie et sur tablette ici.

"Dalí-Pitxot. Une amitié au sein du surréalisme"
Du 14 janvier au 16 avril
Musée des Beaux-Arts de Tournai
www.tournai.bewww.visittournai.be

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