Agnès Zamboni
11 July 2025
“Lorsque j’ai ouvert mon premier bureau, il y a vingt ans, dans le vieux Zoute, à côté de l’église Dominicaine, il n’y avait pas de magasin de déco”, se souvient Nathalie Deboel qui témoigne d’une réelle évolution. “Les maisons de famille étaient aménagées à la bonne franquette. Aujourd’hui, beaucoup de grandes villas sont démolies, car elles ne sont plus adaptées aux nouvelles réglementations thermiques. Nombre d’entre elles sont revendues et divisées en appartements. Au fil des générations, les constructions sont devenues plus petites. Mes premiers espaces, habillés de béton ciré et donnant sur la digue, étaient aménagés de l’extérieur vers l’intérieur, avec des couleurs inspirées par les éléments naturels, le sable, la mer, les nuages.”
Aujourd’hui, Knokke n’est plus seulement une station balnéaire de villégiature : les résidents pensionnés souhaitent y vivre toute l’année, tandis que pour les actifs le télétravail permet d’y vivre à temps plein. “Les clients souhaitent conserver le charme romantique des villas, avec des propositions sur mesure, personnalisées et originales. Chacun souhaite veut une maison différente de celles des autres. Je travaille avec un œil pur et intemporel, en adaptant l’ancien au confort actuel et en valorisant des métiers en voie de disparition. Ma collection de meubles Nomad est fabriquée par des artisans. Pour chaque projet, je recherche des meubles spécifiques pour créer une atmosphère particulière.”
Dans la résidence VH, une table de repas en marqueterie d’os teinté, réalisée sur mesure par Charlotte Vercruysse, surplombée d’une suspension lumineuse signée Jules Wabbes. © Depasquale + Maffin
Palissandre de Rio et marbre de Carrare confèrent à la cuisine une allure à la fois précieuse et intemporelle. © Depasquale + Maffin
Charlotte Vercruysse, spécialisée dans le résidentiel, la décoration et l’art contemporain, travaille depuis quinze ans dans ces trois domaines, tout en s’inspirant du secteur de l’hospitalité. Lors de ses expériences professionnelles au Japon, à New York et à Singapour, elle a découvert la diversité des cultures et des philosophies. En Asie, où les proportions sont différentes et la pensée imprégnée d’une conception de la beauté à nulle autre pareille, elle a pu approfondir sa compréhension de l’esthétique et de la créativité. Désormais, un tiers de ses projets sont situés à Knokke. “Ici, l’approche est différente. La plupart des demandes se conforment à l’esprit des vacances, à la détente et la convivialité pour recevoir les amis et la famille. Je m’intéresse d’abord à l’espace afin d’optimiser la circulation et de veiller à ce que l’intérieur reflète le mode de vie des occupants. En ce qui concerne les matériaux, je les choisis nobles, avec une palette riche. Pour les murs du bureau de la résidence VH, les clients ont sélectionné un bleu encre intense. Quant à la table de repas de cette maison, c’est une pièce unique, une véritable œuvre d’art réalisée en marqueterie d’os teinté de nuances raffinées.”
Salon télé avec canapés Pixel, création Sergio Bicego chez Saba, et fauteuil Pacha, création Pierre Paulin chez Gubi, réalisation Quality Properties. © Annelies Degroote
Ambiance zen et japonisante avec le lit de jour Nomad d’Emmanuelle Simon, réalisation Nathalie Deboel. © Cafeine
Pièce meublée avec un canapé Edra, fauteuil modèle Torii de Nendo chez Minotti, table basse Van Rossum, réalisation Quality Properties. © Alice Mesguich
Charlotte Vercruysse privilégie les belles pièces de design. Dans la cuisine de la résidence R, elle a choisi des coussins en cuir jaune citron pour les chaises de bar en fil de fer d’Harry Bertoia. Cette teinte vive dialogue avec la profondeur du bois d’eucalyptus fumé. Côté salle à manger, la table YAB de Yabu Pushelberg pour Collection Particulière occupe le devant de la scène, accompagnée de l’élégant fauteuil Luisa de Franco Albini et d’un plafonnier de Serge Mouille. Un buffet de George Nakashima, déniché via Morentz, complète l’espace dans un esprit de raffinement. Dans le salon, le fauteuil Costela de Martin Eisler et les tables basses de Pierre Chapo accompagnent un canapé de Pierre Augustin Rose, aux courbes houssées de tissu signé Pierre Frey. Dans la chambre d’enfant, on remarque le module Night cabinet de la série Euroika de Friso Kramer et une applique lumineuse à contrepoids, modèle Anvia de Jim Hogervoorst. L’ensemble compose une alchimie de créations modernes.
Aurélie Penneman préconise la touche milanaise et évite la teinte blanche qu’elle trouve trop fade. Elle imagine des espaces équilibrés, où la couleur est présente, préconisant des meubles et objets des années 1950-1960, des matériaux comme le laiton, le marbre, le stuc ou encore l’acier inoxydable. “Je ne fais jamais deux fois la même chose. J’aime mixer les pièces historiques et vintage avec des rééditions.” Dans un immeuble des années 1980, l’architecte d’intérieur a choisi un carrelage identique mais dans des coloris variés : rouge pour la cuisine, bleu dans une des salles de bains, blanc dans l’autre. Elle a rénové la maison Westhinder de Henry Van de Velde. “À l’intérieur, il ne restait rien à part la cheminée. La composition circulaire de galets, au pied de l’escalier original datant des années 1970, a été restaurée. On a installé une cuisine Cubex dont les lignes arrondies font écho à la forme extérieure de style paquebot du bâtiment. Les poignées, les vis apparentes et les bordures en acier inoxydable ont été spécialement redessinées pour ce modèle.”
Cuisine et espace repas habillés de noyer, table en acacia australien et marbre italien, réalisation Sébastien Caporusso. © Sébastien Caporusso
Dans la cuisine, le coin repas de la maison Westhinder construite par Henry Van de Velde en 1931, est meublé avec la table et les chaises Tulip d’Eero Saarinen et une suspension de Louis Poulsen, réalisation Aurélie Penneman. © Alice Mesguich
Sébastien Caporusso vient de terminer un espace repas ouvert sur l’extérieur pour lequel, il a conçu une table en acacia australien au plateau animé par un insert en marbre italien. Son piètement dessine un tronc d’arbre et s’inspire du design brésilien. Autour de cette pièce sculpturale, une banquette aux formes organiques en noyer fait écho aux façades des rangements animées de lattes en bois massif. Les coussins recouverts de lin ficelle font écho au plan de travail et à la crédence en travertin gris. Un luminaire vintage en placage de bois, années 1960, dans l’esprit des créations d’Arne Jacobsen, surplombe la table. “Je fais un pas de côté avec des pièces fonctionnelles, d’esprit décalé, qui peuvent évoluer et changer de place. Mais il y a toujours un fil rouge, comme dans cet appartement où j’ai choisi un jeu de lignes verticales pour structurer l’espace. La décoration intérieure fait aussi écho à l’immeuble construit dans les années 1970.”
Chez Quality Properties, les réalisations de Stefanie Bécu et Eline Lecluyse, se basent sur une palette de tons neutres et la couleur intervient dans des détails, notamment le choix des accessoires – coussins, bougeoirs, luminaires et meubles d’appoint. Les formes organiques et arrondies remplacent les lignes droites et strictes, et les enduits teintés en Mortex® ont toujours la cote !
Photo de couverture : Dans la résidence VH, une table de repas en marqueterie d’os teinté, réalisée sur mesure par Charlotte Vercruysse, surplombée d’une suspension lumineuse signée Jules Wabbes.© Depasquale + Maffin
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